Métaphore

Il fait froid dehors

Frère Benoit

Passé un certain age, si le matin tu n'as pas mal quelque part, c'est que tu es mort.
Notre vieille amie la sagesse populaire.

Mon dieu, m'exclame-je et m'interpelle-je, un mise à jour un lundi ? Qu'est-ce-à dire, quoi, qu'est-ce, quid ? Ben j'ai envie, quoi ...

Avec mes petits camarades, je joue de la musique. Il se trouve que je suis fan absolu de Pink Floyd et qu'un jour mon batteur préféré m'a présenté un de ses potes qui partage avec moi cette caractéristique et qui en plus est un guitariste assez balèze. Ainsi que je l'ai déjà raconté ici, j'ai su un jour ce qu'était le bonheur lorsque la deux ou troisième fois où nous avons joué ensemble a eu lieu le dialogue suivant : -Bon, on joue quoi ? -Euh ... Dark Side ? -Tu veux dire l'album ? -Ben oui. -Ok !

Depuis nous jouons régulièrement, et nous sommes en train de préparer notre premier concert. La question qui est maintenant posée est "allons nous rencontrer un public ?" Parce qu'il faut bien avouer que les morceaux de vingt minutes sont beaucoup plus difficiles à caser maintenant qu'ils ne l'étaient dans les années 70. Nous sommes à peu près certains qu'il existe un public pour ça (ne serait-ce que nous, si nous n'étions pas les musiciens), le tout est de le trouver.

Lors des dernières discussions, nous avons mis le doigt sur ce qui est je crois notre plus grande particularité : Nous jouons ce que l'on appelle du rock progressif, avec des morceaux qui durent plus de vingt minutes, et des morceaux plus courts qui deviennent plus long que ça si nous nous prenons à improviser, ce qui a tendance à nous arriver : il est des morceaux que nous n'avons jamais joué deux fois de la même manière. Ce qui est particulier, c'est que contrairement à tous les groupes ed rock progressif (je dirais bien la plupart, mais je n'ai pas trouvé de contre exemple, depuis trois jours que j'en cherche) nous n'avons pas de clavier, nous jouons en power-trio : une guitare, une basse et une batterie, ce qui est une formule tout à fait classique pour jouer du rock, du vrai qui tâche (Hendrix, ZZ-Top, Cream, les Who, une bonne partie du répertoire de LedZep ...), mais assez inédite pour ce genre de musique. Essayez seulement d'imaginer Dark Side of the Moon ou Echoes sans clavier ... Pourtant les deux pièces musicales que nous préférons jouer sont justement Dark Side of the Moon et Echoes, et ma foi, nous nous débrouillons.

Au départ, il n'était pas prévu de ne jouer qu'à trois, nous n'avions tout simplement pas de claviériste sous la main. Alors nous en avons profité pour apprendre à connaître le jeu les uns des autres ... Et puis nous avons rempli : les morceaux que nous avions envie de jouer nécessitaient qui un orgue, qui un piano, que nous n'avions pas à notre disposition. Du coup, nous avons bidouillé en nous redistribuant les tâches entre les instruments, et nous nous en sommes sortis. Bien forcés d'ailleurs, parce qu'entre les claviéristes qui ont mal au dos, ceux qui habitent à perpète, ceux qui veulent bien faire des concerts, mais pas de répètes, ceux qui disparaissent sans laisser d'adresse, nous n'avons pas eu d'autre choix que de continuer à trois.

Et donc nous nous retrouvons à être un power-trio qui joue du rock progressif. Et à tout prendre, nous adorons ça ... La formule est assez particulière, c'est une des raisons pour lesquelles elle nous plaît. Et comme nous avons la chance de réussir à prendre énormément de place à trois (parce qu'il faut bien dire quand même que nous tripatouillons nos sons plus qu'il n'est permis, les pédaliers d'effets existent pour qu'on s'en serve, non ?), nous n'allons quand même pas bouder notre plaisir.

