Je ne peux plus dire "Je t'aime"...
Par Maha-ha viiiiie... - Lien permanent
Elle m'a offert ce à quoi je n'avais pas eu droit après ma première grande histoire : une confrontation avec la réalité.
Et le fantasme n'a pas tenu la route : elle a vécu sans moi assez longtemps pour n'être plus la fille que j'aime. Une réflexion nous avait été faite lorsque nous étions ensemble que nous nous ressemblions de plus en plus à mesure qu'avançaient les années. Cette ressemblance n'était pas pour rien dans mon sentiment que nous étions l'un pour l'autre. Un an sans contact a fait disparaître ça ; la fille que j'ai rencontrée il y a quelques jours n'est plus celle dont je rêve, celle que je rêve depuis tant de longs mois. Il n'est pas besoin de chercher si c'est une bonne ou une mauvaise chose, la différence est suffisante pour que j'en sois conscient : Si je suis amoureux d'une fille, ce n'est pas de celle que j'ai croisée récemment. Celle là n'est plus ma Julie.
Si je suis amoureux, c'est d'un souvenir, d'un fantasme. C'est d'une fille qui n'existe pas, ou qui n'existe plus. Si je suis amoureux, c'est d'une fille qui avait un regard que je n'ai pas retrouvé; Et être amoureux, pour moi, c'était aussi me voir à travers ce regard là. Me voilà amoureux dans le vide. Sans doute ai-je juste enfin compris que depuis tout ce temps qu'elle s'engage sur des chemins qui ne sont pas les miens, l'heure est venue de passer notre amour par pertes et profits.
Il n'empêche...
La douleur ressentie ces derniers mois, les difficultés qui ont rendu si difficile le dernier tiers de notre relation n'effaceront pas le plus important : nos quatre premières années ensemble ont été magiques, la période la plus heureuse de toute ma vie. J'ai été fantastiquement, indécemment heureux.
Il n'empêche...
j'aurais été un père parfait pour ses gamins.
Il n'empêche...
Tant pis pour ...
Commentaires
Pfiouuh, c'est tout à fait cela. C'est un drôle d'effet de voir ce sentiment d'aimer une idée, d'aimer dans le vide formulé et écrit. Peut-être que cela fait du bien. Qui sait ? Il n'empêche... Et il n'empêche que finalement entre les sentiments des hommes et des femmes, entre les façons de continuer à ne pas oublier, il n'y aurait pas tant de différence.
(Je vais faire dans le jianzhi littéraire, d'avance pardon pour les saccades alors que ton billet était si fluide...)
Si je suis amoureux, c'est d'un souvenir, d'un fantasme. C'est d'une fille qui n'existe pas, ou qui n'existe plus.
C'est un pas de géant, ça.
Si je suis amoureux, c'est d'une fille qui avait un regard que je n'ai pas retrouvé
Et à j(a)uger le futur à l'aune du passé, tu risques de ne jamais le retrouver...
Bien entendu qu'elle était un être singulier et tout à fait unique... parmi d'autres :-) Cette boutade discrète pour dire que c'est sans doute ton regard qui doit changer également ; plus que la chance de recroiser un jour une fille qui lui ressemblera ou sur laquelle tu pourras projeter cette ressemblance, ce sont peut-être tes yeux qui doivent se rééduquer à voir loin, après 4 ans posés sur elle et sur le bonheur immédiat qui t'entourait. La lumière aveugle certainement au début, les perspectives sont fuyantes et l'horizon à perte de vue angoissant, mais toi qui aimes la vie et les voyages, tu as tout pour apprivoiser ce nouveau point de mire et te réjouir in fine de ces nouveaux paysages... non ?
C'est dur de perdre un vivant ; peut-être plus que de perdre un mort en apparence car c'est moins dans l'ordre des choses, on est moins préparé. La séparation n'est pas dans les termes du contrat initial ; la mort, oui. Alors on ne sait pas trop comment accepter, comment se résoudre, comment résoudre l'équation paradoxale de cette réalité qui n'est pas tragique et qui pourtant, pourtant, ne cesse de nous apparaître comme telle.
