David Gilmour en concert, au Grand-Rex, à l'Olympia et au théâtre antique de Vienne.
Allez, finalement, vous l'avez bien deviné : c'est Gilmour que je suis allé voir, et plutôt deux fois qu'une.
Dans le petit monde des fans, on se tient au courant, on savait donc depuis longtemps que son album allait sortir et qu'il allait partir en tournée. Quelques jours avant que les places n'entrent en vente, on a appris les dates et les lieux. On savait qu'il fallait se tenir à l'affut, parce qu'il n'avait pas l'intention de faire la tournée des stades, mais bien de se produire dans des salles à taille humaine. Ça veut dire beaucoup de choses, ça veut dire entre autres qu'il n'y aurait pas de places pour tout le monde.
J'étais donc le nez dans le guidon pour acheter mes places dès qu'elles seraient disponibles. J'avais regardé les dates : En France, il ne jouait que deux soirs, tous les deux à Paris : au Grand Rex d'abord, puis le lendemain à l'Olympia. Pour moi, ça a été vite réfléchi : ça serait l'Olympia, parce que c'est l'Olympia, merde !
Le jour de la mise en vente, je fonce sur le site, hop, j'ai mes deux places (J'invite julie), à cher (Partant du principe que ça n'arrive pas tous les jours[1], j'ai pris les places les meilleures places, donc les plus chères. Une bonne chose de faite !
C'est à ce moment là que les autres membres d'Alwijn (mon groupe, hommage aux vieux Floyds et aux morceaux de trente minutes, c'est bon, mangez-en) me joignent pour me dire Hé, on va voir Gilmour au Grand-Rex, tu viens avec ?
Ah les cons !
Je me suis vite laissé convaincre. En 2002 déjà, allant voir un des deux concerts qu'il avait donné à Paris, j'ai regretté de n'en être allé voir qu'un. C'est un budget non prévu mais basta, comme je viens de l'écrire, ça n'arrive pas tous les jours.
Nous voilà donc début mars au Grand Rex, salle absolument kitchissime que je découvre et que j'adore au premier regard. Ce que découvrent tous les autres, c'est le dernier album du monsieur, sorti une semaine plutôt, et que visiblement je suis un des rares à connaître déjà par cœur (à trois ou quatre écoutes par jour, en une semaine, j'ai eu le temps de l'apprécier.) Commencer un concert par une heure de musique nouvelle que les gens qui viennent pour écouter les vieux morceaux ne connaissent pas encore, ça demande des couilles, certes, mais ce n'est pas avec ça qu'on se met obligatoirement le public dans la poche. Même moi, qui suis pourtant déjà fan de ces morceaux, ce n'est pas ce que je viens écouter.
Ce que je viens écouter, c'est la deuxième partie, et là, c'est un régal : une version de Shine on you, crazy diamond où il a enfin osé modifier l'arrangement, Fat Old Sun, un classique du répertoire scénique du floyd jusqu'à ce qu'il disparaisse de la set-list, il y a trente-cinq ans. Dominoes, un morceau de Syd Barrett en solo, High Hopes[2] Et le morceau de résistance : Echoes.
Echoes, le morceau le plus énorme de la carrière du Floyd ; Plus de vingt minutes de progression en intensité, le morceau qui à lui tout seul a présidé à l'invention du terme rock planant, qui va de l'éthéré et aérien au bruit et à la fureur la plus animale, pas une minute de ce monstre n'est de trop. D'ailleurs, il y a plutôt des minutes de pas assez : il manque des bouts dans cette version, et les trois membres d'Alwijn présents trouvent que nous le jouons mieux... Mais ce n'est pas grave : Nous avons entendu Echoes joué et chanté par Gilmour et Wright, et rien que ça, ça valait le déplacement.
Le lendemain à l'Olympia, rebelotte. Par contre, je me retrouve avec une moins bonne place, moi qui la croyais meilleure. Pas grave, les concert est bien. Moins bon que la veille, tout le monde y va de sa fausse note, Gilmour a la vox qui racle un peu, et même la technique s'y met, qui nous vaut l'interruption d'un morceau en plein milieu à cause d'un larsen qui s'installe... Du coup, quand Gilmour reprend le morceau, histoire d'éviter les redites, voilà qu'il part dans des improvisations délirantes. Et c'est bien la marque de ce concert : histoire de compenser les faiblesses techniques (nous ne sommes qu'au tout début de la tournée, ils ne sont pas encore chauds, mais en plus ils ont visiblement passé la nuit à faire la fête : ils sont bien moins carrés que la veille,) l'ambiance est excellente tout au long du concert, et on sent vraiment qu'ils s'amusent.
