Un boulot à Paris

J'en étais donc là de mes réflexions, et voyez comme les choses sont bien faites : j'ai trouvé un boulot à Paris. Oh, je n'en attendais pas grand chose ; D'ailleurs, je m'attendais tout simplement à ce que ça soit chiant, loin, strict et avec un salaire pas top.

Manque de bol, voilà qu'on me propose un boulot pas trop loin, super intéressant, cool et très bien payé. Oui, j'ai dit manque de bol, parce que ça s'est passé à un moment où je n'étais plus si sûr de mon choix et que ce jour là, ça m'aurait arrangé que disparaisse une raison de devenir parisien. Et voilà qu'on me propose de super conditions, ça fait vaciller.

Mais j'ai eu la chance de tomber sur un gars qui comprenait ce vacillement et qui m'a encouragé à prendre mon temps pour réfléchir, m'assurant que si je repassait quelques mois après, il me prenait de toutes façons. Dont acte, retour à la case réflexion.

Et la case réflexion a été fort bien remplie, avec des idées contradictoires qui se sont cognées les unes aux autres pendant des semaines. Ce n'était qu'histoire de faire du ménage, parce que l'essentiel, je m'en suis rendu compte très vite, dans les jours qui ont suivi.

Je me suis rendu compte que si, comme je l'ai toujours dit, l'essentiel de mon boulot est le même, que je le fasse pour le gouvernement du monde ou pour un marchand de tomates, dans la pratique, je ne le vis pas comme ça : J'ai besoin de me sentir servir à quelque chose d'utile. Et d'utile en général, pas d'utile à quelques-uns. Du coup, moi qui bosse depuis des années pour les institutions européennes, je ne suis pas sûr de vouloir quitter ça pour aller aider une banque à se faire toujours plus de couilles en or. En m'excusant par avance pour la caricature : L'Europe, dans ma vision des choses, ça fait plus avancer la société que les gros actionnaires qui n'arrivent même plus à compter leur fric.

Je me suis rendu compte qu'à propos de fric, ce qui m'intéressait avant tout dans ce boulot, c'était le salaire. Ah. Attends, ça ne me ressemble pas, ça ; Je ne gagne pas des sommes pharamineuses, mais je ne dépense pas tout ce que je gagne (ce qui est ma définition de riche.) Le fric, c'est pas ma came. Alors ? Je me suis donc rendu compte que ce qui m'intéressait dans ce salaire, c'était le chiffre ronflant et la reconnaissance que ça pouvait amener. Sauf que je ne me sens pas ce besoin de reconnaissance avec mes proches. Alors ? J'ai fini par me rendre compte que ce qui m'attirait, c'était la possibilité pour ma mère d'aller claquer ses copains profs qui m'avaient considéré comme un gentil benêt toute mon enfance parce que j'ai foiré mes études dans les grandes largeurs. Ces gens qui jugent la valeur d'un gamin sur ses études jugent la valeur d'un adulte sur ce qu'il gagne. Je voulais ce boulot super bien payé non pas pour moi, mais pour venger ma mère de ceux qui l'avaient regardée de haut parce qu'elle avait fait un fils gentil, mais un peu idiot. Euh ... Très mauvaise raison ?

Je me suis rendu compte que dans le bordel qu'étaient ma tête et ma vie depuis quelques mois, il y avait une seule chose de stable : Mon job. Parce que j'aime mon boulot, je m'y sens bien, je m'y sens utile, j'y suis bien entouré, j'y suis soutenu. Dans une période où tout partait dans tous les sens autour de moi, mon boulot résistait aux remous, fermement campé sur ses pieds.

Et je me suis demandé si c'était bien le moment d'envoyer valser le tabouret.

À suivre...

Commentaires

1. Le vendredi 19 septembre 2008, 18:16 par LeChieur

Oué, bon. T'as surtout la chance d'habiter pour pas cher dans la plus belle ville du monde, qui n'est qu'à 1h15 de Paris en Thalys. Alors si tu déménages, je te brise la tête.

2. Le vendredi 19 septembre 2008, 18:29 par dcddtc

Pareil que LeChieur. Je donnerai une oreille pour habiter chez les belges ! On ne se connait pas du tout mais si je croise et que tu déménages, je te bouffe une oreille :p

3. Le samedi 20 septembre 2008, 08:21 par lili violette

oui, mais en même temps, je trouve que si on te propose un job comme tu voulais au moment où tu l'envisageais, c'est quand même pas un hasard, si? Enfin je sais pas moi, j'ai tendance à croire au destin quand il se pointe comme ça, de façon aussi ostentatoire. De toute façon, fais bien ce que tu veux, mais surtout, ne regrette pas après, parce que ça c'est trop con. Quoi que tu choisisses, tu auras devant toi un nouveau chemin, avec plein de nouveaux choix à faire qui détermineront des trucs que tu vivras, des gens que tu rencontreras... ça peut être paralysant des fois, mais ça peut aussi être très excitant. Bon, alors tu fais quoi?

4. Le samedi 20 septembre 2008, 08:28 par lili violette

et n'écoute pas ces grognons, on ne reste pas dans un endroit QUE pour l'endroit, mais pour ce qu'on a à y vivre, pour les gens qu'on y fréquente, pis en plus tu nous l'as dit que tu aimais paris, alors hein, fichez lui la paix. Bon, moi aussi j'ai horreur de paris, et j'aimerais mieux bruxelles, mais il s'agit de toi et de ton DESTIN... (tu l'entends ma voix caverneuse quand je dis DESTIN?)

5. Le samedi 20 septembre 2008, 15:34 par LeChieur

Lili Violette (alias Gemini Cricket), t'as rien compris ! Son destin c'est de continuer à avoir un appartement accueillant à Bruxelles pour les gens dont le destin sont d'aimer Bruxelles. Alors hein, TA GOULE !

dcddtc Moi, je donnerais bien un rein pour avoir son appart à Bruxelles (enfin... dans une version un tout petit peu plus grande car j'ai du monde à loger), mais je lui boufferais pas un rein, au Xave. Cru ça doit être abominable au goût.

6. Le samedi 20 septembre 2008, 15:38 par LeChieur

...des gens dont le destin EST d'aimer Bruxelles, p'tain, chuis fatiguééééé, moi...

7. Le samedi 20 septembre 2008, 15:59 par biou

hé le Chieur, tu ne pourrais pas assumer et te prendre un appart toi même à Bruxelles ? si c'est si peu cher, trop facile pour une rock star comme toi ;)

maintenant Xave, y'a très probablement des jobs pour toi à Paris, c'est pas vraiment cela qui manque...

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