Métaphore

Il fait froid dehors

Paris ?

J'ai passé des années à cracher sur Paris. Et puis j'ai rencontré Paris.

Et Paris m'a immédiatement plu, a immédiatement parlé à mon côté citadin, mais aussi, et surtout, au côté de moi qui aime voir le passé des choses et des gens. Paris, c'est de l'histoire tous les cinquante centimètres. Autant j'ai pu mépriser cette ville pendant les trois quarts de mon existence, autant il n'a pas fallu longtemps pour que je me rende à cette simple évidence : Paris est tout simplement la plus belle ville du monde. Pleine de crottes de chiens, mais la plus belle ville du monde quand même. Je n'ai jamais été dupe de la course permanente, de la fermeture sur soi généralisée, de la pollution, du snobisme et du parisianisme, mais les grandes qualités ne vont jamais sans les grands défauts ; J'aime aussi Paris pour ses défauts, ce qui est la marque de l'amour.

C'est pour ça que quand je me suis rendu compte que la fille que j'aimais resterait parisienne pour encore un bon bout de temps par la grâce d'un boulot trop la classe mais qu'il était nécessaire à ce stade de notre relation de nous rapprocher l'un de l'autre, je n'ai pas eu trop à me tordre la tête pour me dire qu'il était temps que je rentre au pays et que je m'installe à Paris, quelque part pas loin d'elle.

Nous en avons parlé ensemble, mais à l'époque, elle espérait quitter Paris un jour et nous avons décidé de faire les choses autrement et je n'y suis pas allé. J'ai gardé l'idée dans un coin cependant, pendant les deux ans qui ont suivi. D'autant qu'il est vite devenu visible qu'elle n'allait pas quitter la ville de sitôt et que nous n'allions pas habiter ensemble ailleurs avant longtemps. Et puis nous avons rompu. Et puis ça a été le bordel dans ma tête. Et puis je me suis dit que ma vie était de la merde entre autres parce que je faisais depuis des années la navette entre Bruxelles, Lille et Paris et qu'un des raisons principales qui m'avaient empêché de construire quelque chose, c'était l'impossibilité de poser la moindre fondation dans cette course perpétuelle.

La solution me paraissait simple : il me fallait me poser. Après avoir fait un tour rapide des différentes possibilités, Paris s'est imposée comme une évidence : Mes relations sociales dans le Nord se sont réduites au fil des années, et je ne me suis jamais considéré autrement que de passage à Bruxelles : Ma vie était à Paris. J'avais plus d'amis à Paris qu'ailleurs (du coup, si je voulais rencontrer un fille, j'y avais un bien meilleur "réseau") je sortais plus à Paris que n'importe où ailleurs, c'est complètement central pour les virées que j'aime faire dans tous les coins de France et de Navarre et surtout, simplement, j'aime cette ville, elle m'est familière, je la connais presque intimement à force de l'arpenter dans tous les sens ; J'ai tout un pan de ma bibliothèque qui croûle sous les bouquins sur Paris, merde !

J'ai donc tout mis en route, j'ai prévenu mes amis, j'ai prévenu mon ex, j'ai prévenu ma famille, j'ai prévenu mes collègues, mes supérieurs, tout le monde : Dès que possible, je pars. Je cherche du boulot sur Paris et je vais m'installer. Enfin m'installer, arrêter de courir, me poser et me reposer.

Et ça m'a fait du bien : c'était la première fois après la rupture que j'avais une idée claire de la direction à prendre.

À suivre...

-

Commentaires

1. Par Amazone, le 17/09/2008 à 13:46

Comme je te comprends ! Mail à suivre

2. Par presque toujours, le 17/09/2008 à 14:57

(c'est au passé mais c'est du présent?)
j'ai aimé le "quelque part pas loin d'elle"

3. Par xave, le 18/09/2008 à 12:02

Passé, présent ... Je mélange beaucoup dans ma tête, ces temps-ci.

Et "quelque part pas loin d'elle" veut juste dire qu'il n'était pas question, pas encore d'habiter ensemble. Juste de pouvoir se voir quand l'envie nous en prenait. Là maintenant ou dans trois jours.

4. Par PT, le 18/09/2008 à 16:13

c'est bien ce que j'avais compris (pour le "pas loin d'elle") et l'idée me plait.

5. Par adrien fournier, le 25/01/2009 à 15:02

la résignation me fait toujours de la peine. Ce qui compte c'est la vie actuelle, l'histoire moi je m'en branle. Paris sera toujours une ville ignoble car ce qui fait une ville c'est aussi les comportements qu'elle induit, l'embiance. C'est vrai qu'on peut aimer Paris de loin, mais on cherche à en partir le plus vite possible. Cette ville ces habitants, ces monuments, sont histoire, sa morgue bourgeoise dégueulasse... sont à gerber.
A part Londres je ne connais pas une ville aussi ignoble, c'est un cadavre empaillé à qui on a mis de beaux bijoux et une jolie robe pour prétendre qu'il y a encore quelque chose dedans. Mais c'est foutu, ya rien à sauver (quelques quartiers populaires à l'est tout au plus, pendans encore 2 3 ans). Vivre dans un musée peuplé de zombies dans une embiance persistante de concurance haineuse, ce n'est pas ma définition de la vie. Tout ce qui pourra détruire l'arrogance morbide de cette ville de merde doit être encourager, tuer, tuer encore tant que ce mort-vivant a encore la véléité de se relever.
Creusez dans ce triste charnier pour lui voler ses bijoux et laissez-le exangue!
Mais je m'emporte, lisez en mars "Les plans de la ville", un coup de couteau pour la grosse capitale, et http://www.adrienfournier.com/sketc... ,
un autre coup de surrin dans sa gueule. Ne nous vendons pas pour un cotillon, sa pute a le sourire qu'on tous les cadavres: celui d'un crâne désossé.

Ajouter un commentaire

URL de rétrolien : https://xave.org/trackback/1331