Métaphore

Il fait froid dehors

tas de petits conforts quotidiens

On ne fait pas vraiment attention en temps normal, mais avoir deux mains, c'est quand même fort pratique. Je me suis rendu compte que quand on vit seul, en être réduit à n'utiliser que sa main gauche (gauchers, inversez,) ça se révélait super chiant à peu près toutes les trois minutes.

D'abord, il y a ce qu'on peut faire d'une main, mais pas de la mauvaise : écrire, évidemment. J'ai du me battre avec la paperasse avec deux emmerdements majeurs : Ne pas pouvoir signer et ne pas pouvoir rédiger une adresse sur une enveloppe. Ensuite, tout ce qu'on peut faire d'une main, mais qui devient délicat de la mauvaise : se laver les dents ou se raser par exemple. Ou alors utiliser les serrures, avec ma tendance imbécile à faire symétriquement les choses en passant d'une main à l'autre, j'ai essayé de fermer beaucoup de portes que je voulais emprunter ces derniers temps.

Et puis il y a le reste, le gros : tout ce qu'on fait habituellement à deux mains sans y penser, tant qu'on en a deux.

Alors, qu'est-ce qui est devenu difficile ? Ouvrir une bouteille d'eau par exemple, il faut se la coincer sous le bras et essayer d'appuyer juste ce qu'il faut pour qu'elle ne glisse ni ne gicle. Faire sa toilette passe sans trop de heurts pour peu qu'on soit souple (se laver l'aisselle gauche avec la main gauche) mais aller au toilettes est un peu plus délicat[1].

Évidemment, toute musique est interdite. Essayez de m'imaginer, rentrant de la clinique avec le plâtre, me demandant ce que j'allais faire de ces deux mois d'arrêt, et me retrouvant entouré de mes guitares. C'était peut-être le début de ma déprime. J'ai pourtant essayé le plus possible, mais gratter la guitare, même doucement, avec le plâtre n'est pas seulement pas pratique, c'est douloureux. Idem pour le piano malgré mes efforts pour travailler la main gauche tandis que je tapais un motif rythmique d'une note avec le petit doigt de la main droite[2].

Mais le domaine où avoir deux mains m'a particulièrement manqué, c'est la cuisine. Faire la cuisine à une main, c'est super pas pratique. Ouvrir le moindre emballage ou une boite de conserve devient un parcours du combattant, couper du pain[3] ou une tranche de saucisson devient pratiquement impossible et pour peu qu'on n'aie pas tout sous la main, devoir transporter les choses à une main oblige à faire deux fois plus de trajet, avec un sens de l'équilibre bien diminué, je ne sais pas comment j'ai fait pour ne rien casser.

Mais il y a une impossibilité technique avec laquelle j'ai du me battre tout au long de ces deux mois... Vous avez déjà essayé de faire la vaisselle à une main[4] ?

Notes

[1] On ne m'en voudra pas de ne pas détailler.

[2] À propos de musique, c'est assez idiot mais si j'ai recommencé le piano une semaine après le déplâtrage et la guitare deux ou trois jours après, et si au bout de quinze jours, je recommençais doucement à jouer de la basse, il va me falloir un certain temps pour que mon poignet récupère suffisamment de mobilité pour jouer cet instrument infiniment plus difficile : le ukulélé.

[3] Première boulangerie après le plâtre, j'ai pour une fois demandé du pain tranché. La machine était en panne.

[4] Plus grande trouvaille de l'été : une poële juste de la bonne taille pour être coincée au fond de l'évier. Le seul accessoire que je pouvais frotter.

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Commentaires

1. Par biou, le 14/09/2007 à 22:32

bah quand on est gaucher dans un monde pour droitier, on est habitué à se débrouiller avec la mauvaise main quand il faut. Ecrire, toussa, ça doit quand même être jouable, non?

2. Par caro, le 15/09/2007 à 13:53

et le départ en nouvelle zélande , c est pour quand ? nouvelle zélande ou australie,tiens, je suis plus trop sure bisous

caro

3. Par lili violette, le 16/09/2007 à 10:05

contente de te revoir parmi les vivants! (continue à faire des blagues, nous aussi on a besoin de rigoler)

4. Par kael, le 18/09/2007 à 17:18

Et encore... Si la biométrie comportementale était opérationnelle et utilisée à l'entrée de ta salle de fitness préférée, tu ne pourrais même plus t'éclater à parfaire ta musculature techno sur des rythmes abdominables... Ben oui, quoi, tu devrais signer toujours à la même vitesse, dans une même énergie, en appuyant ta plume virtuelle avec la même force !

Et la blonde Samantha aux muscles d'acier te sussurerait (alors que toi et elle, jadis vous communiquiez à coup d'haltères et de crunchs enflammés ) : "Désolée, Honey, tu n'es pas l'homme de ta signature !"

Comme quoi, parfois, faut mieux vivre dans le temps d'aujourd'hui, présent, debout, musclé, même dans le plâtre.

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