Métaphore

Il fait froid dehors

Sept heures sur trois pattes

Ma roue abîmée

La nuit n'a pas été ma meilleure : un peu inquiet, seul, dans cet endroit non éclairé, à l'écart de tout et où s'il m'arrivait quelque-chose personne ne passerait peut-être avant trois mois, j'ai eu du mal à m'endormir, mais les cachets que j'avais laissé de côté depuis mon départ m'aident à me détendre. Ils ne m'aident pas par contre à trouver une position confortable : ma grande carcasse n'est pas très à l'aise pour s'allonger à l'intérieur de l'habitacle et je me réveille une fois où deux dans la nuit. Par contre, au final, j'aurai fait une nuit de huit heures, c'est la première fois depuis longtemps.

poulie

Je n'ai pu m'empêcher également cette nuit de penser à la suite de mon périple, et elle est fortement remise en cause, puisque je n'ai qu'une roue de secours galette avec laquelle il va m'être difficile de faire de longues routes Et bien entendu, vous aurez noté le timing : Aujourd'hui est un jour férié, demain, c'est le pont, samedi et dimanche, évidemment, le week-end, et lundi est férié aussi. Bref, je ne sais vraiment pas quand je pourrais faire changer mon train de pneus, mais il faut que je me prépare à ce que ce ne soit pas avant mardi, ce qui me laisserait à peine le temps de remonter avant de reprendre le boulot. Je vais donc rejoindre un de mes camps de base : ma mère est en ce moment en vacances près de Narbonne. D'ici, ça fait trois cents kilomètres, je pense que je les ferai tout doucement en suivant les gorges du Tarn jusqu'au Larzac que je traverserai tranquillement.

Là haut sur la colline

C'est donc reparti, avec un petit arrêt à Sainte-Énimie, dans l'espoir de prendre un café, mais tout est fermé, j'en profite pour visiter le village médiéval et je repars. J'aurai droit à mon café un peu plus loin, à Saint-Chély-du-Tarn. Ensuite, il est temps de me mettre vraiment en route, étant donné que ma vitesse de progression va être limitée par ma roue.

un four (à pain) W.C. Publique

Je termine donc le trajet par les gorges du Tarn (Le point sublime, c'est ... comment dire ... sublime.[1]) avant de rejoindre Millau. Là, j'avais prévu de descendre tout droit par la nationale, mais un panneau m'apprend qu'elle est fermée justement sur la portion que je voulais emprunter. Qu'à cela ne tienne, je vais passer par les gorges de la Dourbie. Je ne pensais pas le faire pour économiser l'essence et parce que j'étais déjà passé par là il y a quelques années, mais l'autoroute n'étant pas une option (l'autoroute à 80km/h, non seulement ça ne sert à rien, mais en plus c'est dangereux) ça sera au moins une route agréable.

Bout de paradis

C'est beaucoup moins couru par les touristes que de l'autre côté, je ne croise presque personne sur la route. C'est également moins impressionnant, par contre, c'est beaucoup plus paisible. Et au détour d'un virage, on tombe directement sur le plateau du Larzac, ce qui m'arrache une fois de plus un grand sourire ; Parmi les quelques régions où je me sens chez moi, il y a tout ce qui se situe entre Sête, Narbonne et Millau, mais c'est à ce coin sauvage, ce concentré de rien avec une route au milieu où les plaques 12 se mélangent aux plaques 34 que va ma préférence. C'est en écrivant ces lignes que je me rends compte que j'étais tellement occupé à m'en mettre plein les yeux que je n'ai pas pris la moindre photo.

Canyon

Je fais l'impasse sur la Couvertoirade, qui était un charmant village quand je l'ai découvert il y a une quinzaine d'années, mais qui a depuis triplé de superficie en une seule fois le jour où ils ont construit un parking géant pour les touristes. Avant de quitter le plateau, je fais un tour pour voir d'en haut le Cirque de Navacelles[2]. Je ne comprends pas pourquoi nous n'avons pas été jusqu'au bout la dernière fois, puisque je reconnais le restaurant qui domine le site, sans doute ressemble-t'il trop à une billetterie. Je reconnais d'en haut pourtant le village où nous étions descendus et la petite route en lacets où nous avions fait une pause agréable.

Larzac

Il est temps maintenant de redescendre. Une des particularités du Plateau du Larzac, c'est que sa végétation désolée est typiquement méditerranéenne, mais qu'on y trouve de nombreux panneaux d'avertissement pour le verglas et que les bordes indiquant un virage ont ce chapeau rouge typique des régions fréquemment enneigées. On comprend pourquoi lorsqu'on prend la route qui repart vers le sud : En quittant Saint-Pierre-de-la-Fage, le village qui est au bord du plateau, on a l'impression d'être sur une route des Pyrénées, avec ses dénivellations, ses virages et ses résineux. Lorsqu'on arrive à Soubès[3], le village qui est tout en bas, elle s'est transformée en petite route du midi typique, droite et ombragée de platanes.

Attention : moutons

Avec la patte folle de ma voiture, j'essaie de redescendre vers Béziers par les nationales et les départementales mais ce n'est pas facile : j'ai une très bonne carte de France, mais elle date de 2004. L'autoroute a poussé ici depuis et rend caduques les indications que j'ai sous les yeux, et je me retrouve à deux reprises à emmerder les gens qui espéraient descendre vite en Espagne mais se retrouvent à devoir éviter un crétin qui roule à 80km/h. Je finis pourtant par arriver, avec encore une fois sept heures de trajet dans les pattes, à la mer, chez ma mère. Je suis inquiet pour cette histoire de pneus, à cause du pont, mais je verrai demain.

victoire de la nature

Ce soir, je mange une pizza, je sais, ça n'a aucun intérêt, c'est juste que le gars qui me la sert est sourd. Je n'ai pas retenu grand chose d'utilisable de mon initiation à la langue des signes, mais au moins, je sais dire merci, c'est toujours ça de pris pour faire plaisir.

Notes

[1] Et en vidéo juste au dessus. Vidéo qui ne lui fait absolument pas justice, mais c'est pour vous permettre de comparer avec une vue panoramique trop ambitieuse et donc totalement ratée. Si vous voulez, je peux vous en mettre juste un petit bout aussi.

[2] Ici encore, on notera que j'ai voulu en faire trop pour les photos panoramiques : ma préférée aurait pu être celle dont j'ai comme un con oublié un bout au beau milieu.

[3] Mais depuis quand y-a-t'il un moulin ici ?

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Commentaires

1. Par chat, le 22/05/2008 à 23:15

Alors là, j'en reviens pas que tu apprécies le Larzac ! C'est un plateau désertique, avec des genevriers comme végétation principale et du calcaire au sol. Etant née dans le 12, les causses sont encore des zones que je trouve hostile à la vie, peut-être parce qu'il y a pas de ruisseaux visibles... Les gorges sont par contre superbes, je plussoies totalement :) Si tu aimes les régions avec un peu plus d'eau, de forêt, de fleurs et peu d'habitants, l'Aubrac est magnifique. A cheval sur la Lozère, l'Aveyron et le Cantal il me semble.

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