Métaphore

Il fait froid dehors

Marcher

Lors de mon séjour en Nouvelle-Zélande, j'ai emprunté le Hollyford Track, considéré comme un des plus beaux sentiers de randonnée de l’Île du Sud, donc du pays, donc du monde : une petite soixantaine de kilomètres à traverser des montagnes magnifiques, trois jours à marcher et ma presque mort à la fin parce que n'ayant jamais fait ça, je n'ai pas su doser mes efforts correctement et je suis allé beaucoup trop vite les deux premiers jours.

C'est égal, j'ai adoré ça, et j'avais prévu de recommencer, mais le sort en a pour un temps décidé autrement. Il n'empêche que j'avais quand même noté la chose dans un coin de la tête et que quand l'idée m'est venue de partir en Écosse, il m'est apparu tout naturel d'acheter des chaussures de marche absolument hors de prix. Longtemps avant, parce que je ne ferai pas deux fois l'erreur de partir en voyage avec des chaussures neuves. Ça m'est d'autant plus apparu naturel que je me suis vraiment décidé à partir en voyant des photos d'un endroit que je voulais absolument voir et qui était à plusieurs heures de marche du moindre bâtiment.

Et le sort a décidé une fois encore d'en décider autrement : moins d'une semaine après avoir fêté mon achat en grande pompe (ha ha !) voilà qu'on m'a diagnostiqué un cancer de la peau. Je me suis beaucoup affolé, j'ai subi deux opérations en un temps très court qui m'ont permis fort heureusement de comprendre que cancer n'était pas forcément synonyme de mort. Quelques semaines plus tard, on m'avait confirmé que tout allait bien, que la saloperie était bien proprement enlevée et que non désolé mais vu que tout ça était localisé sur la jambe, il était hors de question après les opérations d'aller faire de la randonnée. Chier.

Bon, j'avais pris les congés, donc j'y suis allé quand même, au moins pour aller me promener et voir des paysages en voiture, j'avais bon espoir de faire au moins quelques balades à la fin du séjour. Un matin, assez tôt, je me suis arrêté sur un parking à l'entrée d'un sentier, et en regardant les infos au début du parcours, comme ils n'annonçaient que deux heures de marche, je me suis dit que je pouvais le tenter, quitte à revenir si ça coinçait. Ce n'est que bien engagé qu'en réfléchissant à ce qui était écrit, j'ai compris qu'ils comptaient deux heures pour l'aller. Bon allez, tant pis, je continue (surtout que j'avais juste devant moi deux filles qui se sont retrouvées bloquées à cause d'un torrent un peu débordé. Je n'allais quand même pas abandonner alors que des filles me regardaient.)

Au bord du sentier, de loin en loin, il y avait des panneaux explicatifs. C'est après n'en avoir pas vu depuis longtemps que j'ai percuté : le dernier que j'avais vu, une heure avant, décrivait ce qui était annoncé comme le but des deux heures de marche, et j'avais continué comme un con. À force de repousser mon demi-tour de dix minutes en dix minutes, j'ai fini par arriver au bout du sentier et j'ai bien été forcé de rebrousser chemin. Tout ça dépassait un peu le temps que j'avais prévu, mais ce n'était pas si grave : je me sentais bien et les paysages étaient écossais, donc magnifiques.

C'est en arrivant au parking où j'avais garé la voiture que j'ai compris pourquoi j'avais faim : j'étais parti un peu avant dix heures, il était maintenant plus de dix-sept heures trente, j'avais marché plus d'une vingtaine de kilomètres bien dénivelés. Et bien que fatigué, je me sentais encore en forme. C'est à ce moment là que j'ai décidé que quelques jours plus tard, j'allais tenter la marche de deux ou trois journées que j'avais prévue pour mon anniversaire.

Et ça, ça a été une erreur. :)

(Les photos illustrant ce billet ont été prises ce jour-là.)

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