Métaphore

Il fait froid dehors

Pink Floyd (et assimilés) sur scène.

J'ai découvert Pink Floyd (et en règle générale la musique) en 1985, ce qui était un très mauvaise année : le groupe, après un dernier album que beaucoup ont jugé décevant, ou en tout cas indigne des monuments qu'ils avaient produits par le passé, était considéré comme mort. Je le découvrais donc sur le tard, sur le trop tard, et j'allais me résoudre à adorer un dieu empaillé, j'avais raté le monument sur scène (car d'une part oui, je suis un adorateur inconditionnel, c'est quand même pratique d'être fan du meilleur groupe du monde. Et d'autre part, mes lectures m'ont vite appris que le Floyd sur scène ne ressemblait à rien d'autre et que ne connaître d'eux que leur œuvre enregistré n'était qu'approcher ce qui les rendait uniques.)

Et puis finalement, j'ai eu plutôt de la chance, pour quelqu'un qui s'était résolu à ne jamais les voir en concert : quelques mois plus tard, les magazines faisaient état de rumeurs qui annonçait un nouvel album malgré le départ de l'auteur compositeur principal du groupe, puis les rumeurs se faisaient annonces officielles, et la tournée allait suivre. Au fil des années, j'ai eu l'occasion de les applaudir en 1988 à Montpellier, en 1989 à Bercy, en 1995 à Montpellier encore, et la même année à Werchter.

Après, en tant que groupe, il se sont plutôt calmés, malheureusement, ils ont disparu des écrans. Mais quelques années plus tard, voilà qu'il a été question de scènes en solo. Depuis, j'ai eu l'occasion en 2002 d'aller voir Gilmour au Palais des Congrès de Paris, Waters au Sportpaleis d'Anvers, et quelques mois plus tard à Wembley.

Cette année, les voilà encore tous les deux sur la route, Waters dans une superproduction toute floydienne, avec Mason en guest-star et beaucoup de remplaçants pour le chant et la guitare de Gilmour (et une bande sonore de remplacement pour sa voix à lui.) Mes finances n'étant pas sans limites, il fallait faire un choix, mais de quel côté aller ?

Bien sûr, il y avait le symbole : Waters qui joue avec Mason après vingt ans de disputes par avocats interposés, mais ce symbole là, je l'avais déjà eu à Wembley il y a quatre ans. Et puis c'est un symbole, pas de la musique, alors essayons de comparer :

D'un côté, nous avons Waters qui joue dans des sites et des festivals énormes, alors que Gilmour joue dans des petites salles, beaucoup plus proches de ce qu'étaient les salles où le groupe jouait à la grande époque : une réelle communication avec le public, et des gens assis pour écouter de la musique, pas sautillant pour faire la fête avec de la bière.

D'un côté, nous avons Waters qui a invité Mason, recréant la fabuleuse section rythmique tant vantée de Pink Floyd ! Nan, c'est ironique : Waters est un bassiste plutôt correct, mais dont le jeu a toujours été assez basique. Mason pour sa part a été un très bon percussionniste pendant les premières années du groupe, mais n'a rien fait par la suite pour se faire remarquer.) À côté de ça, il a engagé des tas de gens pour rejouer ce qui fait vraiment le son du Floyd : les guitares, les claviers, la voix de Gilmour (parce que Waters n'a jamais été le vocaliste principal du groupe : sur les neuf morceaux de Dark Side qu'il joue sur scène, il ne chante que sur les deux derniers, et des fans ont remarqué que la moitié de ses prestations vocales sont préenregistrées. Oui, le vieux Roger fait du playback, comme Britney Spears.) Gilmour qui lui ne s'embête pas trop : il a sa propre voix, il a sa guitare, et pour bien faire, il a emmené sous le bras Richard Wright, le claviériste (et un peu l'âme musicale) de Pink Floyd, ainsi que les cordes vocales d'icelui, pas suremployées, mais irremplaçables. Comme seconds couteaux, il a le bassiste et le claviériste qui jouent avec le Floyd depuis vingt ans, histoire de ne pas dénaturer le son.

D'un côté, nous avons Waters, qui a quitté le Floyd depuis plus de vingt ans, qui affiche une set-list un peu ... rabâchée. Les mêmes morceaux que d'habitude, sauf que cette fois-ci, il nous colle un Dark-Side au complet (sans doute a-t'il oublié les remarques acerbes qu'il a eues lorsque ses anciens collègue ont fait de même dix ans avant lui.) Du coup, par manque de temps sans doute, il vire de sa set-list... ses propres chansons. À un ou deux morceaux près, sa set-list immuable est celle d'un best-of du Floyd d'avant qu'il s'en aille, les morceaux mille fois entendus, quoi. Et pourtant je vous jure que nous sommes plus d'un à espérer qu'un jour il jouera sur scène l'intégralité de son dernier album, qui est magnifique.

Côté set-list, Gilmour, débarrassé du poids qu'est la marque Pink Floyd, se fait plaisir : d'abord, il joue son dernier album en entier (alors qu'il n'est pas dit qu'une majorité du public l'aie entendu au moins une fois.) Ensuite il joue du Floyd, oui, mais pas forcément les morceaux normalement indispensables dans un concert de Pink Floyd, non, simplement ceux qu'il aime bien. Et ceux qu'ils aiment bien, parfois, ce sont des morceaux pas joués sur scène depuis plus de trente-cinq ans, voire jamais joués du tout. Et avec suffisamment de choix en plus pour n'avoir pas les mêmes morceaux d'un soir sur l'autre, c'est un peu suivant l'humeur du jour.

Voilà donc le choix cornélien que j'ai du faire : aller voir un groupe de reprises de Pink floyd (mais avec des vrais bouts de bassiste de Pink Floyd dedans) avec des dizaines de milliers de personnes pour écouter des morceaux que j'ai déjà entendu et réentendus ? Ou aller voir un concert d'un groupe qui hormis le nom et le batteur est Pink Floyd et qui joue dans des petites salles des morceaux que je rêvait d'entendre sur scène depuis des années ?

Rendez vous bientôt pour la réponse.

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Commentaires

1. Par stoneweb, le 03/08/2006 à 16:22

Alors ?

Vienne, Florence, Venise ou Gdansk ?

Je sais cela fera encore des kilomètres ...

2. Par Rod, le 09/08/2006 à 15:42

J'ai vu Pink Floyd en 1994 a Strasbourg au Stade de la Mainau. J'ecoute ce groupe depuis que j'ai l'age de 4 ans (j'en ai 30) ... crois moi, meme sans Waters, c'etait génial. Que Waters se croit indispensable à un concert floydien, c'est ne jamais avoir écouté en live l'intro de Shine on you Crazy Diamond :) Quant à ton choix cornélien, aucun des 2 : si tu veux voir des concerts de haute qualité floydienne ... ARCHIVE :)

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