Jalousie

Elle et moi avions un contrat moral très libre, c'est un pré-requis quand on a une relation à des centaines de kilomètres de distance. Elle a sa vie, j'ai la mienne, et notre bonheur, c'était de nous retrouver pour faire des choses ensemble.

Quand je dis contrat moral très libre, c'est que forcément nous avions tous les deux une vie dont l'autre ne faisait pas partie, des activités, des sorties, des copains que l'autre ne partageaient pas forcément. Et nous étions d'accord dès l'origine que cette séparation était un bien et qu'elle nous permettait de profiter des opportunités en pensant à soi avant toute chose. Dans ce contrat là, nous avions théorisé l'éventualité de se retrouver face à des opportunités dont on ne profite habituellement pas lorsqu'on a quelqu'un dans sa vie. Même celles là, nous étions d'accord pour les saisir si vraiment elles nous faisaient envie.

Et jamais je n'ai ressenti la moindre jalousie. J'étais heureux et fier qu'elle puisse vivre sa vie en sachant qu'elle était quelque part et qu'elle pensait à moi. Dans la pratique, les opportunités dont je parle au dessus ne se sont jamais présentées, ou en tous cas n'ont jamais semblé apporter plus que ce que nous avions déjà dans notre relation, mais je crois que je l'aurais supporté sans problème, puisqu'elle m'aimait.

Aujourd'hui qu'elle ne pense plus à moi, c'est différent : Je suis jaloux de ses collègues, je suis jaloux des copines avec qui elle peut aller boire un verre, je suis jaloux du voisin qu'elle croise dans l'escalier, et l'idée de savoir qu'elle sera un jour, ou qu'elle est peut-être déjà, dans les bras d'un autre me rend complètement fou.

Je ne suis même pas capable de répondre à cette question : qu'est-ce qui m'est le plus insupportable ? Vivre sans elle ou savoir qu'elle vit sans moi ?

La jalousie me brûle les tripes et me donne envie de hurler.

Commentaires

1. Le vendredi 23 mai 2008, 22:45 par gilda

Pour deux cas combinés et différents je me reconnais très fort dans ce que tu écris.
Pour l'un des cas sans parler vraiment de jalousie, il m'est arrivé très fort de me dire, si seulement j'étais sa libraire.
Nous nous verrions encore.
Et même presque souvent.
Et on parlerait de livres (ce qui me manque tant).

2. Le samedi 24 mai 2008, 19:23 par julie70

On ne peut hélas pas s'aimer librement, sans jalousie, avec trop de liberté et distance, ou alors l'un souffre, sinon les deux, sauf si c'est très temporaire ou très superficiel,

On peut ne pas être jaloux tant qu'on est sûr que nous sommes aimés, mais aussitôt que une fissure apparait, la jalousie aussi, et hélas, souvent les fissures s'agrandissent de plus en plus.

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