Routeburn Track, jour 2

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La peste soit des allemands ! En tous cas du groupe qui parle fort dans les dortoirs alors que tout le monde essaie encore de dormir. À côté d'eux, le ronfleur qui nous as emmerdé la nuit passée était presque sympathique.

Du coup, nous mêmes sommes levés assez tôt pour prendre le petit déjeûner (vous ai-je dit qu'il existe du café au lait concentré sucré en tube ? Oui.) Et lorsque nous nous sommes mis en route, un peu avant neuf heures, beaucoup de gens dormaient encore ou se levaient à peine.

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Le premier constat de la journée, c'est que ces montagnes sont très mal organisées : il faut parait-il une vingtaine de minutes pour que le corps trouve son rythme, soit. Mais alors pourquoi faut-il que ces vingt minutes là se fassent en montée ?

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Pendant la première heure, c'est par paliers : Ça monte beaucoup, ça monte un peu, ça monte beaucoup, ça monte un peu, et ainsi de suite. Ça a des inconvénients évidents mais ça a aussi ses avantages : le paysage est de plus en plus grandiose (ou tout autre superlatif qui vous sierra, vous savez que je suis à court.) Il ne faut pas longtemps avant que nous puissions toucher la première neige (rappel à ceux qui ne suivraient pas : ici, c'est l'été.) Ce qui m'emplit toujours d'un plaisir enfantin. Tout comme me rappellent mon enfance (dont j'ai peu de souvenirs) les promenades en montagne, le fait de gambader sur des rochers et le goût de l'eau qui coule directement depuis les neiges éternelles qui fondent un peu plus haut.

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Au bout d'une heure et demie, nous arrivons à un refuge intermédiaire, endroit idéal pour poser ses sacs avant de faire une boucle sur un sommet un peu plus haut. Cette partie là est annoncée comme étant fermée pour cause de neige, mais nous avons vu un groupe s'y diriger, nous décidons donc de tenter le coup. Notre tentative tourne court, cependant : Nous pouvons passer à côté de la première plaque de neige, au travers de la seconde, mais la troisième semble s'étendre jusqu'au sommet et mes espèces de baskets à grosses semelles, même si elles outrepassent allègrement leur inaptitude à la randonnée, trouvent ici leur vraie limite ; Pas question d'aller plus haut, retour au refuge, où avant de repartir, nous croisons d'autres marcheurs qui eux aussi vont tenter l'ascension, mais qui ont sans doute plus de chance de réussir, sortant de leur sac pantalons isothermes, chaussures à crampons, bonnets, gants et bâtons de randonnée. Nous sommes réellement des amateurs.

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À propos de refuge, j'avais déjà cru remarquer une nette différence entre le chalet pour la plèbe et celui réservé à ceux qui se déplacent avec un guide : Grande baies vitrées, beaucoup moins spartiate, bien mieux éclairé, et pas de couvre-feu à 22h. Si ça se trouve, ils avaient même des vraies chambres. Ça se confirme ici : les deux petits abris sont côte à côte, mais là où le normal se résume à une boite avec deux bancs, qui sent les pieds et dont la place est limitée parce que les toilettes occupent une partie de l'espace, celui d'à côté présente des banquette confortables, une table, un plan de cuisine avec un chauffe-eau et une guitare qui attends sagement un éventuel musicien de passage...

Nous reprenons la route entourés de paysages toujours aussi exceptionnels mais de moins en moins visibles :Tout le monde nous avait prédit pour aujourd'hui un temps aussi ensoleillé qu'hier, mais nous avons au sens littéral la tête dans les nuages. Lorsque nous finissons par nous arrêter pour manger, c'est dans une purée de pois assez compacte. Ce n'est qu'après coup que nous comprendrons que nous étions exactement à l'endroit où la carte nous promettait un superbe point de vue. La portion suivante est beaucoup plus facile que la précédente, sur laquelle nous commencions à peiner. Il faut dire qu'il est beaucoup plus facile d'avancer en descente le ventre plein qu'en montée à jeun.

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Tout au long de la randonnée, le sentier est bien marqué, voire trop : par moment, particulièrement sur des sols susceptibles d'être trop boueux, les portions de chemin en bois sur pilotis ressemblent exactement à la façon dont j'ai toujours imaginé les expéditions dans Un Coup de Tonnerre, de Bradbury. À d'autres endroits pourtant, les sentier est tout trouvé : c'est le lit du ruisseau qui passe par là.

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À chaque fois que nous croisons d'autres randonneurs, ayant en tête la conversation que nous avons eu hier à propos d'équipement de randonnée avec Jean-Philippe, qui a beaucoup plus d'expérience que nous sur le sujet, je ne peux m'empêcher de comparer mon sale t-shirt et mes pauvres baskets[1] à leur équipement qui s'échelonne de vrai équipement bien meilleur que le mien à je ne fais rien d'autre que des randonnées de tout mon temps libre et je dépense tout mon argent à acheter l'équipement au top pour faire ça correctement. Du coup, je me demande si j'ai l'air très courageux et décontracté ou juste très con (je penche pour cette seconde hypothèse.)

Le ciel finit par se dégager suffisamment pour confirmer que la forme aperçue plus bas dans la brûme est bien le lac sur les rives duquel nous dormirons ce soir. La vue est jolie mais nous en profitons peu : le terrain est difficile et nous devons regarder nos pieds. Ça se calme bien à un moment, mais alors nous entrons dans une forêt[2].

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Cette forêt là est remplie d'arbres torturés et recouverte de mousse des rochers aux cimes. Il n'est pas étonnant que les scènes extérieures de Fangorn aient été tournées pas loin d'ici par Peter Jackson. De manière générale, depuis qu'il a donné une identité visuelle forte à la Terre du Milieu, chaque pas que nous faisons dans ce pays donne l'impression d'être immegé dans le film. Je réitères ce que je disais il y a quelques jours : je ne suis pas du tout venu en Nouvelle-Zélande pour faire un pélerinage Lord of the Rings, mais pour celui qui est fan absolu du film, la destination est obligatoire (mettons pour celui qui est fan absolu du film et qui peut se payer le voyage.)

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Sur les rives pleines de rochers du lac McKenzie, Hormis un speech du gardien[3] et un feu dans le poële, la fin de la journée ressemble à celle d'hier : on flâne, on bouquine, on discute. Julie s'ennuie un peu parce qu'elle a fini son bouquin ; J'ai fini le mien aussi, mais j'en avais pris deux. Pas grave, elle va s'adonner à sa nouvelle passion coupable : jouer au solitaire sur mon PDA.

Et puis à dix heures, extinction des feux. Au lit !

Notes

[1] Julie a de bien meilleures chaussures, mais est comme moi habillée en tout coton, qui garde bien l'humidité de la sueur (idéal au milieu des vents montagnards) et son sac à dos "de ville" est moins sympa pour les épaules que le mien.

[2] Où j'aurais aussi bien pou continuer de faire attention où je marchais, ça m'aurais éviter de m'étaler et de me bousiller le poignet sur un rocher.

[3] Qui nous feras un vrai show, même si je n'ai retenu que Demain matin en vous levant, si vous regardez vers l'ouest et que vous ne voyez pas les montagnes, ça veut dire qu'il va pleuvoir. Si vous regardez vers l'ouest est que vous voyez les montagnes, ça veut dire qu'il va pleuvoir !.

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