Cérémonie
Par Maha-ha viiiiie... - Lien permanent
La première fois après cette décision où j’ai bu un coup avec mon copain Plouga, il m’a posé cette question : “mais tu vas demander la nationalité avant de partir alors ?” Je n’y avais pas pensé. En tous cas pas cette fois-là : c’est quelque-chose qui m’avait traversé l’esprit à plus d’une reprise, mais effectivement, pas au moment où je prenais la décision de partir.
Mais pourquoi pas ? Bien sûr, j’ai déjà un passeport européen, donc je n’ai aucun avantage à attendre d’en avoir un second ; mais j’aime ce pays, je viens d’un coin où derrière la frontière, ce ne sont pas des étrangers : ce sont des cousins. Ma grand-mère était Belge. Trois de mes grands-parents parlaient flamand. Sentimentalement, ça avait du sens. Je n’avais aucun avantage à attendre, mais j’avais envie d’être Belge.
Alors j’ai déposé mon dossier. Ça a été tout un jonglage entre les papiers, les dates et les endroits où je me trouvais, mais je l’ai fait. On m’a dit “réponse dans les six mois”.
Au bout de quatre mois, j’ai reçu un papier me disant “votre carte d’identité est bientôt périmée, il faut venir en redemander une”. La dite carte proclamait fièrement “valable jusqu’en 2021, je me suis dit que quelque-chose se passait. Alors j’ai fait un tour à Bruxelles, pour m’occuper de ça, en me demandant ce qu’il y avait derrière : avais-je une dernière démarche à accomplir ? Allait-on me donner une date pour une cérémonie où je serais allé chanter la Brabançonne, prêter serment d’allégeance au roi et recevoir mon diplôme de Belge à encadrer sur ma cheminée ?
Je suis arrivé au comptoir, j’ai tendu le papier que j’avais reçu. La dame a regardé mon dossier sur son ordinateur et j’ai eu droit à ma cérémonie d’intronisation à la Belgitude :
Sans détourner les yeux de son écran, elle a souri et elle a dit “ah, félicitations.”
Commentaires
Je t'envie. Mais tu n'es que peu belge. Tu es avant tout bruxellois. Nuance.
C'est ce que je passe mon temps à expliquer aux amis qui ne connaissent pas encore Bruxelles : sont Bruxellois les gens qui aiment cette ville et qui y habitent, point final, et c'est aussi simple que ça. Le slogan de la STIB après les attentats (#BruxellesCEstNousTous) n'a fait que souligner une évidence.
Et moi aussi, je veux les félicitations de la dame, même si ça doit me prendre vingt ans. Toi et Plouga m'avez offert plein de moments de respiration dans cette ville, maintenant c'est mon tour. Depuis le 31 décembre, je me mets en ordre de marche pour que ce soit le cas.
(En revanche, je suis triste pour toi que tu n'aies pas eu le bon goût d'aller chercher des frites chez Antoine, pour célébrer ta nouvelle nationalité. C'est moche.)
Pas d'accord. Bruxellois d'accord, mais Belge aussi. Pas pour les mêmes raisons, pas de la même façon. Je n'aurais sans doute pas fait la démarche sans cet attachement familial et culturel à ... la Flandre.
Sinon, OK, je vois. Tu attendais juste que je me casse, quoi ? C'est beau, l'amitié.
Et pour mes dernières frites, je me suis dit que j'allais éviter qu'elles soient mal cuites.
Hello,
Procédure marrante, moi-même je chéri mes papiers de ma seconde nationalité. La photo de l'article est alléchante, il y a des bonnes frites à manger à Brest aussi, sans la mayonnaise bien-sûr mais quand même. Si ça te dis je t'emmènerai volontiers goûter ça, envoie-moi un e-mail!
Un lecteur curieux.
Pauvre naze. Je veux être bruxellois et pouvoir vous inviter, Plouga et toi. C'est pas de l'amitié, ça ? (En revanche, quand vous viendrez, on ira manger de bonnes frites, hein).
contente que tu donnes à nouveau des nouvelles sur cette page, et heureuse pour toi !