Milford Sound

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Réveil assez tôt une fois de plus : Nous pensions hier avoir à faire ce matin la route vers Te Anau -Deux heures quarante cinq d'après notre tableau des temps de parcours- mais je me suis souvenu hier soir tard qu'en réalité c'était juste un peu plus haut et que la table sus-mentionnée indiquait plutôt cinq heures de route, et nous devons y être en tout début d'après-midi.

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Du coup le campement était replié quelques minutes après mon réveil et, malgré mon café, je vais conduire un certain temps avant de réellement émerger. Heureusement, j'ai fait un repérage puiqu'il s'agit de la route que nous avons parcourue hier pour rentrant de randonnée (oui, ces trois heures là.)

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Après un bref arrêt à te Anau pour faire le plein et acheter des sandwiches (il y a dans ce pays autant de franchises Subway au mètre carré que de Starbuck à New York) nous continuons à remonter tout droit[1], passons trois heures après notre départ au niveau de l'abri où nous avons attendu la navette hier, pour arriver trois quarts d'heure plus tard à Milford sound, fiord magnifique et humide : Six mètres de pluie par an, une des pluviométries les plus fortes de la planète. C'est à dire tout simplement qu'il y pleut en permanence (sauf un jour tous les trois ans, c'est à ce moment là qu'ils se dépêchent de faire les photos pour les prospectus[2].)

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D'abord, la route pour y arriver est absolument magnifique. L'endroit se termine en venant de la mer[3] par un mur de montagnes infranchissables pour les vents chargés d'eau qui arrivent de la Mer de Tasman et qui le seraient aussi pour l'homme, ne serait un long (et assez inégal) tunnel perçant l'une d'elle.

Une fois passé ce tunnel, on se retrouve d'une part sous la pluie, d'autre part cerné de montagnes abruptes sur les flancs desquelles serpentent des centaines de cascades gigantesques.

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On arrive enfin à Milford Sound, l'agglomération : Population 170 habitants. Mais où les mettent-ils ? Il y a un aérodrome, un café, un parking et l'embarcadère. Et il pleut.

Nous délaissons l'aérodrome, nous laissons la voiture au parking, nous allons nous réchauffer au café avant de marcher vers l'embarcadère, sous la pluie.

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Après un peu d'attente, qui laisse à Julie l'occasion de râler contre le panurgisme des gens en file qui n'attend pas, nous embarquons pour quelques heures de balade dans les fiords. C'est encore une fois un spectacle qui ne rentre ni dans mon appareil photo, ni dans mon vocabulaire. Ici en plus, tout est rendu irréel par la pluie et la brume. La pluie qui nous vaut, semble-t'il, encore plus de cascades que d'habitude, et qui me vaudra au terme de trois heures d'excursion, d'être trempé des pieds à la tête puisque je vais passer la presque totalité du temps sur le pont (Julie, moins bête, rentrera admirer le spectacle de l'intérieur après la moitié du trajet.) Si la pluie n'avait pas suffit, les cascades sous lesquelles va directement passer le bateau auraient fini le travail[4].

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Nous avons eu l'occasion d'admirer des phoques en train de se prélasser et des pingouins[5] à crête, mais ce que j'ai vraiment aimé, encore une fois, c'est sentir le pont bouger sous mes pas. Et ce encore plu que la dernière fois puisque le bateau est de beaucoup plus faible tonnage que le précédent et qu'il fera une boucle en dehors du fiord, en Mer de Tasman, qui présente en cet endroit un relief intéressant.

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Au retour, après examen de l'agenda prévu, nous décidons que notre route pour aller à Dunedin passera par la côte sud, puisque finalement nous avons le temps et qu'elle est parait-il beaucoup plus jolie que la route directe. Plutôt que de camper un peu en dessous de Milford Sound, nous descendons donc au plus vite vers Te Anau (où nous croisons dans un supermarché une copine de Jean-Phillipe qui a également fait la randonnée, le monde est petit) et nous réussissons ensuite à descendre jusqu'à Tuatapere, étape improbable, village un peu perdu où quelque part, au fond d'une rue, quelqu'un a transformé son jardin en terrain de camping.

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Sous la pluie battante, la patronne du lieu est étonnée de nous entendre demander un emplacement pour planter la tente : Je ne dis rien, mais un cabanon, c'est à peine $2 de plus, et c'est sec. Bon, vu comme ça.

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N'empêche que dans le cabanon, Julie va finir par dormir par terre avec son matelas de camping : elle n'aime pas les lits mous, ni avoir un toit. Finalement, on s'habitue bien à la tente.

Je me suis rendu compte aujourd'hui que, pour la première fois, à aucun moment de mes vacances je n'ai eu le mal du pays. Ça fait quinze jours que nous sommes là et je n'ai absolument pas la moindre envie de rentrer.

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Notes

[1] Je trouve fascinant qu'après une heure et demie de route pour aller de Te Anau à Milford Sound, il n'y ait qu'une seule possibilité : refaire la route dans l'autre sens. On n'a pas l'habitude de par chez nous de ces routes qui ne servent à aller qu'à un seul endroit (ni de ces endroits pour lesquels il n'y a qu'une route, dont on ne peut partir que dans une seule direction.

[2] Ou que certains avec le cul bordé de nouilles passent dans le coin.

[3] Et donc commencent, quand on arrive. Vous suivez ?

[4] Une cascade hier puis deux aujourd'hui. Ma surprise, c'est que, contrairement à ce que j'aurais imaginé, se prendre des milliers de mètres cube d'eau sur la tête n'a absolument rien de brutal, ça ressemble même plus à un brumisateur qu'à une douche.

[5] Oui, des manchots, je sais.


Trajet du jour/total : 512/3026km
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(L'aller peut être comparé au trajet d'hier, pour rire.)
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