second jour à Pétra

Chapitre quatre, où nos héros se gèlent les miches.

Taxi, taxi ! Donkey ride ?

Un âne dans les hauteursDeuxième jour de l'année, deuxième jour à Pétra, premier réveil dans notre petite chambre du Musa Spring Hotel, mes macgyvereries dans la salle de bain ont tenu le coup : une corbeille pour recueillir l'eau qui suinte de la chasse d'eau pour ne pas nous retrouver avec une flaque (c'est déjà difficile de ne pas inonder en prenant une douche avec leur rideau qui ne prend que les deux tiers de la hauteur !) avec du papier toilette savamment disposé pour éviter les bruits de gouttes, un petit déjà local (une fois encore à la Vache Qui Rit, version locale (on en trouve de la vraie partout, mais elle est plus chère.) et allez hop, en route : nous avons décidé hier que nous n'aurions pas suffisamment de choses à voir pour un troisième jour, encore moins un quatrième, donc ce second jour est dévolu à l'autre coté, les tombes royales, et à encore quelques multitudes de marches, histoire d'aller voir les hauteurs.

une roche à trousPremière constatation en sortant de l'hôtel : le beau soleil que nous avions hier est moins présent aujourd'hui. Allez, c'est normal, nous sommes quand même en janvier. Malgré tout, nous décidons de ne pas nous changer : hier, nous avons traîné vestes et pulls sous un soleil cuisant, et nous n'avons pas envie de recommencer ça... Bon, d'accord, Julie sera quand même un peu plus couverte que moi, puisque je reste en chemise, mais pas trop quand même.

Est-ce parce qu'il fait moins beau, est-ce parce que nous ne sommes plus le premier jour de l'an ? Toujours est-il qu'il y a encore moins de monde qu'hier. Même les bédouins se font moins insistants et ne proposent que mollement de nous fournir un quadrupède quelconque. (Même si les gamins sont toujours là qui essayent de nous vendre des cailloux à peine ramassés ou des fleurs du désert à peine arrachées. Et nous de nous faire force réflexions sur ce que sera la vie d'un gamin qui vend déjà des touristeries aux touristes à quatre ans...) C'est donc encore plus calme, voire paisible. Encore une fois, nous dégustons de nous trouver ici en cette période de l'année plutôt qu'à où autre où le lieu est sans doute plus rempli d'européens que Bruxelles elle même.

notre vieille bédouineAdoncques, aujourd'hui, il est temps d'aller voir les tombes royales, et surtout le tombeau à étages et d'aller faire quelques incursions dans les hauteurs. En route vers le haut lieu du Djebel Al-Khubtha, une vieille bédouine nous offre le thé, et c'est pas facile de parler un quart d'heure avec quelqu'un quand on n'a pas la moindre langue commune (elle connaît bien quelque mots d'anglais : one, half, dinar, silver, tea... mais ça ne va guère plus loin.) Le thé, lui, est excellent. En France, je ne suis pas du tout branché thé : pour moi, c'est de l'eau chaude avec une vague odeur. Ici, il le servent très infusé et bien chargé en sucre, et j'ai enfin l'impression de boire quelque chose de consistant, il faudra que j'essaie ça à la maison.

le point en haut de l'escalier, c'est moi (d'accord : un autre âne dans les hauteurs...)Après que Julie lui ai pris un bracelet tout simple (la dame voulait en vendre un plus compliqué, donc plus cher, mais Julie est une fille sobre. Et puis le silver, silver !, il a surtout l'air d'être fait avec des boites de conserve quand même.) il est temps de grimper. Le haut lieu du Djebel Al-Khubtha, c'est d'abord des marches et des marches et des marches .... Dont certaines auraient tout à fait leur place dans un Indiana Jones : là où beaucoup d'ascensions du site se font par des marches aménagées dans des chemins presque naturels de la roche, il y a en plein milieu de celle ci un escalier monumental dont même la base permet de dominer le site entier. Malheureusement, nous nous sommes arrêté au sommet (des restes de temple dont il ne reste rien) par manque de temps, plutôt que de terminer la balade pour aller se retrouver sur une plate-forme dominant le Khazneh. Par manque de temps et aussi parce qu'il faut bien le dire : nous aurions mieux fait de nous couvrir beaucoup plus chaudement : le vent souffle fort et c'est encore plus insupportable sur les hauteurs.

