Métaphore

Il fait froid dehors

Qu'est-ce que je tribulle !

Une petite tranche de vie ? Allez, c'est parti !

La semaine avait commencé en décidant d'être fatiguante : Le vendredi soir, restau belge en famille : depuis six mois maintenant, ma tante et moi essayions de coordonner nos emplois du temps pour ça. Ça n'a pas été simple. Le samedi, histoire de me mettre de bonne humeur, j'avais commencé la journée en regardant Nuit Noire, qui retranscrit la ratonnade policière d'octobre 1961. Il y avait longtemps que je n'avais plus eut autant honte d'être français, tiens. Le soir, nous avons donné un concert et le lendemain j'avais un peu trop engraissé la matinée : levé en début d'après midi après une dizaine d'heures de sommeil, je n'avais réussi à me rendormir que deux heures avant de me lever pour faire les deux heures de route qui me séparaient du boulot. Comme en plus nous sommes dans cette période de l'année où les chefs se décident d'un coup à faire tous les changements que nous demandons depuis des mois et nous considèrent comme des moins que rien parce que le système ne tient debout que par miracle (tu m'étonnes, il y a des migrations à faire que nous réclamons depuis des mois !) ça n'est pas forcément la meilleure semaine, ça non. D'ailleurs, en arrivant le mardi matin, alors qu'il m'avait fallu quinze minutes pour franchir les derniers huit cents mètres, je me suis fait engueuler parce que j'avais un quart d'heure de retard. Bon... De mardi matin à vendredi matin, j'ai du décocher trois mots. Bonjour l'ambiance.

Cette semaine (je parle toujours de la semaine dernière, hein ? Vous suivez ?) c'est aussi celle où je me décide enfin à passer à la vitesse supérieure dans ma recherche d'appartement, parce que oui, je voudrais déménager. J'ai un bail qui se termine dans deux mois et mon propriétaire me fatigue : comme je lui signalais un certain nombre de problème dans l'appartement qui attendent une action (parfois urgente, ne serait-ce qu'au niveau de la sécurité) depuis des mois, il réfléchit bien et finit par m'envoyer courrier me proposant de refaire mon appart à neuf (Cool ! et d'augmenter ensuite mon loyer de 100€ (Hein ?!?) Donc voilà, je me casse. Mais c'est vraiment pas facile de faire des démarches quand :

  1. On ne peut appeler qu'un numéro sur deux : la moitié des numéros sont des portables. Mon central les bloque...
  2. Personne ne réponds jamais : répondeurs, répondeurs, répondeurs inanimés, avez vous donc une âme ? Ou alors simplement un propriétaire qui prendrait les messages ?
  3. Personne ne rappelle jamais : un répondeur, dans la vraie vie, ça ne marche pas. Laissez vos coordonnées qu'ils disent... Des nèfles, oui !
  4. On est handicapé au téléphone : même appeler un proche me donne - au sens propre - des sueurs froides, alors imaginez, appeler des tas d'étrangers. Et je ne parle même pas de la sensation de terrasser un géant quand on réussit à composer le numéro, et surtout du vide intense quand ça ne débouche que sur un tûût tûût inexpressif et absent...

Tiens, à propos de démarches : notre batteur n'étant pas dispo, la répète du vendredi soir ne se fera pas. Dommage : à force de faire tant de concert, ça devait être la seule avec Martin avant de jouer avec lui dans un festival le dimanche 26. Oui ! Je ne sais pas comment on va goupiller ça du coup... Bon, en tous cas, du coup, je peux partir à Paris voir Julie après quinze jours de séparation. Sauf que le site de la seuneuceufeu me sort un magnifique Le payement a été refusé par votre établissement bancaire. Pas possible, mon compte est garni, je réessaie trois fois : même motif, même punition. Alors un doute ? Est-ce qu'un indélicat n'aurait pas utilisé ma carte ? Nan parce que là, je ne l'ai pas sur moi, je ne l'ai pas perdu en faisant les courses quand même ? Allez hop, aller-retour expresse du bureau à chez moi, en pleine journée, en pleine circulation, en sueur : Non, elle était chez moi. Mais alors ?

