Aqaba

Chapitre quatre, où nos héros sont touristes balnéaires sur la Mer Rouge.

You are going to the Wadi Rum ? Do you want a guide ?

Ce matin, réveil matinal, second réveil, puisque comme tous les matins, je suis réveillé à cinq heures par le muezzin avant de me rendormir, Julie s'y fera, pas moi. Et ici, en plus, il y a un coq qui tourne en boucle, je veux un fusil ! Malheureusement, il pleut, un peu, et il y a du brouillard, beaucoup. Mais beaucoup genre beaucoup : on ne voit pas à vingt mètres. En discutant avec le toujours souriant patron de l'hôtel, celui ci nous apprend qu'il a neigé à une trentaine de kilomètres des là. Ouh ! Moi, l'idée me plaît bien, mais la Jordanie sous la neige, ce n'est pas vraiment ce que Julie a envie de voir.

Du coup, elle hésite quand même pas mal quant à la proposition que le patron nous as faite la veille et à laquelle nous avions dit que nous allions réfléchir : il propose de nous mettre en contact avec un guide pour aller voir le Wadi Rom. Le Wadi Rum, c'est une partie du désert de Jordanie, la partie avec des montagnes, la partie qui est plein de Lawrence d'Arabie (le vrai, et le film qui a été tourné là) et un des plus beau déserts du monde. Il est inimaginable de ne pas y faire un tour quand on passe par la Jordanie. Par contre, c'est un petit peu compliqué : c'est un site protégé, les bédouins ont le droit d'y habiter, mais sous la tente, ou alors dans Rum, le village à l'entrée. Histoire de bien protéger ça, le gouvernement a pris en charge les admissions de touristes. Ça veut dire que les visites sont encadrées, courtes et chères. Sauf si on connait un guide, auquel cas on peut y aller avec lui sans passer par la case gouvernement : c'est plus rentable pour lui, c'est moins cher pour vousconnaît, et moins encadré, ça peut être beaucoup plus long, avec nuit sous la tente et tout le toutim. Il est donc donc absolument inintéressant de s'y rendre directement, il vaut mieux avoir un contact avec un guide avant d'y aller, lui envoyer le fax qui va bien et lui, muni de ce fax, pourra prouver au bureau gouvernemental qu'il a bien rendez-vous avec vous.

L'hésitation de Julie, c''est que le temps est pourri : il fait froid, il y a du brouillard, la pluie menace, la neige est tombée... Est-ce bien le moment d'aller passer la nuit dans le désert ? Moi je suis partant, même s'il neige, elle moins... Après discussion avec le patron de l'hôtel et avec le guide par téléphone qui nous rassurent tous les deux : dans le désert, il fait plus chaud (non ?) Nous prenons rendez-vous pour le lendemain, d'abord, on va voir Aqaba, et avec un peu de chance, le temps va s'améliorer.

attention : chameau !Nous quittons donc le souriant patron de l'hôtel pour reprendre la route... Ce n'est vraiment la route du roi, il s'agit juste maintenant de quelques routes de campagne avant de rejoinde la route du désert qui elle va descendre jusqu'à la Mer Rouge. Le paysage est lunaire, ou plutôt martien : à la couleur du ciel près, ça ressemble à s'y méprendre aux photos de rejoindrMars : des champs de cailloux à perte de vue. Sauf qu'ici il y a des cairns un petit peu partout, mais ça, c'est valable dans tout le pays : il n'y a pas grand chose d'autre que des cailloux, alors pour passer le temps, on les empile.

Après avoir traversé quelques patelins de cubes de béton vite poussés, on finit donc par rejoindre la route du Désert, qui est effectivement moins intéressante : c'est tout droit, avec des camions dingues. C'est dangereux, surtout lorsque des travaux sur l'un des cotés de cette 2x2 voies fait passer la chaussée à double sens : il semblerait que tout le monde ne le comprenne pas très vite (moi-même, je ne l'ai compris qu'après avoir manqué de me prendre un camion de front en doublant.)

À l'arrivée sur Aqaba, nous avons droit à notre premier checkpoint, la mitraillette en bandoulière... Tourists, France, Welcome ! Ça passe sans problème (deux jours avant à Pétra déjà, un policier nous avait fait signe de nous arrêter puis directement signe de repartir, sans doute parce que nous étions des touristes.) Encore quelques virages et nous voilà au bord de la mer. Sans noms de rues, il nous faut un certain temps pour nous repérer par rapport au plan du Routard, mais nous finissons pas trouver l'hôtel.

