Métaphore

Il fait froid dehors

Fresh vitamins

photo: Petit déjeunerMalgré les coqs, le gamin qui pleure dans la chambre d'à côté et le folle des couvertures, j'ai plutôt passé une bonne nuit. Au petit-déjeûner continuent les bonnes surprises : bien sûr, nous ne sommes pas habitués à manger de l'avocat si tôt, mais quand il est aussi fondant et qu'il vient directement du jardin, quel bonheur ! Et le reste des produits est à l'avenant, qui sont pour la plupart également issus directement du jardin, où du cul des poules qui s'y promènent. Dommage que tout ça me soit servi avec du Nescafé, mais visiblement, si le café turc existe toujours (on le peut trouver ici ou là,) le café en Turquie, partout, c'est du Nescafé. La cafetière telle qu'on peut la trouver dans nos contrées a ici complètement disparu.

photo: Petit moi et mes œufs

Avant de partir, nous allons nous promener sur la plage, à 150 mètres de là, ce qui est surprenant quand on est arrivé de nuit par des routes de montagnes, nous ne l'imaginions pas si proche. En janvier et à cette heure-ci, c'est plutôt calme, et je résiste pour une fois à l'impulsion d'aller me baigner (ce que je fais d'habitude quand je vois une mer inhabituelle, histoire de ne pas m'être arrêté juste au bord, mais quoi ? C'est la Méditerranée, non ?) mais j'y ai ramassé force cailloux en forme d'œufs (ça va être pratique à ramener, ça, tiens !)

photo: cueillette d'orangesEt surtout, en revenant de la plage, Mehmet nous pose la question : Do you want some fresh vitamins ? Un peu que nous le voulons : le jardins est plein de citronniers et d'orangers. Pour moi, c'est Noël : je sais bien que les oranges poussent sur les arbres, j'ai même je crois déjà vue une orangeraie quelque part, mais là, ces arbres recouverts de boules oranges me font penser à des sapins de Noël : c'est une chose que de connaître leur existence, c'en est une autre que de les approcher, de s'y promener, et d'aller y cueillir directement les fruits sur la branche. Et pour ce qui est de cueillir, nous cueillons : ne voulant pas abuser, nous nous attentions à n'emporter avec nous que quelques oranges, disons suffisamment pour goûter, mais notre hôte a prévu un sachet énorme, et au final, c'est peut-être quarante ou cinquante oranges que nous emmenons avec nous, plus en tous cas que nous n'imaginons en manger d'ici à la fin du voyage, même si, il faut le dire, ce sont les meilleures oranges que j'ai mangées de ma vie.

photo: accueil félinIl est temps de se mettre en route, direction Phaselis : un ancien port romain. Arrivé sur place, pas facile de savoir où est le parking, puisque nous sommes visiblement la première voiture sur place, et ça explique sans doute pourquoi nous sommes l'objet de toutes les attentions : à peine nous sommes nous arrêtes que nous nous retrouvons entourés de chats de toutes tailles et de tous âges, qui visiblement on l'habitude de compter sur les touristes pour les nourrir. L'un d'eux ira jusqu'à aller explorer la voiture à la recherche de quelque chose qui se mange. Dommage petit, nous n'avons que des oranges !

photo: le gardienPhaselis, c'est joli : le site est tout petit : il y a une rue qui va d'un port à l'autre, et des bâtiments bordant cette rue. Mais il ne s'agit que de quelques centaines de mètres, pas plus. La ville a sans douté été plus étendue : un peu plus haut, on trouve un théâtre (et son gardien félin) et un tas de pierres qui a parait-il était l'agora, mais pas plus. Tout ça est à taille humaine, et envahi de verdure. Sans doute est-ce insupportable au plus fort de la saison, quand c'est envahi, mais aujourd'hui, nous sommes pratiquement seuls, et l'endroit est paradisiaque (attention tout de même à n'y pas rester éternellement : dans le sol d'un des bâtiments est une énorme citerne creusée dans le sol dont il doit être très difficile de se sortir si on y tombe (même à Termesos, la ville inaccessible à l'idée même de travaux, les citernes à ciel ouvert étaient grillagées.))

photo: la mer

Le reste de la journée est dévolu à la route : nous avons six cent kilomètres à faire d'ici à demain, avec une pause au milieu cette nuit. Ça peut paraître une distance assez courte pour ainsi la prévoir sur deux jours, mais en Turquie, le réseau autoroutier n'est pas encore au top, il faut donc imaginer six cents kilomètres sur des routes qui ressemblent plus fréquemment à des départementales qu'à des nationales. C'est long, et assez fatiguant. Par contre, ça permet de se rendre vraiment compte que la Turquie, ce n'est pas un pays : c'est plusieurs pays. Au fil des routes, les paysages défilent, tous plus magnifiques les uns que les autres, mais ils ne se ressemblent pas. On ne peut pas découvrir la Turquie en un voyage : il faut y revenir, et plus d'une fois. C'est trop énorme pour être embrassé en une seule fois.

photo: paysage de TurquieHistoire de briser la monotonie, Julie propose un arrêt à Isparta, qui est la capitale mondiale de l'essence de rose, qui est de plus ici surprenante, car différente de ce qu'on peut trouver chez nous, d'après le guide. Allons-y alors. Le problème, c'est que c'est une ville : aucun indication nulle-part ne permet d'imaginer où est le centre-ville, et lorsque nous le trouvons enfin à force de tourner, il n'y a bien entendu pas moyen de se garer : les rues du centre sont pleines de panneaux Interdiction de s'arrêter, et de gens garés immédiatement sous ces panneaux. En pays étranger, j'aime à m'adapter à la route telle que la voient les autochtones, mais là, c'est un peu trop pour moi : je ne veux rien faire qui soit sujet à verbalisation. Je tourne alors un certain temps avant, miracle, de trouver un bout de trottoir où il est permis de se garer, et où même une place est libre, il était temps : mon stress du tournage en rond tourne à plein, il faut que je décompresse.

