Métaphore

Il fait froid dehors

Et faire croire aux crétins que nous sommes vaincus

We are Anonymous. We are legion. We do not forgive. We do not forget.
Anonymous

Il y a des temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux. Si je pompe ainsi ce bon vieux François-René dès l’incipit, c’est que des temps comme ça, nous sommes en plein dedans.

J’ai déjà noté en ce pages les raisons pour lesquelles je n’y râlais plus beaucoup, et c’était cette même idée, en termes moins fleuris et plus lourdingues : en ce moment, franchement, la connerie se porte bien. Elle se porte même fièrement en sautoir ou en bandoulière, de préférence aux commandes de l’état, et il y a trop à en dire pour que je m’en sente capable. J’avais bien envie d’écrire un billet sur le sujet, mais c’est tout simplement au dessus de mes forces ; commencer à faire une liste des milliers de manières dont on se fout de nos gueules, c’est juste impossible, il faudrait quadrupler la pagination du Canard Enchaîné, au minimum.

Je ne vais donc pas m’attarder sur le trip un fait divers, une loi, pour ça, vous pouvez relire une bonne partie des billets d’Eolas de ces dernières années. Je ne vais pas non plus attraper des boutons en vous disant tout le bien que je pense du raciste de l’intérieur ni du ministre de l’expulsion des nègres[1] (de toutes façons, je ne pourrais pas vous en parler, je n’arrive même pas à écrire leurs noms, tellement je me ferais vomir de leur offrir une occurrence supplémentaire dans les moteurs de recherche.) Pour les mêmes raisons, je vais soigneusement oublier les tentatives de contrôle d’Internet pour offrir des cadeaux aux grosses boites incapables de s’adapter, et faire l’impasse sur l’art qui se porte bien quand il est officiel et propose des portraits de la famille régnante, mais n’est pas le bienvenu lorsqu’il fait réfléchir. Bref, je ne parlerai pas des mille fois par mois où la petitesse et le mépris de nos dirigeants me rend malade.

Je vais juste vous inviter à aller lire ce texte de Gilda, si vous ne l’avez pas encore fait. Oui, j’insiste un peu, mais si cette impression que la France est en train de se transformer en république bananière me parle autant, c’est que non seulement ça correspond à ce que je ressens, mais que ça a fait doublon avec un texte que j’ai lu le même week-end :

Il m’arrivait autrefois de passer des vacances en des pays dont le régime n’était pas […] un modèle de démocratie. Le soir […] j’allumais le téléviseur de ma chambre d’hôtel. Je tombais régulièrement sur le JT. Un présentateur complaisant narrait par le menu la journée du chef de l’état, vantant la sollicitude de celui-ci envers une population qui devait se féliciter chaque jour d’avoir un tel dirigeant pour guide. Parfois, c’était à une intervention du président dictateur général lui-même que nous conviait la télévision nationale. Nous, étrangers insouciants, ne prêtions à ces émissions qu’une attention distraite, voire amusée. Après tout, ça allait avec le régime et c’était impossible chez nous.
Or, depuis deux ans, sans avoir quitté la France, j’ai un peu l’impression de revivre au quotidien les soirées de mes vacances d’antan. Les programmes de nos journaux télévisés rapellent ce que je voyais alors, produits de rédactions qui, dans le meilleur des cas, manquent de recul et, dans le pire, semblent aux ordres, et dont les présentateurs savent dissimuler la flagornerie par un mot de critique bienveillante. Je dois me pincer pour penser que je ne suis pas dans un de ces dictatures de mes étés passés. À la radio, c’est à peine mieux : pas de journal, pas de flash, sans le nom du président, la dernière idée du président, de sa dernière promesse -qui ne sera pas tenue- nous soit assénée. Tout vient de lui, tout procède de lui. Le gouvernement, c’est lui. […]

Voilà. C’est signé Jacques Bodécot, et c’est tiré du courrier des lecteurs d’un vieux Marianne qui traînait dans mes toilettes. Et moi, je ne peux pas dire mieux, c’est exactement comme ça que je ressens les choses.

Plus le temps passe, plus je suis heureux de ne plus habiter en France, et moins j’ai envie d’y retourner.

Notes

[1] Celui-là, s’il pouvait sucer son président pour s’excuser encore plus de s’être un jour prétendu de gauche, il sauterait sur l’occasion. J’ai rarement vu une brosse à reluire pareille.

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Commentaires

1. Par Ombre, le 13/02/2010 à 22:57

Notre ex-premier (pourtant de droite) n'aime pas non plus la politique de votre président:

http://www.rtbf.be/info/monde/franc...

;-)

2. Par [SiMON], le 14/02/2010 à 04:57

Diantre, en forme dis donc.

Pour ce qui est de la "manipulation" des médias, c'est encore pire que ce que je pensais, un mouvement lycéen dans lequel j'étais impliqué sur Poitiers a été totalement discrédité par un article de journal (reprit à l'identique dans plusieurs quotidiens locaux) présentant un récit de notre journée d'action de façon très arrangée (pour ne pas dire totalement inventée par moments).

On sait toujours qu' "on ne nous dit pas tout", mais là pour le coup je pensais pas que ça allait si loin, tout ça pour 300 lycéens qui gueulaient dans les rues. J'ose à peine imaginer ce qu'on nous cache/transforme sur les grandes nouvelles nationales/internationales.

3. Par mirovinben, le 14/02/2010 à 05:49

Juste pour dire que j'aurais aimé avoir écrit ce texte : il correspond tellement à ce que je ressens ! A chaque fois je me dis, "c'est pas vrai, ils ont touché le fond". Bé non.

Comme une illustration de ce que peut être l'infini.

4. Par Tomek, le 14/02/2010 à 23:32

J'ai bien peur d'être 100% d'accord, et tout autant dégouté (d'ailleurs je ne blogue plus sur le sujet tant je ne ferais que parler de ces gens ignobles et de leurs actions pires), de même que le billet de Gilda me rappelle ma sensation quand je sors de ma cambrousse pour aller en ville (moyenne, ou plus grande, comme Lyon) où je vois les caméras, les uniformes, les militaires armés même... quant à la censure rampante... bref, je ne dis rien, mais n'en pense pas moins (et la rage me ronge).

5. Par Simon H., le 16/02/2010 à 16:25

Jusqu'où ne s'arrêteront ils pas? disait Coluche.

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