Métaphore

Il fait froid dehors

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Gestalt

Malgré mon coté nerd, je ne veux pas tomber dans les clichés. Un jour, pourtant, sans le faire exprès, je suis devenu fan de Star Trek (je regardais les soirées VO de Canal Jimmy et ça passait après Friends). Il y a quelques épisodes de Deep Space 9, ma série favorite de cet univers-là, qui parlent d’un groupe de personnes qui ont subi une manipulation génétique pour augmenter leurs capacités intellectuelles, laquelle ne s’est pas déroulée comme prévu. Résultat : des gens trop fantasques/névrosés/intelligents pour vivre en société.

Deserted

Dans l’un des épisodes où ils apparaissent, on leur fait analyser la vidéo d’une négociation de traité de paix. Réaction immédiate de leur part : ils veulent récupérer le système Machin. Étonnement de leur entourage : comment vous savez ça ? Ça n’a rien d’un zone stratégique et il n’en a pas été question une seule seconde. Réponse des cinglés : parce qu’ils évitent de regarder la carte à cet endroit-là.

Je n’ai pas été génétiquement modifié, et si je suis peut-être un peu particulier, quelques ajustements et une bonne connaissance de mon mode de fonctionnement me permettent d’arriver cependant plutôt correctement à vivre en société. Par contre, cette capacité à lire dans les blancs, ça me parle pas mal.

Distiller l’ennui

Road to nothing but a tombstone

Lorsqu’on souffre du syndrome d’Asperger, un des -si ce n’est le- domaines le plus atteints, c’est tout ce qui touche aux relations sociales : difficulté à les initier, difficulté à les maintenir. Malheureusement, contrairement à ce que certains imaginent, ce n’est pas par haine des autres. Au contraire : malgré le besoin de passer du temps seul pour recharger les batteries, comme tout être humain, l’absence de contact avec les autres nous dessèche. Personnellement, j’aime les gens, mais je suis incapable d’aller vers eux. Il n’existe à peu près qu’une seule façon pour moi de rencontrer quelqu’un : il faut que ça vienne de l’autre, que l’autre voit quelque-chose qui l’intéresse à travers de ce mur que je construis moi-même et que ce soit lui qui fasse un effort pour venir vers moi.

La lenteur, le dictionnaire et les échecs.

gardien de Death Valley

En y réfléchissant bien, je crois qu’on peur ramener beaucoup de choses à un problème de lenteur de gestion des entrée et sorties (je cause geek si je veux). La situation qui ne m’est pas familière me panique parce que sans mon petit dictionnaire, je ne suis pas perdu, non, je ne suis simplement pas sûr de savoir réagir assez vite.

Mon petit dictionnaire, c’est une liste de “comment réagir à telle situation”, ou de “quand cette personne en particulier bouge ce muscle de la joue comme ça, ça veut dire qu’il ressent ça”. Quand je me retrouve en face de quelque-chose qui n’est pas dans le dictionnaire que je me suis confectionné, la machine se grippe.

Difficulté d'exprimer mon point de vue

Long is the road

J’aimerais bien commencer à parler de comment ça se passe dans ma tête, parce que vous êtes peut-être curieux de ça, vous vous demandez peut-être en quoi consiste la différence. J’ai bien peur que ça soit la partie la plus difficile.

C’est très difficile pour plusieurs raisons. Par exemple, parce que si je voulais vous décrire ce qu’il y a de différent entre le mode fonctionnement d’un autiste Asperger et d’un neurotypique, il faudrait que j’ai une idée claire de comment fonctionne un cerveau de neurotypique, et je n’ai pas. Il parait que les autistes ont des déficiences en “théorie de l’esprit”, ce qui permet de comprendre ce qui se passe dans la tête des autres. C’est un concept avec lequel je me bats encore pour le moment.

"... but it's a gift."

Temps désertique à nuageux en fin d'après-midi

Asperger, donc ; Trouble du Spectre Autistique. C’est de l’autisme, donc oui, bien sûr, c’est un handicap. En tant que tel, ça peut parfois être très lourd à porter, pour celui ou celle qui en est atteint comme pour les proches. Mais ne voir que les côtés négatifs, si vous me pardonnez l’expression, ça casse un peu les couilles.

C'est quoi ce truc, dans ma tête ?

Long is the road

Bon, sinon, le syndrome d’Asperger, c’est quoi ? De manière amusante, pour beaucoup de gens atteints, ce n’est pas un handicap, c’est une différence, mais un différence handicapante.

En termes de ressenti général, quand on est concerné, c’est un problème de compréhension du monde. J’allais dire qu’on ne se sent pas étranger, mais en réalité si, c’est exactement ça : on a l’impression d’être dans un pays étranger en permanence. Un pays sur lequel on s’est beaucoup documenté, qu’on finit par connaître bien, mais dont la langue et la culture ne sont pas les nôtres, où on se sent toujours à deux doigts de l’incident diplomatique qu’on déclencherait parce qu’on a mal interprété une parole ou parce qu’on a raté une référence culturelle implicite. Il n’est pas étonnant qu’une compréhension immédiate se soit instaurée lorsqu’est entrée dans ma vie quelqu’un qui était déracinée et se retrouvait naviguer dans une culture et une langue qui n’était pas la sienne : nos expériences étaient similaires sur ce plan.

Earthly heaven

My own little corner of earthly heaven

All the pieces fall into place
When we walk these fields
And I reach out to touch your face
This earthly heaven is enough for me

David Gilmour

Je l’ai dit : le spectre autistique, c’est (roulements de tambour) un spectre. Du coup, les contours sont flous et le diagnostic est moins facile que pour, mettons, une grossesse au huitième mois. Pour y arriver, il faut s’entourer des bons interlocuteurs, ce qui n’est pas évident pour plusieurs raisons.

Doublement exceptionnel

Who's there?

Je vous demande un peu de mansuétude, parce que je vais dire des gros mots. Non, pas des gros mots, disons un seul, et même pas tellement un gros mot d’ailleurs, simplement il est très connoté et devrait amener dans votre esprit tout un tas d’images. Fausses.

Coming-out

Chain of Rocks

Je m’appelle Xavier et je suis autiste.

Ça paraît étonnant, comme ça, quand on me connaît. D’ailleurs, plus on me connaît, plus ça paraît étonnant. À vrai dire, je ne vous en voudrais pas d’avoir du mal à le croire : vous ne seriez pas les premiers, même parmi les bien informés ; pour vous dire, j’ai eu moi-même du mal à l’admettre. Aujourd’hui, ça va. J’ai un mot du docteur. Des docteurs. D’un certain nombre de docteurs.