Je suis heureux, merde ! Je suis sans doute un des gars les plus heureux que je connaisse, il faut arrêter avec ça ! J'adore ma vie, j'adore mon job, j'adore bosser dans une grosse structure internationale et multilingue, j'adore le fait de sauter de Bruxelles à Paris, de la ville la plus cosmopolite d'Europe à la plus belle ville du monde, de jouer la musique que j'aime à Lille, d'aller passer mes week-ends en Normandie ou en Alsace, mes vacances dans des cultures complètement étrangères, de partir voir des festivals à des centaines de kilomètres sur un coup de tête, de découvrir des trucs, de lire, d'avoir des copains partout en France, de pouvoir m'acheter les disques ou les instruments qui me font envie, d'avoir assez d'argent pour n'avoir pas à m'en préoccuper, et surtout je suis amoureux d'une fille absolument épatante, jolie, intelligente, intéressante, curieuse, dont personne ne peut nier que c'est une fille exceptionnelle, et cette fille est amoureuse de moi. Pourquoi est-ce que je voudrais changer quelque chose ? Si je pouvais changer quoi que ce soit à ma vie, je ne changerais que mon salaire, histoire de pouvoir prendre un peu plus de jours sans solde ou de trains, mais certainement rien d'autre ! Elle est bien ma vie, elle me plaît ma vie, et je passe mon temps à être sur le cul d'avoir la chance d'avoir la vie qui est la mienne. Et la dernière chose dont j'ai envie pour le moment, c'est de me poser, de vivre dans un rayon de trente kilomètres, de fonder une famille et de ne plus bouger, plus tard, peut-être, quand nous serons fatigués (et encore : mon histoire ne m'a pas donné forcément une image très reluisante du concept de famille), mais pour le moment, je suis encore jeune et j'ai encore envie de m'amuser. Et je laisse à tous ceux qui ne se sont pas vus mourir l'idée qu'une vraie vie, c'est une maison, une télé pour regarder TF1, un lave-vaisselle, un mariage et des enfants, moi je passe. J'ai envie de vivre en vrai, pas en suivant des modèles qui ne sont pas les miens (ni ceux de Julie d'ailleurs.) Alors qu'on laisse ma vie, elle est heureuse, ma vie, comme je n'aurais jamais cru qu'elle puisse être !

Ça fait des années que certains sont persuadés de savoir mieux que moi ce dont j'ai besoin et ont du mal à comprendre que la morale, les aspirations et les conventions de la masse, merci, pas pour moi. Je ne juge personne, j'aimerais bien que la réciproque soit vraie. Personne ne peut juger de la réussite de ma vie, que moi.