Métaphore

Il fait froid dehors

Sultanhamet

Finalement, mon sommeil a résisté à la maladie de Julie, par contre, j'ai bien été réveillé ce matin très tôt par l'appel du muezzin, si je m'en réfère à mon expérience de l'année dernière, je commencerai peut être à m'habituer à la veille du départ...

photo: chat qui se chauffe au spot à Sainte Sophie

Premier petit déjeuner turc donc, et on sent qu'ils ont fait des efforts pour plaire au touriste, puisqu'il y a du pain, du beurre et de la confiture... avec un œuf dur et des olives ! Le beurre, la confiture et le miel sont tous de la même marque : Pinar. Tant de Pinar au petit déjeuner, ça tourne la tête !

photo: intérieur de Sainte Sophie Pour commencer la journée, on va visiter Aya Sofia : Sainte-Sophie (la Sophie en question étant la sagesse, pas le prénom. La Sainte-Sagesse serait une traduction plus correcte.) Sainte-Sophie, c'est énhauuuurme ! Pendant des siècles le plus grand bâtiment du monde, d'abord une église, puis une mosquée, le batîment est désacralisé depuis sa transformation en musée en 1934. L'impression qui s'en dégage, une fois qu'on est à l'intérieur, est est celle d'un gigantisme parfaitement proportionné, où tout semble possèder une taille normale, sauf le visiteur brusquement atteint de très fort nanisme. Le seul bâtiment un tant soit peu comparable que j'ai vu dans ma vie étant Saint-Pierre de Rome, beaucoup plus claire, mais un rien rococo dans le déco, et limité au sol, bien sûr, alors qu'on peut visiter l'étage de Sainte-Sophie.

photo: le dôme de la Mosquée Bleue En sortant de la, la visite suivante est toute trouvée : juste en face, il y a la Mosquée Bleue. Bon d'accord, de l'extérieur, elle est plus jolie (Sainte Sophie, de l'extérieur est un gros machin massif qui accuse son âge) mais tout de même bien moins belle qu'elle ne l'est en pleine nuit : il y a beaucoup moins de magie. Par contre, elle est toujours mosquée : on ne peut la visiter qu'en dehors de heures de prières. Pour ma part, c'est la première fois que je mets les pieds dans une mosquée, et on a beau être complètement athée, c'est quand même impressionnant, surtout que ce n'est quand même pas la petite mosquée de quartier... À l'intérieur, il y a de la faïence partout - bleue surtout, d'où le surnom - et c'est presque calme, malgré les touristes. Étrange effet : c'est un peu comme rentrer dans une église, on sent la présence de la foi, mais c'est plus ... Je ne sais pas, plus clair, plus vivant, peut-être ? On a un peu l'impression d'être dans un leu de vie autant que de sacré. En tous cas, c'est l'effet qu'à moi, béotien, ça a fait, mais c'est peut-être du à la présence des touristes, encore qu'à Saint-Pierre de Rome, il y avait aussi pas mal de touristes, mais l'effet n'était pas le même. C'est peut-être qu'il y a ici moins de décorum.

En sortant pour aller vers la prochaine visite, une impression se confirme de plus en plus : Istanbul, c'est la destination d'hiver à la mode pour les français : j'en entends tout le temps, partout. C'est fini, oui, le tourisme de masse ? Ah merde, moi aussi je participe.

photo: l'intérieur de la Citerne Basilique

Bon, ne nous laissons pas abattre : direction la Citerne Basilique, à deux pas de là. Elle doit son nom à ses multiples colonnes qui effectivement donnent l'impression d'être à l'intérieur d'une gigantesque église, mais pleine d'eau, c'est assez sympa comme effet. Qui dit eau dans un contexte touristique dit pièces jetées par centaines, il faut que je me fasse plongeur, mais si je fais ça, il faut que je fasse attention aux poissons qui pullulent ; de toutes sortes et surtout beaucoup de poissons chats, et pour la première fois, je comprends vraiment le terme : je croyais que leur nom ne venait que de leur moustaches, mais c'est surtout qu'ils ont le même format, les bestiaux ! Et pas forcément des chatons : il y en a de biens ronds et bien gras.