Sans aucun rapport : J'ai des problèmes de dos. Enfin plus maintenant on dirait (je croise les doigts) mais cette dernière semaine a été assez horrible : il y avait un mouvement -je n'ai pas trouvé lequel c'était exactement- qui m'arrachait des larmes, tellement j'avais l'impression qu'on m'enfonçait des fourchettes dans la colonne vertébrale. On dirait que j'avais quelque chose de coincé qui s'est heureusement décoincé hier lors que je me tortillais sur une chaise pour que les enfants assis derrière moi puissent voir le spectacle (maj : c'est revenu. ouille). C'est embêtant, cela m'embête : Je commence à avoir mal tout le temps, un peu ici, un peu là .. rien qui m'empêche de vivre, mais pourquoi n'ai-je pas profité de ma folle jeunesse, quand je n'avais mal quelque part que lorsque je me cognais ?

Samedi soir, avec Julie, nous sommes allé à un happening, où il y avait des choses pas mal, des choses moins bien, et des courts métrages. Certains courts que j'avais vu une fois à Canal à la fin des années 80, et l'effet est particulier de les revoir ainsi des années après. Et un que je n'avais jamais vu sur un personnage un peu particulier que j'avais déjà vu de loin et au sujet duquel je m'étais posé maintes questions : le moine qui fait coucou aux voitures avec une colombe dans la main. Oui, ça a l'air bizarre, ça l'est. Il y a quelques années, en descendant vers le midi, nous sommes passés sous un pont au dessus duquel un individu étrange faisaient des grands signes aux voitures avec ce qui semblait être un oiseau dans la main. Le fait est amusant et nous le retenons, et voilà que l'année d'après, au même endroit, le même bonhomme faisait encore signe avec son oiseau. Assez sidéré de revoir une deuxième fois un spectacle assez particulier, nous ne l'oublions cette fois ci plus du tout. Et régulièrement -pas systématiquement, mais quand même plusieurs fois- nous revoyons le bonhomme du haut de son pont faire des grands signes aux autos. Et forcément, nous nous sommes toujours demandés de quelle espèce de secte il s'agissait.

Et voilà qu'un des courts métrages de samedi soir parle du bonhomme en question ... Il s'agirait d'un ancien moine qui a mal supporté un changement dans le fonctionnement de sa communauté, et qui l'a quitté pour devenir un sans-abri. Fort de l'idée que sur cette terre, certains doivent souffrir pour les autres (son idée, hein, Pas la mienne ...), le voilà parti sur les routes pour faire coucou aux voitures. Complètement barré, mais droit dans sa vision des choses. Un peu trop d'ailleurs, parce que visiblement, il oublie petit à petit toute justification pour ne plus faire que ce qu'il a fait la veille : faire signe aux automobilistes. Si jamais quelqu'un a des infos sur le sujet, je suis preneur.

Il faut aussi que je vous raconte un épisode amusant : il y a quelque temps de ça, Julie et moi devions nous retrouver un matin et je devais aller la chercher à la gare. La veille, je suis sorti, j'ai un peu bu, j'ai un peu oublié mon réveil où il ne fallait pas, le résultat étant que j'ai été réveillé par un coup de téléphone de Julie qui se demandait où j'étais. Elle m'en a un peu voulu, à juste titre d'ailleurs. C'est dire si ce week-end, comme je devais aller la chercher à la gare le matin tôt, j'ai fait très attention à bien mettre mon réveil, à me prévoir une marge de manœuvre, et à ne pas trop boire la veille. Aussi est-ce tout à fait sûr de moi que je me suis levé le lendemain matin. Et au moment où je commence à préparer mon café, voilà que Julie m'appelle. Je décroche : Ben t'es où ? Exactement la même question que la dernière fois. Je m'inquiète, jette un rapide coup d'œil à la plus proche horloge, je suis dans les temps pourtant ! Mais je ne suis censé venir te chercher que dans trois quarts d'heure ! -Non, c'était il y a dix minutes, mets ta pendule à l'heure ! -Mais toutes mes pendules donnent cette heure là ! effectivement, elle s'était levée une heure plus tôt, avait mangé, fait sa toilette, s'était rendue à la gare, avait pris un train, le tout avec une heure d'avance et sans jamais s'en rendre compte. Et bien ça lui ressemble parfaitement, et c'est tout le contraire de ce que moi je serais capable de faire. Et vous vous étonnez qu'elle me plaise ?

Par ailleurs, tant que je suis sur le sujet, et si je peux me le permettre en tout petit au détour d'un paragraphe sans donner de détails parce que mais en en touchant quand même un mot bicôz : Julie, quand même, quelle fille !

La prochaine fois, je vous chanterai une comptine.

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