Métaphore

Il fait froid dehors

Il a changé, Oscar Wilde, depuis 1967

Voilà un moment que je n’ai rien écrit, si vous vous souvenez que j’existe, vous vous demandez sans doute ce que je deviens : je vais bien. Vivre avec le Fille sous la Pluie en étant moi-même sous la pluie, c’est plein d’aventure humaine, et féline aussi un peu, parce que maintenant, la famille compte deux matoutes.

Mais je ne suis pas là pour vous parler de ça. Si je reprends le clavier aujourd’hui, c’est pour vous raconter un petit détail que j’ai remarqué, dont je n’ai trouvé aucune trace sur les internets digitaux mondiaux, et qui aurait été un peu chiant à raconter sur Twitter. En plus, tout le monde s’en fout.

Au milieu des années nonante (oui, je parle toujours correctement, malgré mon éloignement des contrées civilisées), un petit groupe dont la production s’était quelque peu raréfiée a sorti trois double albums presque coup sur coup. Le petit groupe s’appelle les Beatles, et la série d’albums en question Anthology.

Pour les quelques ceux qui n’ont pas suivi, il s’agissait d’une rétrospective de toute leur carrière. Pas un best-of, mais des inédits, des maquettes, du live. Bref : du jamais entendu qui soulevait un peu le rideau pour donner un peu à voir l’histoire telle qu’elle avait été vécue depuis les coulisses (et aussi de couper un peu l’herbe sous le pied aux vendeurs de pirates). Le tout décliné en trois double albums, donc, une série documentaire d’une dizaine d’heures, et un bouquin de plein de pages qui pèse trois tonnes.

Je ne sais pas comment s’est passé la réflexion qui a amené la couverture utilisée pour tout le projet, mais elle se présente ainsi :

Anthology Collage

Il s’agit d’un triptyque : le collage central, découpé en trois parties, a donné les pochettes des trois albums. C’est un collage d’images connues, et parfois un peu moins, de toute leur carrière : affiches, photos, couvertures d’albums, etc. Pour rester en famille, elle est signée Klaus Voorman.

Klaus Voorman, c’est un copain des Beatles depuis leurs tout débuts. Lorsque les Beatles étaient en train de devenir les Beatles dans les rades pourris de Hambourg, ils ont rencontré des jeunes artistes locaux qui allaient se révéler extrêmement importantes dans leur histoire : Astrid Kirchherr, jeune photographe, qui allait être déterminante dans la création du “style Beatles” (en les convainquant de troquer leurs bananes contre une coupe “existentialiste”) ainsi que dans le son Beatles, en convainquant leur mauvais bassiste de vivre avec elle en Allemagne, donc de quitter le groupe, qui allait du coup d’un quintette devenir un quartette, et changeant à tout jamais l’histoire de la basse en la mettant entre les mains de Paul MacCartney. Et Klaus Voorman, ex de celle-ci, qui allait devenir un grand pote du groupe, se mettre à la basse lui même, et devenir plus tard le bassiste du Plastic Ono Band, le groupe de Lennon après les Beatles.

Avant ça, il aura eu un autre rôle important dans l’histoire des Fabuleux Quatre: c’est lui qui a créé la pochette de Revolver (dont j’avais déjà parlé ici) avec un collage de photos du groupe et de dessins proto-psychédélique les représentant. En plein milieu de tous ces Beatles, on trouve quelque Rolling-Stones, et en petit, dans un coin, sous sa signature, Klaus Voorman lui-même :

revolver-voorman.jpg

En 1995, pas con, le même Klaus Voorman aura l’idée simple et brillante de signer la couverture d’Anthology de la même façon, à savoir en collant sa tête dans le tableau. Il contournera la règle de n’utiliser que des images existantes en incluant la partie idoine de celle de Revolver, légèrement adaptée pour correspondre au Klaus Voorman contemporain :

anthology-voorman.jpg

Oui mais…

Klaus, c’est un artiste, mais ce n’est pas exactement un grand technicien. Hors, si on regarde la pochette d’Anthology d’un peu près, on se rend compte que c’est elle-même une peinture hyper-réaliste, et que ce n’est sans doute pas Voorman lui-même qui est responsable d’un tel niveau de détail. Effectivement, en cherchant un peu, on trouve un autre nom, celuis d’Alfons Kiefer, un peintre et illustrateur allemand contemporain, proche de Klaus Voorman, et plus habitué à ce genre à un rendu photo-réaliste. Ci-dessous, une photo des artistes : Alfons, c’est le joyeux moustachu. Klaus, c’est le barbu distingué.

AlfonsKlaus.jpg

Alors évidemment, lui n’a pas la chance d’être présent dans les documents d’époque pour pouvoir également s’inclure sur le portrait de famille. Dommage.

Vous ne trouvez pas, cependant, qu’Oscar Wilde a changé, depuis 1967 ?

wilde95.jpg

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Commentaires

1. Par martin, le 02/03/2018 à 03:22

You've got a point, Sherlock ! Durant tout ce temps tu étais donc occupé à scruter cet album à la loupe ?

2. Par xave, le 02/03/2018 à 10:59

C'est presque ça : j'étais occupé à m'installer. Ce faisant, j'ai affiché justement les trois albums en triptyque, version vinyle. Et en grand format, on y voit beaucoup mieux, j'ai donc repéré une tête qui n'était pas la bonne.

3. Par Notre Conscience, le 20/04/2018 à 10:38

Tiens, un billet ? (Oui, je ne consulte plus ce site qu'une fois tous les 3 mois.)
Rare, mais toujours aussi agréable à lire. Ca fait aussi plaisir d'avoir quelques nouvelles.
Chez nous aussi, la famille s'est agrandie, la nouvelle venue s'appelle Marion et tu connais très bien la marraine (et NON, nous ne nous sommes pas inspirés de la chanson de MaRDyCk pour le prénom).

4. Par xave, le 26/04/2018 à 11:27

Ué, j'ai entendu dire ça. Félicitations !

(Et même si ce n'est pas inspiré de. Tu y penseras quand-même de temps en temps. C'est malin.)

5. Par Notre conscience, le 11/07/2018 à 18:17

C'est la marraine qui a cafté j'imagine ?

De temps en temps, oui. Le principal, c'est que ça ne soit pas devenu un tube. J'espère que tu ne comptes pas sortir une compil prochainement ?

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