Métaphore

Il fait froid dehors

Musées et blues (la musique, pas le sentiment)

Plus que quelques jours et encore tout ça à faire ? je n’y arriverai jamais…
Friday, 18 December, 2009 08:29

Lafayette St.

Réveillé une fois de plus à cinq heures du matin, les lunettes sur le nez, l’iPod posé devant moi ; je me suis visiblement endormi en sursaut. Le vrai réveil, ça sera pour deux heures plus tard, une bonne occasion de démarrer tôt, enfin, je le croyais. De discussion en discussion, je finis par démarrer à 9h30, direction l’Upper East Side (si j’arrête de prendre le métro à l’envers.)

J’ai prévu une journée studieuse : aujourd’hui, c’est musées. Parce que je me suis rendu compte que c’est bien sympa, ces petites flâneries dans les rues, mais à ce train-là, je n’aurai pas le temps de voir tout ce que j’avais prévu.

Guggenheim mist

Au Guggenheim comme partout dans le monde, les vieilles franÇaises, c’est bruyant et souriant comme une porte de prison.
Friday, 18 December, 2009 12:28

Commençons à rattraper le retard. Première étape, donc, le Guggenheim, inratable avec sa drôle de tête (et pourtant nous l’avions raté en 2003, sans doute parce que nous ne l’avions même pas cherché.) Il n’y a pas vraiment ici de collection permanente, et l’expo temporaire est une rétrospective Kandinsky. Ce n’est pas vraiment ma came, à la base, mais en caricaturant un peu, il est de ceux dont les recherches ont abouti à l’abstraction, et je suis toujours attiré par le côté recherche, même si l’œuvre elle-même ne me plaît pas plus que ça. (Surtout en l’occurrence que certaines visiteuses m’amènent la réflexion que le figuratif, quand même, ça a du bon.)

Blue Lines

À la fin de la matinée, une fois ma visite terminée, je descend un peu pour arriver au Metropolitan Museum. Ici, j’étais déjà venu, mais il est vraiment impossible de faire l’impasse. Je vais y passer le reste de la journée, mais c’est totalement insuffisant, il ne faut pas venir visiter le Met un fois toutes les quelques années quand on vient à New York, il faut plutôt habiter en face, prendre une carte de membre, et venir tous les week-ends.

Harmonie

Parce que ce musée est taré, énorme, impossible à appréhender dans sa totalité. Il y a des antiquités d’à peu près tous les coins du monde à en faire rougir le Louvre, une section des arts d’Afrique qui vaut toutes les collections du Musée Branly, une aile dédiée à l’art contemporain, des expos photos, presqu’un étage dédié aux arts asiatiques, des monuments complets (un temple égyptien, la façade d’une banque, la cour intérieur d’un château espagnol, ce genre de choses.) Des sculptures, des peintures, des meubles, des statues, des bâtiments, à ne plus savoir qu’en faire. Comme dans tous les musées, il n’y a pas de place pour exposer correctement l’intégralité des collections, mais ici il gèrent ça à leur façon : il y a une partie du musée où les collections non mises en valeurs sont consultables, entassées dans des vitrines, des centaines d’artéfacts juste numérotés et dont le catalogue est consultable sur ordinateur.

Inner Peace

Heureusement qu’ils prévoient la possibilité de se restaurer à l’intérieur du MET, mais ils feraient bien de prévoir une solution d’hébergement.
Friday, 18 December, 2009 16:00

Colors

À force de voir des œuvres issues de l’histoire artistique ou architecturale d’Europe, voire de France, je comprends d’ailleurs ce que doivent ressentir les égyptiens en arrivant au Louvre. Rien que par exemple les collections des peintres impressionnistes feraient rougir le Musée d’Orsay. Je comprends bien que les œuvres les plus modernes viennent de collections privées, et que les antiquités d’ici ou là ont été facile à acheter à une époque dans des pays qui ont été à une époque, disons, culturellement vassalisés (ah, les joies des colonies !) Je comprends moins comment une telle somme d’histoire culturelle médiévale a pu être acquise dans des pays normalement très protecteurs de leur patrimoine.

Autumn Rhythm (Number 30)

Bref, j’ai passé ma journée à courir de salle en salle, à sentir en permanence que je manquais de temps. J’aurais bien passé la journée rien que dans les collections asiatiques, par exemple, beaucoup plus calmes et zen (sic) que l’obligatoire collection de sarcophages. En termes d’emploi du temps, j’ai eu de la chance, si j’ose le présenter comme ça, parce que le Met a une des plus fascinantes collections d’instruments de musique au monde, sauf que là, c’était fermé. Chié. J’ai eu le temps, en tous cas, de voir des pans entiers du musée que je n’avais pas vus la dernière fois, mais c’est plus facile lorsqu’on est seul et qu’on a l’occasion d’aller à son propre rythme.