Alors téléphone à ma banque, pour savoir ce qui se passe. Ben non, vu d'ici, tout à l'air correct, à part votre opposition à un chèque. Hein (derechef) ?!? C'est bien fait le fichier des opposition : huit ans après, alors que le chèque a été présenté et refusé, il est toujours dans les listings. Bon, mais sinon ? Sinon je ne suis pas à découvert, il n'y a pas de raison que ce soit refusé... Et voilà que je reçois, pour mes trois essais infructueux, trois confirmations de commande. Quid ? Je n'ai pas payé trois fois à cause d'un bug quand même ? Il faut que j'aille dans une agence SNCF, mais comme il y en a peu à Bruxelles, il va falloir que je retourne en France pour ça.

Ça tombe bien : le lendemain, je dois retourner en France : nous donnons un concert. Je quitte le Comité en courant le soir. La route est plus encombrée que d'habitude, mais je réussis à attendre une agence SNCF trente minutes avant la fermeture. Ah oui mais non : je me retrouve face à une porte close qui m'annonce qu'elle est ouverte, et ce pendant encore une demie-heure. Grünt. Bon, ben je vais essayer de retirer mon billet au distributeur : Je n'ai pas compté, mais je crois que Hors service était écrit à douze exemplaires sur l'écran. Super.

Bon allez, je les appelle : Oh ! Un numéro surtaxé avec un automate au bout ! De menu en menus, je finis - enfin - par tomber sur une demoiselle dont la gentillesse et les compétence sont je l'espère bien remarquées de ses supérieurs. En réalité, le système avait bien enregistré ma commande, mais l'avaient considérée comme une simple option posée. Ouf, ça y est, je peux confirmer et aller donner ce putain de concert.

Concert donc ce jeudi soir. Le bouche à oreille a l'air de bien fonctionner : le public est plus nombreux que jamais. Ce serait-y que nous nous en sortons ? Les réactions de l'après concert ne sont pas mauvaise en tous cas, puisque plusieurs personnes nous disent que c'était un de nos meilleurs. Ça c'est plutôt cool. Je profiterais bien de l'ambiance post-prestation, sauf que je dois rentrer à Bruxelles, il est une heure du matin, et j'ai encore cent-cinquante kilomètres à faire. Je passe chez ma mère pour déposer mon ampli et ma basse... Et à l'idée qu'une fois arriver à Bruxelles, il me faudrait encore trente ou quarante minutes avant de trouver où me garer, mon courage s'envole et je décide de dormir là. La nuit sera courte.

Ne voulant pas pas donner aux chefs des raisons de m'en vouloir, je décide de partir bien plus tôt que d'habitude (de toutes façons, j'avais prévu une nuit courte, mais je me suis en plus réveillé une demie-heure avant que mon réveil ne le fasse.) Peine perdue : les huit cents mètres qui m'avaient pris quinze minutes mardi me prennent une heure aujourd'hui. Ah ben oui, il y a un sommet européen, je ne suis pas chez d'état, je n'ai qu'à attendre à l'arrêt dans une rue pendant une heure. Une fois arrivé, comme je suis bien fatigué, c'est le moment : on va débrancher des serveurs. Un serveurs, c'est comme un ordinateur, mais en plus gros... Ceux que nous sommes en train d'éliminer sont des cubes d'un mètre de côté, qui pèsent deux cents kilogs et sont flanqués d'ondulateurs qui pèsent le même poids mais sur trente centimètres. Rajoutez des milliers de câbles à débrancher et je finis la journée à genoux.

Enfin bon, la journée... La journée de travail seulement. Il me faut encore refaire cent cinquante kilomètres jusqu'à Lille. Retrouver ma mère qui me demande de la conduire à la FNAC chercher des billets qu'elle a réservés, histoire de ne pas perdre deux heures à se garer... Sauf que c'est la sortie des bureaux. Après avoir fait un détour monstrueux parce que j'étais persuadé qu'on pouvait aller les chercher dans un autre magasin pas en centre ville, je me décide à m'immiscer dans la circulation de début de week-end, je fais un peu de rallye avec un utilitaire qui m'a fait une queue de poisson, je m'énerve, j'attends que ma mère aille chercher ses billets, je rentre chez elle et il me reste juste le temps de jeter trois slips et trois t-shirts dans un sac pour tenir le week-end avant de retourner à Lille pour prendre mon train. Ouf !

