Métaphore

Est-ce que c’est la peine de remuer la poussière ?

J’ai hésité avant de venir écrire un petit billet d’anniversaire, les quelques précédents n’avaient pas grand intérêt et ne servaient qu’à vérifier que la machine fonctionne toujours. Quand je pense qu’à une époque j’avais de quoi raconter plusieurs fois par semaines, et même qu’il m’est arrivé de poster plusieurs billets en une journée, je me dis qu’avec les années j’ai dû perdre beaucoup en imagination.

Sauf que je suis persuadé que non : ce n’est pas quelque-chose qu’on perd, en tous cas, je n’y crois pas. À chaque fois que j’entends dire que les enfants en avaient beaucoup et qu’on perdait ça en vieillissant, je me fais la réflexion qu’à mon avis, c’est plutôt qu’on gagne en exigeante. En tous cas, quand je fréquente des jeunes enfants qui jouent et s’inventent des histoires, je me dis que, pas plus que les miennes quand j’avais leur âge, elle ne vaudrait cher dans un scénario de film ou un roman.

Je n’ai pas moins de choses à raconter qu’avant, je suis juste beaucoup plus conscient que ce que je raconte n’a pas tellement d’intérêt (à commencer par ce que je suis en train de dire ici).

Alors pour ceux que ça intéresse, je vais juste faire un résumé rapide de l’année écoulée : il ne m’est pas arrivé grand-chose. Je n’ai pas voyagé, par exemple, et ça fait même un bout de temps, mais le virus ne m’en a pas donné tellement envie, j’ai vu trop de gens faire des prévisions, voire des réservations, suffisamment en avance pour voir les vagues se succéder et se retrouver au moment du départ avec de nouvelles restrictions et des billets sur les bras.

L’avantage, c’est aussi que ça fait des années que je n’ai pas pris l’avion non plus, c’est bon pour mon bilan carbone. Comme l’est cette voiture qui est restée des mois sur le même emplacement de parking. Comme l’est aussi ce léger changement dans mes habitudes alimentaires : j’ai tendance à manger de moins en moins de viande, voilà ce que c’est que de fréquenter une végétarienne : tant qu’à cuisiner, on cuisine pour deux. Je dois avouer que c’est assez facile sans changer ses habitudes, de nos jours : les simili-carnés ont fait des bonds de géant depuis la dernière fois que je m’y étais intéressé, il y a une dizaine d’années. Jusqu’à il y a deux ans, j’avais toujours des steaks hachés au congélateur, parce que bon, facile, tout ça. Ça fait deux ans que je n’en ai plus acheté : les versions végétariennes sont meilleures pour ma santé, pour la planète, et il y a deux ou trois marques qui me font saliver dès que j’ouvre l’emballage.

N’ayant pas voyagé, j’ai fort peu pensé à prendre des congés, et je me retrouve depuis maintenant deux ans dans une routine de boulot qui n’est pas du tout désagréable, mais un peu morne (surtout à raconter).

La musique me démange un peu, mais je n’ai rien fait non plus : j’ai joué pendant dix ou quinze ans avec des potes dans un groupe qui était énormément porté sur l’improvisation. Improviser ensemble pendant si longtemps, ça amène une cohésion et une connaissance des autres assez unique, et si j’ai la basse qui me démange, j’ai du mal à m’imaginer, après si longtemps à jouer avec des potes qui se connaissaient par cœur (et qui étaient plutôt vraiment bons en plus) à aller jouer simplement avec des gens.

Je me console aisément de mon manque d’aventures en étant là pour essayer de soutenir mon Amoureuse, qui en a un peu trop, et ce n’est pas reposant pour elle. Certaines parmi ces aventures ont fait qu’elle a passé six mois chez moi, et ça n’était pas totalement désagréable. C’est très embêtant même, parce que j’ai très bien vécu les confinements, et j’étais très bien tout seul chez moi. Maintenant je suis de nouveau tout seul chez moi, j’apprécie beaucoup, mais quand-même, ça manque un peu de bisous.