Jerash & Um Quais

Chapitre huit : Go West ! Ah non, North, merde...

désireriez vous un guide ?

le théâtre romain Malgré les klaxons intempestifs qui ne se sont calmés que fort tard, nous avons quand même à peu près bien dormi. Nous avons décidé aujourd'hui d'aller dans le nord, histoire de voir encore quelques vieilles pierres. Quitter Amman ne sera pas trop difficile : tout est calme. Le vendredi ici est presque l'équivalent de notre dimanche, donc ça n'avancerait pas trop de rester ici, tout sera fermé.

Nous voilà donc en route pour Gerash. Vendredi(dimanche) oblige, il n'y a personne, ce qui, après l'épreuve d'hier, est plus qu'appréciable. Voilà qu'en plus le soleil brille, donc tout va bien. Il y a quand même suffisamment de gens pour qu'il soit dangereux de relâcher son attention, mais on y arrive.

Gerash Gerash (Jerash, Gerasa, c'est pareil...), c'est une cinquantaine de kilomètres au dessus de Amman. Il s'agit du second site touristique du pays après Pétra : Gerasa, Antioche dans l'antiquité, faisait partie du Décapole : les dix plus grandes cités romaines du Moyen-Orient. Aujourd'hui, il reste des pierres, pas encore toutes tombées, mais quand même beaucoup, si.

Ceci dit, ils les relèvent, leur pierres : à l'entrée du site, on est accueilli par l'Arc d'Adrien, construit en ??? et plutôt pas mal en ruine sur les photos des bouquin, mais dans la réalité, il va beaucoup mieux, étrange ! Ils sont fortiches en puzzle ici.

Ici, c'est plein de vieilles pierres, et il n'y a pas grand chose à en dire, surtout si on n'est pas branché vieilles pierres. Quelques détails quand même :

  1. Mention super spéciale pour les militaires qui faisaient de la musique dans le grand théâtre : ils n'étaient que deux mais semblaient toute une troupe : un tambour et une cornemuse, c'est bruyant. À noter aussi une magnifique interprétation de la Neuvième de Bethoveen à la cornemuse. À apprécier donc, ces arabes qui jouent l'hymne européen sur un instrument celtique dans une ville romaine antique.
  2. C'est grand. Beaucoup de murs et de colonnes sont tombés au fil des siècles (surtout lors des tremblements de terre qui ont secoué la région vers le septième siècle, Petra a le même problème) mais l'étendue couverte par les ruines a quand même une certaine gueule. Et puis après tout, leur cirque, même tout cassé, est beaucoup, mais alors beaucoup mieux conservé que le Cirque Maxime de Rome.
  3. En quelques mois, nous avons vu près d'une dizaine de théâtre antiques, mon préféré est sans conteste le théâtre nord de Gerash : pas très grand, mais dans un état exceptionnel et d'une facture épatante. Un petit bijou de théâtre.

des colonnes Ici comme ailleurs, on vit du tourisme : nous sommes hélés régulièrement par des gens voulant nous vendre tout et n'importe quoi (un chewing-gum pour plus cher que la boite de 50 chewing-gums, des appareils photos, des cartes postales... ) Et les gamins sont psychologues très jeunes : il faut flatter : Ah France ! The people there are very smart people... Et il a continué en citant Zidane, Barthez... Visiblement, il connaissait plus de noms de footballeurs français que moi (c'est pas très dur.)

Après une belle balade et un tour des magasins d'antiquités authentiques du site (ils vendent leurs tableaux beaucoup moins cher que Place du Tertre !) Nous quittons l'ambiance de jour de prière[1] pour reprendre la route. De retour sur la voie rapide, nous faisons une halte sur un stand d'épices et de fruits tels qu'on en trouve un peu partout sur le bord de la route. Julie et Odette font des affaires : c'est quand même incroyable à quel point tout ça ne coûte rien ! Sauf évidemment qu'un jordanien passé après nous a payé encore quatre fois moins cher, mais bon, c'est la dure loi du sport. Le thé nous console.