photo: des lampes.En sortant de la citerne, direction le Grand Bazar. Malheureusement, plutôt que de suivre le plan que nous avons dans la poche, il nous vient l'idée saugrenue de suivre la signalisation, ouille. Parce que nous mettons un certain temps à le trouver du coup, en passant par plein de petites rues qui doivent être le Sentier du coin : du tissu, des fringues, des livreurs de partout et impossibilité totale de circuler par le truchement d'un quelconque véhicule motorisé (pourtant ils en ont de toutes tailles, j'ai même vu passer une bonne vieille 103 Peugeot.) On finit par retrouver une entrée tout de même parce qu'effectivement, il est grand, et ce n'est pas facile de le louper. À l'intérieur, des rues (couvertes) complètes de boutiques en tous genre, mais surtout à touristes : des lampes multicolores, des tapis, des instruments de musique à ne plus savoir qu'en faire (et je découvre que le saz électro-acoustique de l'affiche de Crossing the Brige existe réellement !), des bibelots, des jeux, des vendeurs de simit ambulants, des antiquités hors de prix pour les touristes américains et des dédales qui n'en finissent jamais, elle est où la sortie ?

photo: lampes au Grand Bazar

Allez, on va aller voir la mosquée de Sokollu Mehmet Paşa, on la dit jolie. Le temps de faire des courses pour rien (2YTL qui remplissent le sac) dans un petit supermarché de quartier et on traverse quelques rues un rien moins touristiques (voire qui craignent un peu par moment, on n'est pas chez les stambouliotes les plus riches ici) pour y arriver... L'impression est encore plus étrange qu'à la Mosquée Bleue ; Là bas, c'était plein de touristes et la visite est plus ou moins encadrée : ici, on arrive dans la cours entourée d'écoles coraniques et on peut entrer ou pas ? J'ai mis longtemps à me décider, mais histoire de ne pas regretter de ne pas l'avoir fait, laissant à la porte Julie qui n'avait rien pour se couvrir la tête (et pas forcément l'envie de le faire) je rentre. L'impression est complètement différente de la précédente : ici, c'est intime, plus sombre, plus chaud, et à tout prendre beaucoup plus agréable, même si, mal à l'aise d'avoir l'impression de m'imposer dans un contexte que je ne connais absolument pas, je ne reste pas longtemps.

Bien évidemment, comme d'habitude, nous nous rendons bientôt compte que nous avons fini à midi le programme que nous avions prévu pour la journée, que faire ? Descendre un peu, trouver la gare et prendre le train omnibus jusqu'au remparts, tiens, on va aller regarder à quoi ressemblait Constantinople vue de l'extérieur. Après un peu de marche dans le labyrinthe des petites rues pour trouver cette gare (et décidément, les turcs sont facilement prêts à vous aider, malgré la barrière de la langue,) et quelques arrêts, nous y voilà : waouh ! C'est bien bien conservé pour des pierres qui tiennent debout depuis des siècles ! Ah non, pardon, c'est refait, reconstruit, en tout propre... Bon, d'un côté, c'est bien, parce qu'il y a moins de français, de l'autre, c'est un peu mort comme coin... Les gens sont en train de construire d'énormes entrepôts temporaires, on ne sait pas bien pourquoi, mais tout au long de la balade de quelques kilomètres le longs des remparts plus souvent en ruines et servant de jardins potager que refait pratiquement à neuf sans égard pour la vieille pierre, force est d'avouer que le moment le plus intéressant a été l'observation d'un camion coincé sous l'une des portes pour cause de chargement trop haut (c'est quand même la porte qui a gagné.)

photo: les (restes des) remparts de Constantinople.

Histoire de n'avoir pas fait toute cette marche pour rien, j'insiste pour pousser jusqu'à l'église de Saint-Sauveur in Chora, elle aussi ancienne église byzantine transformée en mosquée mais maintenant simple musée. Pour y arriver, comme nous ne prenons pas la route "normale", nous voilà une fois de plus à traverser des quartiers pas forcément en bon état, mais ici, c'est pire : ce sont vraiment des bidonvilles ou des baraques d'un siècle ou deux en ruines, mais quand même habitées. Étrange impression que d'être touriste dans ce genre de coin. Étrange et pas ma préférée...

Après maints détours, nous voilà dans l'église en question. Le guide nous promettait de belles mosaïques, et ce n'était pas un mensonge ; celles-ci sont paraît-il parmi les plus belles du monde byzantin et ce n'est pas difficile à croire en les voyant, Julie admet que la randonnée valait le coup. Et il fallait que ça le vaille, parce qu'en sortant de là, mon sens de l'orientation, d'ordinaire plutôt efficace, est mis à rude épreuve : c'est encore plein de petites rues qui tournent dans tous les sens (et plein de boulangeries aussi, ça ralentit encore la marche, parce que Julie aime les vitrines de boulangerie comme moi les vitrines de magasins de musique.) mais nous finissons par retrouver le métro, et là, c'est facile : maintenant, non seulement nous connaissons bien le trajet, mais en plus l'absence ostentatoire de sac à dos fait que nous n'avons plus à répondre à trois rabatteurs tous les cent mètres...

