les chaussures
J'ai toujours trouvé que, bizarrement, les chaussures mentaient beaucoup moins sur leur propriétaire que tout autre pièce de vêtement. Je ne sais absolument pas à quoi c'est dû, mais j'ai souvent remarqué que je pouvais avoir une idée assez juste de l'adéquation entre une personne et moi juste en regardant ce qu'il porte aux pieds. Évidemment, les mocassins à glands ou les pompes pointues dix centimètres après la fin du pied sont rédhibitoires, mais ça peut être plus subtil, et telle paire de godasses peut aussi m'indiquer que leur propriétaire sera juste de l'autre côté de la ligne qui séparera la relation sympathique du bon pote.
Oh, je n'en fait pas une règle universelle non plus : il s'agit juste d'une grille de décodage, je ne refuse pas de revoir la façon dont je perçois quelqu'un à cause de ça. Mais si je l'inclus dans un faisceau d'indices, ça me permet d'avoir une bonne idée sur les gens dès le premier contact.
Par exemple quand je rencontre une fille ; Je n'irai pas jusqu'à dire que je regarde ses pieds avant tout le reste, mais si le reste m'intéresse, je vérifie ça très vite. Il y a les chaussures qui disent Attention, elle a l'air sympa, mais c'est une façade
, celles qui disent Celle là, elle peut faire une bonne copine, mais pas plus
et celles qui supputent un Celle là, elle est baroudeuse et/ou un peu folle, elle peut te plaire.
Quand j'ai rencontré Julie, elle était plutôt du genre basket marron, pratique, sans la moindre prétention, et qui fait quand même un joli pied. Ou des choses un peu montantes sur la cheville, qui font le pied plus joli encore, mais qui ressemblent plus à des bonne vieilles Kickers qu'à autre choses. Je suis plutôt fan, d'ailleurs : des années plus tôt, quand j'ai rencontré mon premier grand amour, elle avait aussi une nette tendance aux Kickers, mais celles là très colorées. Le même côté sans prétention avec en plus un grain de folie qui ne pouvait que me séduire (encore une fois, je n'ai pas vu ça qu'aux chaussures, mais celles-ci étaient un indice qui s'est révélé juste.)
Quelques années plus tard, j'ai eu une forte inquiétude : elle a acheté des chaussures que je n'aimais pas. Du cuir, des talons, un côté très madame qui ne ressemblait absolument pas à la fille dont j'étais tombé amoureux. Je me suis dit que ce n'était pas grave, qu'après tout il ne s'agissait pas d'une science exacte et qu'il n'y avait pas de raison que je pense que nos manières de fonctionner étaient en train de diverger[1]. Il n'empêche que le changement de style a été plus profond, et que la différence de longueur d'onde a fini par être fatale à la relation.
Ça m'avait plutôt marqué, assez en tous cas pour que j'en parle, et que j'en parle assez pour que certains de mes proches s'en souviennent. D'ailleurs, le jour où j'ai fait une drôle de tête en voyant une nouvelle paire de chaussures qu'avait achetée Julie, plus parisienne, moins baroudeuse que ce à quoi elle m'avait habitué, elle m'a tout de suite dit que ça ne voulait pas dire qu'elle était en train de changer et que je n'avais pas à m'inquiéter pour notre avenir commun.
La suite a effectivement montré à quel point cette inquiétude était infondée.
Notes
[1] Je me demande (je n'affirme rien) si ça n'a pas un rapport avec ce dont je parlais hier. Moi, en tous cas, j'ai toujours porté le même genre de pompes. Il est peut-être temps que j'arrête de rencontrer des filles de moins de vingt-cinq ans.
Publié le 09/07/08, dans la rubrique pensées irréfléchies.
Commentaires
1. Par [SiMON], le 09/07/2008 à 17:17
2. Par gilda, le 09/07/2008 à 18:40
3. Par LeChieur, le 09/07/2008 à 19:10
4. Par zak, le 10/07/2008 à 00:10
5. Par Mavie, le 10/07/2008 à 08:10
6. Par Albressa, le 10/07/2008 à 08:20
7. Par lili violette, le 10/07/2008 à 12:00
8. Par caro, le 10/07/2008 à 18:42
9. Par biou, le 13/07/2008 à 18:00
10. Par Gamacé, le 16/07/2008 à 13:25