Effectivement, il y a ici beaucoup de commerces d'essence de rose et dérivés. Julie regarde à quoi ça ressemble : À rien de surprenant. C'est exactement ce qu'elle s'attendait à trouver, et ça ne l'intéresse pas plus que ça. Bon, ben on s'en va alors ? Le temps d'acheter des simits[1], histoire de grignoter, et nous voilà repartis.

Alors qu'il ne fait même pas encore nuit, nous arrivons en vue du lac d'Eğirdir, un des plus grand lacs de Turquie (cinquante kilomètres de long, quand même.) La nature est bonne scénographe qui a entouré le lac de massifs montagneux : on arrive donc sur le lac du dessus, et le panorama est impressionnant. J'ai bien essayé de le prendre en photo, mais il y a quand même un camp militaire en plein milieu, il parait qu'il est interdit de les prendre en photo et qu'ils ne plaisantent pas forcément avec ça.

photo: un bout de lac d'Eğirdir

Arrivé sur la ville elle même, dans une ancienne île maintenant reliée à la côte, il est temps d'enfin se décider sur une question que nous nous sommes posée toute la journée : laquelle des deux pensions que nous avons pointées dans le guide allons nous choisir ? Nous avions décidé de choisir la première que nous verrions, mais elles sont pratiquement côte-à-côte... Bon allez, on va prendre celle dont le patron parle français, ça va nous reposer.

Sauf que bien entendu, le patron n'est pas là. Pas grave : il y a là un petit jeune qui parle anglais, mais le parle vraiment : là où nous avons rencontré tant de gens capables de parler anglais suffisamment bien pour communiquer, celui-ci est capable de discuter à bâtons rompus... Enfin, tant qu'ils n'a pas de charmantes asiatiques à se mettre sous la main, gibier beaucoup plus intéressant que nous. L'ambiance ici est sympa, très auberge de jeunesse : tout le monde se réunit dans la mezzanine et discute. Nous, cependant, sommes trop fatigués pour tenir longtemps, aujourd'hui, nous allons nous coucher tôt. Bonne nuit !

photo: à la pension à Eğirdir

Notes

[1] Petites couronnes de pain au sésame que quand t'as commencé, tu ne peux plus t'arrêter. C'est bon, cette cochonnerie ! Et il y en a paaaaaartout en Turquie.

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Commentaires

1. Par Pep, le 20/01/2006 à 22:05

Et pourquoi ne pas avoir choisi de truffer tes articles de photos de "ces petites couronnes de pain au sésame" ? ...

2. Par xave, le 21/01/2006 à 09:01

Parce que ça ne ronronne pas. Mais tu en verras, va.

3. Par FantomeDuPogo, le 22/01/2006 à 22:36

Ben voila, tu laches tout le monde 15j / 3 semaines et j'oublie de venir commenter. J'ai rattrappé mon retard en lisant tes billets de voyage.

Jolie région, ça me rappelle mes périples dans les cyclades, il y bien trop longtemps.

Ces vestiges, cette végétation et ces chats partout... Il me tarde d'y retourner.

4. Par Laurent, le 23/01/2006 à 10:01

Miaou.

5. Par xave, le 23/01/2006 à 10:39

Laurent> Et ben voilà, quand tu veux !

6. Par FantomeDuPogo, le 23/01/2006 à 19:04

Mon très cher Xave, ta maîtrise du français me laisse toujours pantois d'admiration. Aussi, je comprends que tu ne maîtrises que partiellement la langue de la perfide Albion. Il me coûte de te signaler une faute dans le titre de ce billet.

Tu as mal orthographié « Fresh vitamins ».

Je pense qu’il eu été préférable de parler de « vitamines fraîches ». Pourquoi tenter un anglicisme là où la langue française suffit ? Surtout que la Turquie ne me semble pas être un pays anglophone.

Tu prends quoi comme « croquêtes » pour ton chat, des croquêtes aux vitamines ?

7. Par xave, le 23/01/2006 à 19:37

Vexé, mon Dani-chou ? :)

Faute de frappe, bien sûr, comme l'indique bien l'orthographe correcte des autres occurences du mot dans la page. En ce qui concerne le pourquoi de l'anglais ici, c'est qu'il s'agit tout simplement de la VO : au retour de la plage, Mehmet nous a accueilli avec cette exacte phrase ; Do you want fresh vitamins ?

Et dans ce coin là, ils sont plutôt anglophones, si, si. Voire germanophones aussi, mais là, ça ne m'arrangeait vraiment pas.

8. Par FantomeDuPogo, le 23/01/2006 à 21:55

Mais non je suis pas vesqué. Tu nous as bien fait rire avec tes croquettes. Pour te dire la vérité, j'avais pas vu ton allusion à ton 1er commentaire. Heureusement, j'ai une décodeuse aussi pointue que toi qui m'a mis sur la piste.
Rassure toi, ça fait longtemps que je ne justifie plus mes fautes d'orthographe. Et puis j'ai lu pire que moi. Disons que je suis maladroit du clavier ;-)

Enfin tu vois, j'arrive encore à me faire plaisir avec pas grand chose. Le film de l'arroseur arrosé produit toujours le même effet sur moi.

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