épicesNous avons choisi un hôtel bon marché (8JD la nuit pour une chambre double.) et ce coup-ci, ça se voit vraiment : déjà, ça sent le renfermé, nous sommes dans une chambre au milieu d'un étage sans fenêtre sur l'extérieur, la télé ne capte que trois chaînes dont deux locales et une allemande et la salle de bain privative est primitive : une pièce de 1m sur 1m50, contenant un lavabo, une douche et des chiottes à la turque (oui, en dessous de la douche, oui !) On va dire que c'est rustique.

Nous nous promenons un peu dans les rues et faisons quelques magasins (Julie a trouvé un magasin d'épices, bonheur ! Et un magasin d'épices qui offre du thé en plus, que demande le peuple ? (le peuple, je ne sais pas, mais Julie demande à échanger son thé avec moi.)) C'est assez particulier comme patelin : c'est une station balnéaire, et à ce titre, c'est plein d'européens pas pauvres (tiens ? Un McDo !) C'est très vivant (il y a des magasins partout) mais c'est aussi un port, donc une ville de marins, et des marins musulmans, à savoir pas les gens les plus cool à fréquenter quand on est une touriste européenne blonde à moitié débraillée. C'est un mélange étrange entre une ambiance plus relâchée qu'ailleurs et l'absolu contraire.

les pieds dans l'eau...Allez, puisque nous ne sommes pas loin, descendons une dizaines de bornes et allons voir la Mer Rouge, il parait que l'eau y est claire. Nous avons failli ne pas y arriver, parce qu'avant d'y être, il faut traverser une paquet de zones portuaires, à se demander si on ne va pas finir par traverser la frontière et se retrouver en Arabie Saoudite. Mais non, on finit par arriver à la plage publique (il existe à Aqaba même des plages privées, mais étrangement, il parait que l'eau y est plus suspecte.) C'est calme : il y a quelques ouvriers en train de construire un hôtel, un camp qui visiblement habite sur la plage dans sa tente de fortune, et trois ou quatre personnes éparpillées. Pourtant, il fait bon... plouf dans la Mer RougeTellement bon que je me refuse à être venu aussi loin et m'arrêter là : avec Julie, nous décidons d'aller jusqu'à la berge. Et tant que j'y suis, moi je vais tremper les pieds (j'en profite pour envoyer quelque SMS frimeurs ...) Et puisque j'ai les pieds dedans et qu'elle est bonne, ma foi, je me baigne. C'est plus fort que moi, quand je vois une mer, il faut que je m'y baigne... Je n'aurais pas supporté d'avoir vu la Mer Rouge sans m'y être trempé, c'est mon baptême à moi. Et c'est quand même plus dépaysant que l'Atlantique ou la Méditérranée.

Mais que mange-je ?Après m'être laissé sécher au soleil (je n'avais pas prévu de me baigner, je n'avons dit ni maillot, ni serviette,) nous retournons à Aqaba. Après une petite douche et un demi feuilleton en Allemand (à ma grande surprise, je comprends des mots et je réussis à suivre !) nous repartons nous promener dans le patelin, qui n'est pas si énorme finalement : nous avions peur qu'une seule journée ne soit pas suffisante, mais finalement, ça sera très bien. Dans notre promenade, je me permets deux faiblesse : un McDo, parce que quand je vais loin, j'aime bien voir à quoi ressemble les McDo, il y a toujours une petite différence. Un McArabia !La différence ici, c'est le McArabia : une espèce de Hamburger dans une galette de blé qui ressemble au pain du pays. Pas mauvais. L'autre faiblesse, c'est un paquet de clopes. Je n'ai ai plus acheté depuis des mois et des mois, vu que je me contente maintenant d'une cigarette de temps en temps, mais là, j'avais vraiment envie d'une clope. Après tout, on est dans un coin beaucoup moins policé que l'Europe, moins sain, et j'en avais envie.

Le soir, repas dans une des cantines populaires (à l'étage, bien entendu, seuls.) Où pareil que l'avant-veille, nous nous goinfrons pour pas un rond... Encore une fois aussi, le resto a été choisi parce que le guide y indiquait les meilleurs falafels du coin (vous ai-je déjà dit que Julie était fan ?)

miam du soir, ce soir encore.Après quelques balades de plus dans les rues (nous avons du mal à rentrer, l'ambiance est vraiment sympa,) nous rentrons à l'hôtel. Nous avions choisi la pièce au centre du batiment pour son absence de fenêtre, qui nous semblait une garantie contre le bruit et la lumière, mais non : il y a quand même une fenêtre, elle donne sur l'escalier éclairé au néon ! Tant pis, je me mets un t-shirt comme masque de sommeil et au dodo, demain, nous devons nous lever tôt pour ne pas arriver trop tard au Wadi Rum.

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