je suis d'un autre siècle
La poésie, c'est ce qu'on rêve, ce qu'on imagine,
ce qu'on désire et ce qui arrive, souvent.
La poésie est partout comme Dieu n'est nulle part.
La poésie, c'est un des plus vrais,
un des plus utiles surnoms de la vie.
Jacques Prévert
J'ai une ex qui est très rigolote : la petite Albresá, je lui disais avant-hier encore que j'aimais beaucoup son anachronisme : à 19 ans, elle est physiquement et surtout stylistiquement l'imitation de Janis Joplin la plus réussie que je connaisse, devinez le genre de musique qu'elle écoute d'ailleurs... Je l'aime beaucoup parce qu'elle est un des rares filles de son age qui n'ai pas tout compris de la vie, elle sait qu'elle a des tas de choses à apprendre. Et aussi donc parce qu'elle est délicieusement anachronique : elle lit Lenine & Marx, elle écoute de la musique classique, du trad, du vieux rock de la grande époque, celle de Woodstock, dont elle a l'air de sortir d'ailleurs... Quand j'avais son age, j'avais l'impression d'avoir 20 ans de retard, je suis heureux aujourd'hui de connaitre quelqu'un qui en a visiblement 30.
J'aime beaucoup son anachronisme, dis-je, car moi je ne suis pas anachronique, mais pas du tout alors. D'ailleurs je viens de m'acheter du disque: un très joli sextuple album, avec plein d'interprètes que j'aime bien: Fréhel, Marty, Pills, Georges Ulmer, Lucienne Delyle, Berthe Sylva, Piaf, Jean Sablon... et tant d'autres grands noms de la chanson française. Des grands auteurs aussi: Richepin (aaaah, Richepin !), Montehus, Botrel (comique, va !), Verlaine, Trenet... et donc au final de grandes chansons: Aaaaah "Vous qui passez sans me voir", "Baisse un peu l'abat-jour", "je suis seule ce soir...", "Nuits de chine", quel bonheur ! Toute ma jeunesse, enfin: celle de mes grands parents. Je suis musicalement heureux, MaRDyCk va pouvoir reprendre plein de chansons.
J'ai repris le théâtre, j'adore ça, c'est plein d'artistes et de gens intelligents, j'adore ces gens-là, j'aime leur parler, surtout ceux qui ont tout compris. C'est le problème du théâtre amateur : il y a toujours de gens qui pètent plus haut que le cul des pros. Heureusement, il y a aussi plein de gens que j'aime bien. Il parait également que je ne suis plus le seul membre de MaRDyCk à m'intéresser à ce genre de choses, mais je n'ai pas de détails pour l'instant.
Une petite aventure amusante : hier soir, après une bonne heure de route, je suis arrivé épuisé à une heure du matin à Bruxelles, je plonge la main dans ma poche pour sortir mes clefs, et là.... rien! Aucune trace d'icelles, même en fouillant tout l'habitacle de la voiture... Plus d'une heure de route pour m'apercevoir que je n'ai plus qu'à repartir chercher mes clefs à Lille, aaaaaaaaaargh! J'ai heureusement eu la bonne idée de manquer de courage et de téléphoner là-bas pour m'assurer qu'elles y étaient bien (ben oui quoi, je ne vais pas faire un aller-retour de 250 bornes si elle sont tout simplement perdues!), or non: poinct n'y étaient elles. Imaginez moi alors à deux heures du matin en train de vider ma voiture sur le trottoir, me demandant s'il valait mieux dormir recroquevillé sur mon siège et refaire l'aller-retour le lendemain soir ou repartir tout-de-suite. Haineux. Eeeeeeeeeeet bien j'avais mes clefs: bien rangées au fond d'une pochette au fond du sac au fond du coffre... Là où je les range habituellement quoi... Mais pourquoi étais-je persuadé qu'elles devaient être dans la poche de mon jean ? Je suis fatiguééééééé....
appel à témoins
Sur ce disque que je viens d'acheter figure entre autres une chanson interprétée par Damia que je ne connaissais pas, mais il semble que j'ai beaucoup à apprendre vu qu'elle est avec Fréhel une des premières grandes dames de la chansons réaliste (Chaque fois que j'écoute Damia, je suis dans un temple. C'est peut-être la plus grande chanteuse de l'histoire avec Oum Khalsoum. Pour moi, seule Fréhel l'approche
dixit Paco Ibañez quand même). Toujours est-il que J'aimerais beaucoup avoir des infos sur elle si quelqu'un en a (pas grand chose sur le ouaib, ma foi)
J'ai donc une chanson chantée par elle sur un texte de Jean Richepin, l'enregistrement datant de 1927, la qualité n'est pas optimale, j'ai donc de la difficulté à déchiffrer ce texte (lui non plus, pas moyen de le trouver, en plus Gallica est en rade). Alors si quelqu'un possédait ce poème quelque part et pouvait me l'envoyer, je serais le plus heureux des hommes.
les ménétriers
sur de noirs chevaux sans mors,
sans selles et sans étriers
par le royaume des morts
[...] blancs ménétriers
Ils font un galop d'enfer
tout en raclant leur crin-crin
avec des archers de fer
ayant des cheveux pourprains
le fracas des durs sabots
[...] des violons
les morts sortent des tombeaux
au son des [cabriolons (?)]
Et les trépassés joyeux
Semblent [...] [du flanc]
Avec une flamme aux yeux
Rouge [dans leurs bras de sang(?)]
Et les noirs chevaux sans mors,
Sans selles et sans étriers
Font halte et voici qu'aux morts
Parlent les ménétriers.
Le premier dit d'une voix
sonnant comme un tympanon
"Si voulez vivre deux fois,
Venez! La vie est mon nom..."
Et tous même les plus gueux,
Qui de rien n'avait joui
Tous dans un élan fougueux,
Les morts ont répondu "Oui !"
Alors l'autre d'une voix
Qui soupirait comme un cor,
Leur dit "Pour vivre deux fois,
Il vous faut aimer encore,
Aimez donc [en un dévot(?)]
Venez là-haut est mon nom...
"Et tous même les plus fous,
Les morts ont répondu "Non !"
[Et de leur voix] décharnées
Montrant leurs cœurs en lambeaux,
Avec des cris de damnés
Sont rentrés dans leur tombeaux
Et les blancs ménétriers,
Sur leurs noirs chevaux sans mors
Sans selles et sans étriers
Ont laissé dormir les morts"
Commentaires
1. Par tariq, le 13/04/2006 à 15:31