Bungle in the jungle
Or ça, je suis allé me promener dans la jungle, avec une jeune fille de là-bas. De là-bas en Malaisie, pas de là-bas dans la jungle, ce qui explique qu'elle n'était pas très bien équipée, d'autant qu'elle avait encore moins d'expérience de la randonnée que moi. Voilà pourquoi au lieu d'avoir un sac à dos, elle portait ses affaires en bandoulière, ce qui n'est guère pratique quand on veut marcher plusieurs jours. Moi, pour être pratique, j'avais des chaussures qui m'ont coûté une fortune l'année dernière, mais dont le confort, l'imperméabilité et la solidité sont parfaites pour ce genre de promenade. Elle, de son côté, avait des vieilles chaussures qui avaient un peu trop baroudé.
Quand on me demande si j'ai rencontré beaucoup d'animaux sauvages dans la jungle, je réponds que oui, j'ai vu des souris féroces et des écureuils gloutons. Le dernier jour de marche n'a pas été facile parce que nous étions fatigués de leur avoir fait la chasse toute la nuit, en pure perte : au matin, ce qu'il restait de nos réserves de nourriture était totalement impropre à la consommation (à moins d'aimer les crottes de rongeurs.) C'est donc fatigués et le ventre vide que nous nous sommes mis en route pour une journée de marche dans la moiteur.
J'ai souffert, parce que je me suis retrouvé à porter deux chargements complets : mon sac sur le dos, le sien en bandoulière devant en essayant d'éviter les trop grands mouvement parce qu'il était en train de lâcher de partout. C'était difficile, mais je m'estimais heureux et c'était bien le moins que je puisse faire pour soulager ma co-aventurière qui était dans une position délicate : la veille, dans la boue, une de ses semelles a commencé à se décoller. Ce jour là, à peine partis, c'est l'autre chaussure qui a complètement lâché. Imaginez un peu la scène : douze kilomètres dans la jungle, moi avec mes deux sacs qui me tuaient le dos et m’empêchaient de regarder où je posais les pieds, elle, tout simplement, pieds nus.
C'est bon pour la légende, ceci-dit : les gens qui croisaient ses traces dans la boue étaient émus de les imaginer être un témoignage de l'existence de tribus reculées. Les gens qui nous croisaient étaient fascinés par sa façon de faire contre mauvaise fortune bon cœur : je peux témoigner que de toute la journée, elle ne s'est jamais départie de sa bonne humeur et a souri dans l'adversité jusqu'au bout[1], alors même qu'à chaque rencontre, on poussait des cris d'horreur devant l'état de ses pieds. Non pas qu'ils aient été réduits en charpie par la marche, mais des pieds nus, dans la jungle, il y en a qui adore ça, c'est tellement plus facile que de devoir, comme pour moi par exemple, passer à travers le pantalon ou le t-shirt.
Oui parce que quand on me demande si j'ai rencontré beaucoup d'animaux sauvages dans la jungle, je réponds que oui, j'ai vu des souris féroces et des écureuils gloutons, et surtout le grand prédateur sanguinaire : les sangsues[2].
(photos de mes souvenirs de Malaisie)
Commentaires
1. Par Franck, le 31/03/2011 à 13:23
2. Par xave, le 31/03/2011 à 13:28
3. Par Emma, le 31/03/2011 à 15:27
4. Par xave, le 31/03/2011 à 15:53
5. Par Emma, le 01/04/2011 à 23:02
6. Par xave, le 01/04/2011 à 23:09
7. Par martin, le 02/04/2011 à 23:27
8. Par xave, le 03/04/2011 à 22:41