La journée est maintenant bien entamée. Après une petite sieste à la pension, nous allons manger au homemade, un resto que nous avons repéré en nous promenant hier soir, où le pain est fait au fur et à mesure dans la salle, de façon traditionnelle par une femme en costume itou. Nous arrivons juste bien (un couple qui entre derrière nous n'a pas droit à la salle traditionnelle et doit monter manger à l'étage.) C'est pas mal (mais qu'est-ce que c'est que ce thé bizarre à l'arrière goût chimique ?), mais nous aurions dû nous y attendre : c'est surtout un resto à touristes, tant pis.

Retour à l'hôtel, en passant devant la Mosquée Bleue, qui décidément, la nuit ... Nous vérifions bien que nous n'avons toujours pas de fax de l'agence de location, ni de sms de Martin et nous nous couchons pour essayer de dormir, mais Julie continue à se moucher.

photo: intérieur de Sainte Sophie

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Commentaires

1. Par Nico, le 13/01/2006 à 13:23

Merci pour cette prose.
J'ai eu grand plaisir à la lire.
A quand les images?

2. Par xave, le 13/01/2006 à 13:36

Le plus vite possible, mais çaz va peut-être devoir attendre lundi, malheureusement.

3. Par Ali Agça, le 13/01/2006 à 15:23

mais ils sont complètement antidatés tes posts !

4. Par Flo, le 13/01/2006 à 15:32

antidté et illisible depuis le boulot !!

5. Par xave, le 13/01/2006 à 16:23

Ils ne sont pas antidatés : ils sont à la date des évènements qu'ils décrivent, c'est tout. Et Flo, il faut changer de boulot si ils sont méchants. (ceci dit, si tu venais à apprendre le pourquoi de ce blocage, je suis curieux, pour une fois que je suis poli !)

6. Par Florence, le 13/01/2006 à 19:57

alors oui c'est antidaté et cela me gène, car pour être sure de rien louper à ton blog, je consulte tes pages en xave.org/annee/mois du coup y a des trucs en 2005/12 ET en 2006/01 cela m'indispose, mais ce n'est pas le problème.

il est vrai que "illisible au boulot" dans mon travail signifie deux choses : - tout d'abord l'impossibilité de surfer n'importe ou. par exemple je peux aller sur tf1 ou des site de bd, mais je ne peux pas lire le blog de mon homme ca classé dans "entertainnement, personnal pages". - ensuite, la longueur de ton billet ne me permet pas de me poser suffisamment longtemps en dehors de la pause déjeuner pour lire ta tartine.

voilà c'est tout, j'attendrai lundi midi pour tout lire car le we s'annonce loin d'un PC :)

7. Par xave, le 13/01/2006 à 23:03

Alors :

  1. sois prévenue : il va y en avoir quelques-un comme ça. Les comptes rendus des derniers jours de décembre. Après, promis, on repasse en janvier.
  2. Oulah, mais si tu prends du retard sur mes tartines, tu n'y arrivera jamais !

8. Par Laurent, le 16/01/2006 à 21:27

Argh, des chats…

9. Par xave, le 16/01/2006 à 21:32

Oui monsieur ! La Turquie, c'est plein de chats ! (et plein de merles pies aussi, mais c'est une autre histoire,) et c'est aussi pour ça que c'est bien ! Et je proute les gens qui n'aiment pas les chats !

10. Par Laurent, le 16/01/2006 à 21:57

Je te proute aussi ! Non mais… Je sais où je n'irai pas en vacances (même si les Turcs sont très sexy).

11. Par jacky, le 25/01/2006 à 20:24

bonjour, au fait je fais une élocution de la Basilique Sainte Sophie à Istanbul et je cherche dans lesl ivres, le prix de cette visite, mais aucun espoir, je cherche, et je ne trouve rien, c'est super important, aider moi svp, c'est pour demain jacky svp répondez moi sur mon e-mail: jacquelineakay@hotmail.com

12. Par xave, le 25/01/2006 à 20:29

Chère Jacqueline, merci de me confondre avec un voyagiste, je vais en déduire que je donne envie de partir en vacances !

J'ai sous les yeux le ticket d'entrée : 15 YTL. Ah pitaing, c'est reuch !

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