Cette histoire de place
Par pensées irréfléchies - Lien permanent
J'ai la tête qui surchauffe depuis quelques mois : j'essaie d'appréhender mon état du moment, du coup je réfléchis tout seul dans mon coin, je réfléchis en parlant avec des amis, je réfléchis en écrivant ici, chaque verbalisation me permet de cerner un peu mieux ce qui m'arrive et donc comment je dois réagir pour ne pas aller plus mal.
Mais on n'a pas fait mieux que la psychothérapie pour se voir renvoyer les bonnes questions et faire des progrès brutaux : je pense que grâce à une question qui a été judicieusement choisie, j'ai fini par comprendre la raison principale de ma difficulté à gérer cette rupture.
J'étais en train d'expliquer cette volonté farouche de ne jamais faire partie de rien, d'être toujours à côté, le lien pervers que ça a avec cette difficulté à s'engager qu'ont tant de mecs, et surtout ma peur de regretter.
Ma peur de regretter, c'est un de mes moteurs principaux, parce que c'est elle qui me pousse à faire des tas de choses pour ne pas regretter de ne les avoir pas faites. Mais c'est aussi un problème, parce que la crainte de l'engagement vient de là : Si je m'engage sur ce chemin là, est-ce que je ne vais pas le regretter si d'aventure un chemin qui me ressemble plus s'offre à moi ?
Et c'est à peu près à ce stade là des explications qu'il m'est apparu brutalement une des spécificités de la relation que Julie et moi avions : Je n'ai jamais eu cette peur là. Je n'ai eu aucun problème à m'engager dans cette relation parce que je n'avais pas peur du jour où j'allais trouver mieux : cette relation là était la mieux.
Le problème, c'est que c'est la seule fois de ma vie où j'ai ressenti ça. La seule fois de ma vie où j'ai baissé la garde parce que je me sentais en confiance dans la relation. Et je ne parle pas spécifiquement de mes relations amoureuses, je parle de toutes mes relations, quelles qu'elles soient : les filles, bien sûr, mais aussi la famille, les amis, au boulot, au théâtre, dans mon groupe, partout, tout le temps depuis que je suis. La seule et unique fois dans ma vie où je me suis senti suffisamment à l'aise pour que l'engagement ne me fasse pas peur, la seule et unique fois de ma vie où à la question Et si ça m'empêchait de vivre d'autres aventures ?
je me suis répondu Et alors ? Rien à foutre.
Ça a été la relation que nous avions elle et moi.
Être amoureux, d'une certaine façon, c'est un détail, je m'en tamponne : Ça m'est arrivé avec d'autres, ça m'arrivera avec d'autres. Julie était une fille exceptionnelle, mais les autres l'étaient aussi, et celles qui me restent à connaître le seront aussi, ce n'est pas ça non plus qui était important. Ce qui l'était, c'était cette impression d'avoir trouvé la relation que je cherchais depuis des années, d'avoir trouvé ma place. J'ai fait beaucoup de recherches dans ce domaine là au fil des années, mais je n'ai ressenti ça qu'une fois.
Une fois, une seule.
Et vous vous étonnez que j'ai tant de mal à gérer la perte ?
Commentaires
Et bien moi ça ne m'étonnait déjà pas du tout. Là, encore moins. Je pense que tu mets le doigt sur quelque chose de fondamental. Mais trouver sa place à côté de quelqu'un, ça ne tient pas qu'à soi. Il faut que l'autre aussi nous fasse cette place. Peu de gens sont capables de cet équilibre délicat, certes. Mais peu, c'est plus que un.
Elle m'a fait cette place, longtemps. Et puis ses priorités ont changé.
Je ne crois pas que ce soit lié au fait d'être homme ou femme, en tout cas pour ma part je n'ai jamais eu la peur du regret ni du "mieux ailleurs" dés lors qu'il s'agissait d'aimer.
En revanche, je me retrouve entièrement dans le sentiment que j'avais d'avoir trouvé ma place et enfin ma famille (je dois aimer vivre dangereusement faut croire). Et je suis profondément malheureuse alors que je n'ai pourtant pas cessé les rencontres de qualité et formidables, d'avoir depuis lors uniquement l'impression d'atteindre des refuges, mais d'être bel et bien égarée (sans compter que je me suis dans l'incapacité d'aimer ceux qui m'accueillent à leur juste valeur - je peux juste espérer que ça reviendra -).
Je trouve très belle ta confiance en l'amour. Garde-là précieusement. C'est sans aucun doute ça qui te sauvera.
Gilda, je suis un passionné, dans tous les domaines. Dans le domaine des relations avec l'autre sexe, ça veut dire que je suis, avant tout, un amoureux. Personne ne m'enlèvera ça.