Mais pourtant, qu'as-tu perdu ? Les souvenirs sont encore beaux (même si un peu malhonnêtes parfois : la patine de la nostalgie n'a pas son pareil pour les maquiller...) ; l'expérience t'appartient définitivement et t'a construit ; tu as appris sur toi-même à travers elle et à travers vous ; le bonheur t'a perfusé et comme c'est trop bon, tu y reviendras, même tout seul... alors quoi ? Le futur ? Mais le futur est aussi un fantasme... la preuve :-( Le futur n'est pas écrit, personne ne sait à quoi il (je veux dire par ce "il" "le futur", mais aussi "l'autre") va ressembler ; ou alors si c'était le cas, tu as perdu une prison, et c'est le moment de te réjouir.
(Je sais, je fais dans la provocation, je fais me faire lyncher ; c'est parti...)
Et être amoureux, pour moi, c'était aussi me voir à travers ce regard là
Là je ne suis pas sure de comprendre... tu peux expliciter ?
Oui, je peux. C'est prévu même.
(précisions sur le reste : On parle de sept ans de ma vie, là, dont quatre de bonheur immense, pas amélioré par la pâtine, puisqu'il n'est que de relire mes écrits de l'époque pour me voir heureux. J'ai la faiblesse de penser qu'elle l'était aussi.)
Xave, loin de moi l'idée de vouloir manquer de respect à ta vie, ton histoire, tes souffrances et la façon dont tu les gères ; loin de moi l'idée de porter un jugement (mais vraiment très très loin).
L'obscénité de mes questions est un peu volontaire ; c'est pas mon idée, c'est ce philosophe de l'Antiquité, sage-femme acide, là, qui prônait cette technique de questionnement... (et hop, comment se défausser de ses responsabilités :-) )
Quand je parle de patine mensongère, je parle de la façon dont on revit le souvenir, pas du souvenir lui-même. Les moments étaient très beaux, votre bonheur réel, je n'en doute pas un instant ; je dis juste que les réminiscences sont l'intériorisation de ces moments et qu'elles se confondent avec ton état présent, forcément, puisque c'est toi qui te souviens, maintenant. Alors ce qui surgit fait écho à ton état présent, à ce que tu veux inconsciemment retenir, à ce que tu veux actuellement ressentir. Le souvenir devient coïncident avec le présent lorsqu'il remonte à la conscience, et c'est ce téléscopage qui le rend "malhonnête" : un peu comme un manque d'objectivité, comme un article de presse orienté, tu vois ce que je veux dire ? Je dis "tu" mais ça n'est pas spécifique à votre histoire : c'est pareil pour tout le monde.
Les réflexions d'Emma m'ont fait me rappeler d'une séance chez Madame des Questions, où j'avais pleuré "une rupture c'est faire le deuil de quelqu'un qui n'est pas mort"...
Je dirais même plus ;-) une rupture subie "c'est faire le deuil de quelqu'un qui n'est pas mort". Je suppose que si on est celui ou celle qui a décidé de quitter, c'est différent.
Je comprends d'autant mieux ce que tu veux dire, que j'ai le souci inverse (sachant qu'il s'agit de tout autre chose puisque c'est une grande amie que j'ai perdue et non quelqu'un avec qui je vivais) : nos chemins inévitablement nous font nous croiser, son travail fait que je ne suis pas complètement coupée d'elle, de ce qu'elle devient, et non, elle est bien la même, ce qui faisait qu'on se correspondait si fort est toujours là. Seuls semblent avoir disparu ses sentiments de tendresse et d'affection pour moi, et encore la dernière fois j'ai bien vu que tout n'était pas mort, mais qu'elle obéissait (à quoi ? à qui ? pour se prémunir de quoi ?).
Je crois que c'est bien pour toi que tu l'aies vue changée, Julie. Un pas de plus vers souffrir moins, même si ce n'est pas évident pour l'instant.
PS : Ce que tu écris me rappelle la fin de "1984", où le narrateur après sa libération revoie un jour celle qu'il aimait et mesure qu'ils ont tant traversé qu'ils sont devenus différents. Je ne sais plus les phrases précises mais il me semble qu'il était question de consistance différente.
Gilda...: en l'occurrence c'est moi qui l'avais quitté. Ça n'en était pas moins dur.
Je ne connais pas ton histoire mais... tu es sûre de ne pas avoir changé, toi ? Si elle est restée la même... (Et puis une rupture d'amitié, c'est comme en amour, hein, à un moment il faut accepter et puis passer à autre chose...)
Alors écoute ma musique,
Qui mieux que moi te le dira
Une rupture est un deuil, même quand c'est toi qui la choisis... en tout cas, la mienne je l'ai vécue comme un échec plutôt douloureux!