Je sais les soirs d'ivresse où l'on perd la mémoire,Les soirs qui dans un trou rejoignent les matins,Tandis qu'à des appels de plus en plus lointainsOn répond, vague, avec l'air de lire un grimoire, Quand on se sent muré comme au fond d'une armoire,Tandis que le cerveau, tous ses flambeaux éteints,Dérive dans la nuit sur les flots incertainsD'un lac où se déroule à l'infini la moire Lac de l'inconscience, abîme noir sans fond,Où l'on coule, où sans bruit on descend, on se fond,Noyé qui peu à peu disparaît, plus livide, Jusqu'à l'heure où l'oeil mort, et le rictus béant,On s'éveille, effaré d'avoir palpé le videEt d'avoir mis sa bouche aux lèvres du néant.jean richepin...
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