Épices au bord de la route Ensuite direction Um-Quaïs, tout au nord, à la frontière avec la Syrie. Pour y arriver, il faut passer par Irbid. Et ben Irbid, c'est nul. C'est la même chose que tous ces villages de béton poussés à toute vitesse, sauf qu'en plus, c'est énorme. C'est des kilomètres et des kilomètres et des kilomètres de cubes de béton. Et très mal indiqué avec ça... Il parait que la rue comportant le plus de cafés Internet au monde est ici, ce ne sera pas suffisant pour me faire rester, brrr...

Heureusement, on en sort et on continue vers le nord. Au dessus d'Amman, le pays est beaucoup plus vert et ce n'est pas désagréable. Plus on monte, plus on voit de vaches. Mais attention, pas des vaches sahariennes toutes sèches et ne pouvant nier leur parenté avec le zébu, non : des vraies vaches, des vaches comme vous et moi : des vaches normandes ! Du coup, forcément, on se sent moins dépaysé. Nous en avions vu une dans le Wadi Mujib, mais elle avait l'air complètement déplacée. Ici, elles sont plusieurs et ont l'air plutôt à l'aise.

Meuh ! Encore un petit check-point et nous arrivons enfin à Um-Qaïs. C'est encore une ancienne ville romaine, sur un promontoire (à partir duquel on peut voir la Syrie toute proche et le Lac de Tibériade,) mais celle là est plus rigolote : d'abord, le site est plein de pierres noires, du coup, ils se sont amusés en construisant à jouer avec les couleurs (oh ! Des collonnes à rayures !) Ensuite il a connu d'autres occupations : ça a été également une place forte de l'empire ottoman, et il reste pas mal de batiments plus ou moins debouts de cette époque (certains, après avoir tenu des siècles, ont été massacrés par les archéologues des années trente qui voulaient récupérer les pièces romaines qui avaient servi à leur construction[2]) et il y a aussi eu au moins une troisième occupation, très récente : les maisons ottomanes portent les traces d'une occupation très récente, sans aucun doute jusque dans le courant des trente dernières années. Les habitants de la région ont sans doute intégré ces batiments utilisables plutôt que d'en construire de nouveaux à partir de rien, comme ils l'ont fait à Madaba. Mais ici, je suis près à parier qu'ils ont été viré quand les autorités ont vu là un site touristique (Ceci dit, je n'ai pas de détail, nous avons raté l'occasion de prendre un guide qui parlait visiblement mieux le français que moi et qui aurait pu nous aider. Je suis preneur de tous les détails que vous pourriez avoir du coup.)

miam Et puis il est déjà temps de rentrer, avec cette nuit qui tombe à 17h, il fait déjà sombre (du coup nous ne pouvons pas rester pour assister à la fête, car fête il doit y avoir, on dirait que la moitié du village s'est donné rendez-vous ici.) et nous ne sommes pas rentrés. Sur la route, nous faisons un petit arrêt impromptu à Irbid, histoire de manger un bout : nous mangeons un Shawarma délicieux (c'est un peu l'équivalent du Khébab tel qu'on le trouve chez nous, mais dans un pain un peu différent) à 40 piastres pièce. Ça veut dire quarante centimes ! Le manger de ce pays me manquera, une fois parti.

Rions quand même un peu : le but du voyage étant encore Amman, évidemment nous nous sommes perdus : malgré trois paires d'yeux scrutant les panneaux indicateurs, nous n'avons même pas trouvé la sortie de la voie rapide pour rentrer à Amman : c'est uniquement une quinzaine après avoir dépassé la ville que nous avons été certains qu'il y avait un problème. Allez, une petite rentrée jusque dans la centre à la hussarde, en attaquant par un coté absolument inconnu et au feeling ! L'incroyable, c'est que nous y sommes arrivés.

Notes

[1] Habituellement, les muezzins rythment la journée, mais ça dure dix minutes et ça s'arrête. Aujourd'hui, ce sont les prêches entiers qui sont retransmis dans toute la ville. Ce qui occasionne une belle cacophonie dès qu'on se retrouve à équidistance de trois ou quatre mosquées.

[2] Pour un archéologue des années trente, la seule bonne ruine est la ruine romaine !

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