Métaphore

'Cause I don't know what to do
Everything's gone blue:
Mind and body and soul,
And I'm feeling so alone...
But you love me, don't you ?
Findlay Brown

Au cours des dernières discussions que j'ai eues avec Julie, j'ai compris certaines choses sur moi, par la vertu du vieux principe qui veut qu'on apprenne des choses sur soi-même en les formulant presque par hasard au milieu d'une discussion où on jette des idées en vrac.

Quand tout allait bien entre nous (ce qui de façon flagrante n'a pas toujours été le cas, sinon nous serions toujours ensemble) j'ai vécu un bonheur sans retenue. J'étais heureux sans questions, sans analyse, sans arrière-pensée. J'étais heureux parce que le bonheur était là et qu'il n'y avait qu'à se servir.

J'ai un jour écrit ici cette pensée que j'ai ramassée je ne sais où J'ai reconnu le bonheur au bruit qu'il a fait en claquant la porte. Je l'ai rapprochée ce week-end seulement d'une réflexion que m'avait faite une amie dans les premiers temps de ma relation avec Julie : C'est la première fois que je te vois autant amoureux d'une fille qui ne t'a pas encore quitté; Je crois que c'est que pour une fois, je n'ai pas attendu que le bonheur claque la porte, je l'ai reconnu tout de suite.

Je pense que beaucoup de gens sont tellement à la recherche du bonheur qu'ils ne le voient pas quand ils l'ont devant le nez, on ne leur a tout simplement pas appris à le reconnaître. On ne me l'a pas appris plus qu'à un autre, mais il y a quelques années, j'ai appris de façon très douloureuse que tout peut s'arrêter demain, et que rien n'a d'importance, hors jouir.

Jouir de tout. Jouir des détails, ne pas se laisser arracher un sourire par les choses agréables, mais les dévorer sans retenue. Ne pas se réserver en attendant le grand bonheur, mais jouir à chaque instant du moindre petit bonheur qui passe. sentir le bonheur, ça ne s'économise pas, il ne peut pas y avoir d'overdose de bonheur, alors allons-y franco. On ne viendra pas vous dire Au fait, le bonheur, c'est maintenant que ça commence, top départ ! Et si vous ne vous entraînez pas sur des petits bonheurs qui passent par là, vous avez toutes les chances de le rater quand vous aurez votre chance.

Je me suis entraîné, j'ai aimé la vue d'une façade ouvragée, j'ai aimé le gris d'un ciel, j'ai aimé le sourire des gens dans la rue, j'ai été béat en regardant un chat dormir, j'ai compris que la vie était magnifique. Et quand le grand bonheur a frappé à ma porte, je l'ai reconnu tout de suite.

Et il avait le sourire de Julie.