Équilibre

Dans un commentaire récent, Al'han me disait :

Mais putain, les gens comme toi, je me permets de faire une généralité, ils sont plein de ressources. Et je comprends pas que la Fille-qui-part puisse engendrer toute cette crasse dans les yeux et dans la tête. Parce que, OK, c'est déséquilibrant, et que t'es tombé.

Il ne faut pas chercher à comprendre plus loin que ça : il s'agit effectivement d'une perte d'équilibre. L'équilibre, quand tu as traversé un certain nombre de choses qui t'en ont fait baver[1], c'est quelque chose de très délicat à atteindre. J'ai bien senti petit à petit dans ma vie que des grandes histoires et des petits détails m'avaient permis, au fur et à mesure que je les intégrais, de l'atteindre, ce fameux équilibre.

Ça n'a pas été facile, il y a eu des périodes où je ne pensais pas possible d'y arriver. Mais à force de gagner en stabilité sur plusieurs pans de ma vie, c'est tout l'édifice qui est devenu plus stable. Être aimé par une fille que j'avais en très haute estime n'était qu'un des aspects de cet équilibre là. Les amitiés que j'ai avec des blessés de la vie ouverts aux autres est un autre point très important. Et puis il y avait le plaisir immense que me donnait la musique, où non seulement je pouvais exprimer beaucoup de choses du fond de moi qui sont assez rétives au coming-out verbal, mais dont le résultat me rendait fier. Mon boulot même, moi qui ai tant entendu pendant des années que je ne ferais rien dans la vie est en ce moment encore une des plate formes de stabilité les plus solides de ma vie. Avoir trouvé l'amour tout en gardant mon indépendance a beaucoup joué aussi.

Mais tout ça, ça n'a pas été facile à faire tenir debout, tout est arrivé morceau par morceau, certains plus lourds que d'autres, certains plus fragiles, et ça tient un peu du jeu de badaboum : Qu'est-ce que je vais bien encore pouvoir rajouter sans que tout se casse la gueule en même temps ? Et puis un jour, tu réussis à placer la clef d'ogive : Toutes les pièces, les grandes, les petites, les lourdes, les légères, les fragiles et les solides, toutes d'un seul coup finissent par s'emboîter et là, enfin, tu as l'équilibre, tu te sens bien, tu es beau, et le monde va apprendre à connaître ton nom ! C'est beau comme de la magie.

Et ce qui m'arrive en ce moment, Al'han, c'est n'est pas la Fille-qui-part, c'est que plusieurs des pièces du jeu de badaboum se sont cassé la gueule ces derniers mois, que l'édifice commençait à être un peu branlant, mais tenait encore le coup grâce à quelques pièces importantes judicieusement placées. Un jour, il y a eu, effectivement, la Fille-qui-part, mais tout ne s'est pas non plus écroulé à cet instant là, c'est juste que c'était une pièce super importante dans ce qu'il restait du montage, et qu'en partant, elle a bousculé un certain nombre d'autres petites pièces, qui en tombant en ont entraîné d'autres et ... Badaboum !

Effectivement, c'est déséquilibrant, et je suis tombé. A moi maintenant de me remettre à chercher d'autres pièces pour essayer de reconstruire un abri solide. Je ne doute pas d'y arriver un jour, c'est juste que ça risque de prendre du temps avant que de nouveau tout s'emboîte et que l'équilibre revienne.

Mais ça va arriver, un jour. Parce que je suis tombé, mais je ne suis pas cassé. Je ne suis, c'est maintes fois observé, pas très doué en équilibre, mais il y a une chose qui ne fait pas de doute :

Je suis solide.

Notes

[1] Ce n'est pas quantifiable, ce certain nombre, ni le degré de bave. C'est uniquement du ressenti intime, et je ne prétends pas faire partie des grands malheureux. Pour être franc, je me trouve même assez petit joueur en face de certains de mes amis et connaissances (j'y reviendrai un jour.)

Commentaires

1. Le jeudi 8 mai 2008, 23:39 par Nab

Juste envie de laisser un petit mot pour te souhaiter bon courage dans ces moments-là... j'apprècie ce que je lis de toi et j'aurais aimé pouvoir faire plus...

Page top