Tout ceci n'était pas grave, parce qu'enfin je retrouve Julie. J'aime cette fille, na. Et enfin une petite soirée cool et reposante, nous n'irons nous promener que le lendemain. Ouf... Nuit trop courte à mon goût, mais hop, on y va : des courses, un ciné, une expo, un peu de balade... D'abord chez le disquaires, parce que vient de sortir un DVD du Smile de Brian Wilson, j'en profite pour trouver un magnifique fac-similé miniature et en CD de l'édition quadruple vinyle du Pulse de Pink Floyd, en import du japon, c'est bôôôôôô ... De là, hop, direction le ciné : Le Poupées Russes, un Klapish rigolo qui souffre un peu de son manque de scénario, mais où on ressent à chaque instant la jubilation de tourner ensemble, ce qui en fait un flim pas franchement abouti, mais sévèrement jubilatoire. Tout le monde ne vieillit pas de la même manière aussi : Cécile de France ne m'a absolument pas fait craquer comme dans l'Auberge Espagnole (Effectivement, je ne parle pas de cinéma, là.) alors que Kelly Reilly, qui ne ressemblait pas à grand chose à l'époque, est devenue plutôt paaaas mal du tout (bon d'accord, je ne fermerais peut-être pas à clef non plus si Aïssa Maïga ou Lucy Gordon venaient frapper à moitié nues à ma porte ...)

En sortant hop, direction Beaubourg : Je voulais voir l'expo Mallet-Stevens. J'ai eu l'occasion de visiter la Villa Gavrois du temps de son abandon et j'avais été assez fasciné. Bon, d'abord, une expo d'architecture, c'est particulier. Ensuite, Mallet Stevens, c'est assez particulier : c'est carré. D'ailleurs, c'est laid. C'était furieusement novateur dans les années 20, mais c'est devenu un cliché désagréable des années cinquante : carré, en béton. La villa Gavrois, recouverte de brique, c'était une exception. Le malheur du bonhomme, c'est qu'il est mort en 1945. Juste avant que ses conceptions révolutionnaires ne deviennent la norme et n'offrent la gloire à un Le Corbusier. Il y a pourtant en plein milieu de l'expo une photo qui a elle toute seule permet de comprendre le génie du bonhomme :il s'agit d'une caserne de pompier, qui comme toutes les autres réalisations a l'air de sortir en droite ligne des années cinquante.. Sauf qu'il y a les camions de pompiers : rutilants, mais abominablement datés. On dirait que ça sort de la première version de L'île Noire d'Hergé ... Ce simple contraste imprime dans le cerveau le décalage entre la période que notre culture nous a laissé supposer et celle que nous avons vraiment devant les yeux.

De là nous repartons, histoire d'aller voir une expo photo que finalement nous ne verrons pas mais c'est pas grave : nous en trouvons une autre sur le chemin. Un petit tour et puis s'en faire un tour dans un magasin de fournitures artistiques loin et retour à la maison, hop regardage d'un documentaire scientifique, un autre musical, au dodo. Et le lendemain Petite journée tranquille rien qu'à deux (parenthèse boulot pour Julie qui cumule deux jobs en ce moment, parenthèse amicale pour moi pour un bref passage au pique-nique de Paris-Carnet, il faut que je me surveille, je vais finir par devenir sociable.) à ne rien faire, quel bonheur... (à part se regarder Gerry de Gus Van Sant, mais on ne fait pas grand chose dans ce flim non plus, ma foi.)

Et puis la routine : le retour dans le Nord, la nuit trop courte, le retour à Bruxelles dans les embouteillages, et la prise de décision : oui, je veux aller à Londres voir Pink Floyd en concert, ça aussi, ça va être simple, tiens. J'ai même l'intention d'y aller avec le Toune, tiens, s'il réagit positivement. Après tout, nous ne sommes pas plus cons que Gilmour et Waters.

Tout ça est fatiguant, je me suis même surpris à avoir des pensées pour un ralentissement, parce que des fois, j'en ai marre de courir. Et puis merde : ralentir, c'est la première étape d'une évolution dont la finalité est l'arrêt.

Et vous savez quoi ? Je n'ai pas envie de m'arrêter.

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Commentaires

1. Par Nonal, le 21/06/2005 à 10:53

Le reformation de Pink Floyd ET la reformation de MaRDycK ? Ouah... Vous vendez aussi des billets au marché noir ?

2. Par Nonal, le 21/06/2005 à 10:55

...Vous en profiterez pour réclamer les millions qu'ils vous doivent sur La Palissade ?

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