Métaphore

Trois mois déjà qu'elle m'a quitté. Un que nous ne nous sommes plus vus. La conversation qui a entériné la cessation de tout contact mise à part, à peu près autant de temps que nous ne nous sommes pas parlés, de quelque manière que ce soit.

Le retour à la vie civile n'est pas simple. Le voyage m'a fait vraiment du bien, je crois, mais je ne suis pas encore habitué à mon amputation : je sens toujours le membre fantôme. Hier soir, j'ai failli lui envoyer un sms pour lui dire que je pensais à elle, comme elle le faisait encore elle-même le mois qui a précédé la rupture, et puis je me suis souvenu brutalement du dernier trimestre qui m'était sorti de la tête un instant, et que le mois dont je parlais plus haut n'était que le premier d'une longue série.

Ces petits chemins à l'écart de tout où nous aimions tant nous arrêter pour profiter d'être rien qu'à deux, j'en ai vu des paquets, ces dix derniers jours, mais je ne sais pas ce qui m'y menait, puisque sans elle, ils ne servent à rien. Durant ce voyage, il y a eu tellement de lieux ou de paysages dont je me suis dit qu'elle allait les aimer, avant à chaque fois de me frapper en me souvenant qu'aussi naturelle puisse être l'idée de sa présence, ça n'arrivera plus. Ce partage là n'existe plus.

Je sens toujours le membre fantôme.