Métaphore

Il fait froid dehors

Gestalt

Malgré mon coté nerd, je ne veux pas tomber dans les clichés. Un jour, pourtant, sans le faire exprès, je suis devenu fan de Star Trek (je regardais les soirées VO de Canal Jimmy et ça passait après Friends). Il y a quelques épisodes de Deep Space 9, ma série favorite de cet univers-là, qui parlent d’un groupe de personnes qui ont subi une manipulation génétique pour augmenter leurs capacités intellectuelles, laquelle ne s’est pas déroulée comme prévu. Résultat : des gens trop fantasques/névrosés/intelligents pour vivre en société.

Deserted

Dans l’un des épisodes où ils apparaissent, on leur fait analyser la vidéo d’une négociation de traité de paix. Réaction immédiate de leur part : ils veulent récupérer le système Machin. Étonnement de leur entourage : comment vous savez ça ? Ça n’a rien d’un zone stratégique et il n’en a pas été question une seule seconde. Réponse des cinglés : parce qu’ils évitent de regarder la carte à cet endroit-là.

Je n’ai pas été génétiquement modifié, et si je suis peut-être un peu particulier, quelques ajustements et une bonne connaissance de mon mode de fonctionnement me permettent d’arriver cependant plutôt correctement à vivre en société. Par contre, cette capacité à lire dans les blancs, ça me parle pas mal.

C’est relativement étonnant, d’ailleurs, vu que par ailleurs je suis assez désespérant en termes de lecture des implicites et des sous-entendus. Mais Mettez-moi en face d’une de mes monomanies, et je vais tellement tenter de reconstituer le puzzle en un ensemble cohérent que les pièces manquantes vont finir par m’apparaitre clairement, simplement parce que les autres pièces s’emboitent d’une façon qui ne laisse guère de doutes quant à la forme de celles qui me sont soustraites.

C’est même pire que ça : donnez-moi toutes les pièces, je vais faire le puzzle rapidement et je pourrai ensuite le ranger dans un coin. Donnez-moi un puzzle avec des pièces manquantes et je vais devenir obsessionnel jusqu’au moment où j’arriverai à reconstituer celles qui manquent.

Avec cette façon que j’ai d’analyser ce que je ressens et de ressentir ce que j’analyse, ce n’est jamais aussi présent que dans mes relations amoureuses, ou, bien évidemment, de manière bien pire dans mes ruptures. Je me souviens d’un où des années après une rupture dont je n’avais pas compris le mécanisme, j’avais eu l’illumination d’un possible micro-évènement qui s’il avait existé aurait mené à une cascade de réactions en chaine de plus en plus grosses jusqu’à la rupture des années plus tard. Le micro-évènement en question m’a été confirmé par l’intéressée par la suite, laquelle avait été fort étonnée de la précision de ma question.

Et c’est toujours dans ce domaine des ruptures que c’est le plus flagrant pour moi. J’ai une tendance à couper le plus de ponts possible avec les filles dont je suis encore très amoureux (pour mon bien et le leur, je peux facilement devenir un sale con), mais il m’est arrivé de reconstituer des informations que j’aurais voulu éviter juste par les trous dans les histoires personnelles de l’un ou l’autre connaissance commune : Tiens ? il y a un trou dans la narration ici, comme si on avait fait sauter un paragraphe. Quelle pourrait en être la raison ? La présence (probable) de mon ex ? Mais je sais qu’elles se voient encore et elle m’en parle sur d’autres sujets. Ça peut être alors qu’il s’agit d’un épisode qui je pourrait recevoir de manière négative. Quels sont les différentes hypothèses qui pourrait correspondre ?

Un hypothèse n’est pas un fait, bien entendu. Mais c’est comme les jeux de logique déguisés en enquêtes policières des magazines de jeu : si cette hypothèse-là est vraie, celle-ci ne peut pas l’être… Par contre, ces deux-là sont compatibles. Etc. Jusqu’au moment où un groupe d’hypothèses s’appuient les unes sur les autres de manière évidente.

Bon, ça vient de m’arriver. J’étais depuis des mois en face d’incertitudes et de questionnements, en train de me battre avec les hypothèses (dans la vie de tous les jours, ça s’appelle se faire des films) dont certaines m’étaient particulièrement désagréables. Je tentais de repousser ces dernières, malgré le système cohérent qu’elles formaient, sachant ma propension à toujours imaginer le pire.

Aux dernières nouvelles, il semblerait que tout ce que j’avais imaginé est absolument correct.

Je suis fatigué de ce cerveau défectueux.

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Commentaires

1. Par "pseudo", le 24/05/2015 à 16:46

Hello, ce récit fait particulièrement écho à ce que je ressens là tout de suite (et je pense être Asperger aussi), j'aimerais partager ça avec toi mais je n'ai pas envie d'étaler ma vie ici, surtout que j'ai pour habitude d'écrire des gros pavés ^^ . Si ça te dit, envoie-moi un mail...

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