Gilmour est tout content d'utiliser son français (Merci beaucoup, vous ètes très gentils !
et déconne entre les morceaux, le public lui chante Happy Birthday en cœur, et nous avons même eu droit à une surprise : Ayant appris que Sam Brown (l'interprète de Stop et choriste de Pink Floyd de mère en fille) était en ville pour accompagner un autre concert, il l'a invitée pour un Great Gig in the Sky impromptu. Rah, tout ça était trop bon, mais trop court !
D'ailleurs ... J'ai dit Plutôt deux fois qu'une
? Ah non, tiens, trois fois, c'est encore mieux. Alors que la tournée avançait et qu'il étauit manifeste d'après les echoes qu'ils jouaient de mieux en mieux, on a appris qu'il allait ajouter quelques dates en été, pas des masses, mais suffisament : il y en a une en France, au théâtre antique de Vienne. Et pour ceux qui ne sont pas au courant, depuis Pink Floyd à Pompeï, écouter Echoes dans un théâtre antique, c'est le rêve du fan qui se respecte.
Alors j'ai pris deux jours de congé, et j'y suis allé, et j'ai bien fait : en dehors même du cadre, j'ai vu à peu près le même concert qu'il y a quelque mois, mais mieux. Effectivement, ils se sont sévèrement échauffés depuis mars, et ça se sent à tous les niveaux : ils sont plus carrés, il prennent plus de libertés, et on sent le plaisir qu'ils ont à jouer. Ils ont complètement pris en main les nouveaux morceaux, et les anciens sont énhaurmes ! Gilmour nous fait des solos à la Townshend, ils jouent Arnold Layne, qu'ils n'avaient pas joué sur scène depuis la fin des années soixante, pitaing - ça fait une paye - et en font un morceau qui remue sévère.
Et puis il y avait Echoes, et c'était un monstre. En mars, nous nous étions dit que nous le jouons mieux ; c'est terminé. Bien sûr, il y a encore l'un ou l'autre bout de solo qui me manque, mais le morceau a récupéré les minutes qui lui manquaient. On sent que depuis le début de la tournée, ils se le sont réapproprié, il y a maintenant des choses dedans qui ne sont pas dans les versions des années 70, et c'est une super claque.
Oui, il n'y a pas à dire, c'était mon meilleur concert de Pink Floyd ... Et là vous me dites : Non, c'était un concert de David Gilmour.
Mouais, c'est une façon de voir les choses... N'empêche que par rapport aux vingt dernières années et à tous les concerts du Floyd que j'ai vus, la seule différence, en dehors du gigantisme et des morceaux obligatoires [3] la principale différence entre ce concert et un concert de Pink Floyd, c'est le batteur, et écoutez un peu le son du groupe : vous trouvez que c'est la batterie qui est caractéristique ?
Notes
[1] mais vraiment pas alors : il y a quatre ans, il a donné cinq concerts, l'année d'avant un, et sa précédente tournée en solitaire date de 1984.
[2] J'ai eu l'occasion d'entre plusieurs versions différentes de ce morceaux : grandiose en studio avec l'orchestre par derrière, live et énorme par la grosse machine du FLoyd, cette tournée de Gilmour, mais la version la plus extraordinaire, pour ce morceaux qui est le morceau le plus parfait qu'on puisse rêver pour cloturer le dernier (au sens dernier, pas plus récent) album du Floyd est celle des concerts de Gilmour de 2002 : pas de synthé, un chœur gospel, un piano, un violoncelle et une clarinette, gah.
[3] Et ça ne me dérange pas : Another Brick est loin d'être le meilleur morceau du Floyd, et les petites salles, c'est beaucoup plus proche de l'ambiance du Floyd de la grande époque.
Publié le 09/08/06, dans la rubrique lez'Arts.
(lire d'autres billets sur : Pink Floyd spectacle vivant )
Commentaires
1. Par Vincent, le 11/08/2006 à 11:31
2. Par michel catelin, le 13/08/2006 à 21:42
3. Par good, le 14/08/2006 à 10:40
4. Par Yannou, le 15/08/2006 à 00:48
5. Par Chtif (chroniques rock), le 16/08/2006 à 13:20
6. Par amatalie, le 06/09/2006 à 21:18
7. Par xave, le 06/09/2006 à 21:40
8. Par pierro, le 29/09/2006 à 22:43
9. Par pierro, le 02/10/2006 à 14:21
10. Par xave, le 02/10/2006 à 14:24
11. Par Pierro, le 14/10/2006 à 20:15
12. Par boubou, le 14/09/2007 à 00:02
13. Par CAT, le 16/01/2008 à 21:59
14. Par xave, le 16/01/2008 à 22:08
15. Par matteo, le 27/03/2008 à 16:27