Et tout ça est grand public. Très grand public. Trop grand public, parfois. Vous connaissez cette tendance du touriste de base à balancer des piécettes dès qu’il aperçoit de la flotte quelque-part ? Ça veut dire qu’il y a des myriades de pièces au fond de la fontaine de la cour Charles Engelhard, ça veut dire qu’il y a une fortune le Nil (comme on surnomme la pièce d’eau qui entoure le Temple de Dandur), mais ça veut dire aussi que quand je suis allé pisser, c’était plein de monnaie au fond de mon urinoir !

C'est dur, la culture

La nuit est déjà tombée quand je retraverse une fois de plus la moitié de Central Park. Oui, je sais bien que dans les guides, ils disent qu’il faut abolument éviter d’aller à Central Park la nuit (en même temps, la nuit, c’est un concept fluctuant, d’une certaine façon, on est encore en plein après-midi là.) En ce qui me concerne, l’épisode le plus inquiétant que j’ai connu ici après le coucher du soleil, c’était hier, quand un gros black en survêtement m’a proposé d’aller fumer des pétards avec lui et ses copains.

On a connu des épisodes plus traumatisants. Quand je suis passé il y a quelques années, j’étais allé me promener seul dans l’Upper West Side et je m’étais retrouvé à discuter une heure et demie avec un gars qui s’était proposé pour m’indiquer ma route. Pour rentrer à l’hôtel, j’avais alors dû traverser le parc de nuit, horreur ! C’est vrai que c’était effrayant : il y avait des gens qui dansaient le tango.

NYC Taxis

Attablé dans un club de blues, avec une bière belge, attendant Hazmat Modine. #bonheur
Friday, 18 December, 2009 19:13

What ?

Un peu plus tard, me voilà de retour dans Greenwich Village, pour le concert de Hazmat Modine au Terra Blues. J’ai bien fait de réserver, ça me vaut ma table perso à côté de la scène. Avant même que ça ne commence, j’ai une grosse vague de je suis bien qui m’envahit. La Duvel qui était sur la carte m’a sans doute un peu aidé à me sentir bien. Normalement, je suis partisan de À Rome, fais comme les romains, j’avais donc prévu de boire ici de la Bud, mais cette Duvel (avec les Chimay qui vont suivre) m’a vraiment fait de l’œil, et quitte à se sentir bien, autant y aller à fond.

En préparant le voyage, j’avais cherché les clubs de Jazz intéressants. la programmation pendant mon séjour des quelques-uns que j’avais trouvé ne m’ayant pas convaincu, j’ai jeté un œil sur les clubs de blues et une fois que j’avais trouvé le Terra Blues, un coup d’oreille aux différents groupes prévus m’avait assez vite convaincu que c’est eux que je voulais voir. Hazmat Modine joue du blues, mais en privilégiant le fond plutôt que la forme. Ça veut dire que si ce qu’ils jouent est indéniablement du blues dans l’esprit, ils ont des partis pris d’instrumentation qui s’écartent plutôt de la norme, comme la guitare-lyre, par exemple. Mais le plus voyant, c’est la basse, tenue sur leur album par un tuba et ce soir par un soubassophone (non, ce n’est pas un hélicon.) Même si je n’aurais pas droit au sheng, au cymbalon ou au claviola qu’on trouve sur leurs enregistrements, on sent bien des sonorités plus proches des balkans que du delta du Mississipi.

Reserved

Je me sens tellement bien, là, dans ce club, que j’ai un peu les yeux mouillés quand ils jouent…
Friday, 18 December, 2009 20:53

The entire known universe floats suspended in a thin silver bowl...

Quand la musique est bonne-bonne-bonne, c’est bien. Mais quand l’ambiance l’est aussi, c’est top. La musique, l’interaction du groupe avec le public, le public lui-même, les discussions avec mes voisins, mes voisines ou simplement la serveuse qui est bien plus souriante que son équivalent parisien, tout ça concourt une fois de plus à me faire me sentir bien, un de ces moments où du lieu, des gens, de l’ambiance, je ne veux rien changer. Ah merde, c’est encore Saint-Ex qui avait raison.

Wooh, j’ai l’impression que les bières belges sont plus fortes ici qu’en Belgique. I’m a bit drunk.
Friday, 18 December, 2009 22:38

Allez, je serais bien resté jusqu’au bout de la nuit, mais je crois qu’il est temps de rentrer en titubant jusqu’à mon lit, j’ai une longue journée demain (je ne sais pas encore bien laquelle, mais il n’y a pas de raison que ça change.)

Ah oui : il fait froid ! j’ai les yeux qui gèlent.

Blues

Note : ces photos sont disponibles en album (et sur Flickr.)

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Commentaires

1. Par Boudpomme, le 25/01/2010 à 10:24

Voilà quelques temps que je lis tes récits, et j'avoue que j'attends chaque jour avec impatience la suite des évènements. Ta façon d'écrire est très plaisante. Qui n'aurait pas envie de voyager en lisant tout ceci ?

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