couple bédouin pas localTant pis alors, nous redescendons. Avant de remonter de l'autre coté, je me fais arnaquer par un gamin qui me vend un khefieh deux fois trop cher. Pas grave, c'est ma contribution à l'économie locale. J'avais de toutes façon décidé d'en acheter un. C'est donc attifé comme un bédouin (en tous cas au niveau de la tête) qu'avec Julie je commence à monter vers le Haut-Lieu du sacrifice. La base de l'escalier n'est pas facile à trouver (c'est derrière la buvette, et a ne ressemble pas tout de suite à un escalier.) mais nous finissons par y arriver, et là, ça monte, ça monte... Un chat tente de nous suivre[1] mais abandonne vite. Sur la montée, comme partout ailleurs, il y a des bédouines avec des étals de touristeries. L'une d'entre elle est en train de chanter, ça c'est plus rare, et pas du tout désagréable. Mais nous continuons : cette montée là est plus rude, surtout avec ce vent : j'ai froid ! Et ça, c'est rare.

Arrivée en haut, on se les gèle encore plus : on est vraiment tout en haut et il n'y a rien pour arrêter les rafales de vent (rappelons que je suis toujours en chemise.) Les bédouins eux mêmes ont déserté leurs étals et sont réfugiés dans leur tentes, seule reste une petit vieille qui ne nous propose rien mais attend quand même des sous, ou des biscuits, ou un stylo, ou l'heure, enfin n'importe quoi. Mais même si je suis disposé à me conformer aux usages et à ne pas être radin du pourboire, là, elle ne propose quand même rien, à part la vue de très haut sur le site, mais je soupçonne que nous l'aurions eue même sans elle.

Par contre, il commence vraiment à faire trop froid : si moi, je me les caille, ça doit vouloir dire que la température du corps de Julie a baissé d'une dizaines de degrés. Il est donc temps de redescendre, de trouver trop cher les bibelots de notre bédouine chanteuse et de quitter le site. Avec notre manque d'équipement, le vent et la température, nous ne pouvions pas rester, et c'est dommage, parce qu'en redescendant du haut lieu du sacrifice vers la ville basse par l'autre coté, il y avait de très jolies choses à voir, mais ça nous rallongeait le trajet de plus d'une heure, et il ne faut quand même pas se laisser avoir par la nuit (ici, en cette saison, le crépuscule, c'est à 16h30...) Tant pis, un jour peut-être.

bon miam du soir, bonsoir !En remontant, petit arrêt dans un supermarket (imaginez plutôt une épicerie arabe) où les prix ne sont pas donnés (le patron nous explique qu'il n'y a pas de grossistes dans le coin : il achète ses marchandises à Amman ou à Aqaba, les deux grosses villes les plus proches, donc à 150 bornes chacune, et doit encore se faire sa marge au dessus, et s'en excuse.) On trouve quand même des tas de produits français, mais chers. Pas grave, ce que Julie voulait, c'était des pommes. Et on essaie des simili biscuits Prince à la banane, c'est chimique, mais rigolo. Un petit tour dans la boulangerie d'en face pour acheter des brioches à la pâte de datte et retour à l'hôtel.

Le soir, repas directement sur place : d'après le Guide du Routard, le patron de l'hôtel sait cuisiner. Et nous le vérifions : un plat tout simple : du riz, une sauce, des herbes, de la viande à khébab, et c'est un régal. Julie essaye de deviner les épices utilisées, mais ce n'est pas facile... Un peu de lecture, une dernière nuit sur Wadi Musa[2], demain nous partons sur Aqaba et la Mer Rouge.

Notes

[1] Les chats ici ont beaucoup moins le type européen que chez nous : il ont la tête plus ronde et les pattes avant plus courtes.

[2] Littéralement : la Vallée de Moïse, c'est le nom du patelin autour du site antique.

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