le meilleur groupe du monde
Par lez'Arts - Lien permanent
Ainsi que le savent les lecteurs fidèles - ou les lecteurs volages tombés sur le bon texte - je fais de la musique, je fais partie d'un groupe. Je joue de la guitare, je joue des claviers, je joue du ukulélé, et je sais à peu près où poser mes mains et comment sortir des notes d'une flûte traversière, d'un accordéon, d'un saz ou de n'importe quoi qui me tombe dans les mains : quand on connaît un minimum de théorie et qu'on a posé ses mains sur des tas d'instruments, l'instrument nouveau qui apparaît à toujours des similitudes avec l'un ou l'autre.
Mais si vous me demandez ce que je fais, la réponse de base sera toujours la même : je suis bassiste. J'aime ça, j'ai commencé par là, je finirai par là. La basse, c'est un instrument très particulier : une blague récurrente à son propos est que c'est l'instrument que l'on n'entend que lorsqu'il s'arrête, ce qui n'est pas faux : personne ne prête attention à ce truc qui joue derrière les autres. Sauf que ce truc derrière les autres, ça a beaucoup plus d'influence sur le groupe qu'on ne l'imagine : un bassiste copain avec son batteur peut diriger assez facilement les morceaux, ça fait un peu éminence grise, homme de l'ombre, et ce n'est pas du tout désagréable.
Ma foi, l'improvisation, c'est un entraînement. Un jour, il y a longtemps, j'ai découvert sur un seul morceau ce que devait être une basse, entre autres qu'il n'est pas question d'apprendre une ligne toute prête : il y a une grille d'accords ? Bon, ben improvisons sur la grille, c'est quand même beaucoup plus fun.
Je joue donc dans un groupe. Il y a quelques années, j'avais lu une interview d'un membre des Red Hot Chili Peppers qui disait : Vous vous rendez compte de la chance que j'ai ? Je joue dans le meilleur groupe du monde !
J'avais trouvé ça un peu excessif à l'époque, mais j'ai fini par comprendre ce qu'il voulait dire. Je l'ai compris depuis que moi aussi, je joue dans le meilleur groupe du monde : Quand je me sors un peu du truc et que j'écoute un enregistrement, quand j'écoute une par une les interventions de mes petits camarades, je n'imagine pas comment d'autres qu'eux pourraient jouer mieux la musique que j'ai envie de faire.
Nous jouons du Pink Floyd. Pas par volonté de surfer sur la vague des groupes tribute, mais parce que nous nous sommes rencontrés autour de ça : mon pote David s'est un jour rendu compte qu'il avait deux copains fans de Pink Floyd, et que l'un était guitariste et l'autre bassiste, pratique ! Surtout que lui-même est batteur. Cédric et moi nous sommes donc rencontrés dans une salle de répète, lui à la guitare, moi à la basse, et David derrière les fûts, même s'il ne connaissait pas Pink Floyd plus que ça. L'alchimie musicale a plutôt bien fonctionné dès le départ puisqu'à la première répète nous avons joué Echoes, et à la deuxième Dark Side of the Moon (oui, l'album.) Et quand quelque temps (et concerts à trois) plus tard Adrien est venu nous rejoindre au claviers, il ne connaissait pas non plus le Floyd, mais ça avait l'air bizarre alors il est resté, et l'alchimie qui fonctionnait bien à trois a encore mieux fonctionné à quatre.
Une question qui revient souvent, c'est Ça ne vous frustre pas de ne jouer que les morceaux des autres ?
La réponse est mitigée : certes, il ne doit pas être désagréable de jouer ses propres morceaux, mais quitte à jouer une musique que quelqu'un d'autre a écrit, quel meilleur choix que celle là ? Nous nous sommes spécialisés dans les vieux morceaux, nous sommes le seul groupe de reprises de Pink Floyd au monde (et il y en a un paquet) qui ne joue pas Comfortably Numb ; Bonne chanson, certes, mais sans autre place pour l'impro que le dernier solo de guitare.
Cédric et moi sommes fans des vieux morceaux, et surtout des vieux pirates : au début des 70es, quand ils passaient leur temps à improviser sur scène. Et c'est cette ambiance là que nous avons choisi de reproduire : Jouer des morceaux sans savoir où ils vont nous emmener ni le temps qu'ils vont durer. Utiliser les morceaux comme un canevas sur lequel nous nous laissons dériver à loisir, pouvoir jouer deux fois de suite le même morceau sans que ce soit deux fois le même. Et n'avoir pas peur de jouer des morceaux de vingt minutes ou plus !
Non, nous ne sommes pas frustrés de jouer la musique de quelqu'un d'autre : nous la jouons comme le feraient des jazzmen : en improvisant sur une grille. Nous n'avons pas écrit les morceaux, mais les morceaux nous laissent une place énorme pour nous exprimer.
Et ça permet quelques folies, comme par exemple comme vendredi dernier de recevoir quelques heures à peine avant un concert une set-list prévisionnelle avec des indications sur des arrangements jamais répétés, voire carrément avec une chanson que nous n'avons jamais jouée. Nous avions prévu de la faire tourner une fois pendant les balances mais ... Nous n'avons pas eu le temps de faire des balances. Nous sommes donc montés sur scène avec dans la liste une chanson jamais répétée, une bonne raison de la sauter, non ?
Non.
Puisque nous rentrons de vacances et que nous n'avons pas encore beaucoup eu l'occasion de nous entraîner, c'est un peu comme si vous assistiez à une répète, c'est intime, hein ? D'ailleurs, dans cette optique là, nous allons vous jouer un morceau que nous n'avons jamais joué... Et quand je dis jamais, je veux dire jamais. Non seulement nous ne l'avons jamais joué en public, mais nous ne l'avons jamais joué ensemble.
Et nous avons joué Crying Song, de l'album More pour la première fois. J'avoue : Cédric l'avait jouée chez lui, et moi, juste avant que le concert ne commence, j'avais vite fait trouvé la mélodie du refrain et écrit en gros les mots les plus importants sur une feuille à mes pieds. Derrière nous, David et Adrien ont suivi, alors même qu'ils n'avaient jamais entendu le morceau de leur existence.
Est-ce que ça a été un massacre ? Non. Je vous jure que je m'en veux ne n'avoir pas emmené mon enregistreur ce soir là, parce nous avons joué tous ensemble et bien carré cinq ou six minutes d'un morceau qui ressemblait juste à un autre morceau du set pour les spectateurs. À la première tentative, nous avons joué le morceau sans l'avoir réécouté, sans l'avoir même écouté pour certains, et avec le frisson supplémentaire de faire ça devant un public...
... Et je me suis dit que j'avais la chance de jouer dans le meilleur groupe du monde.
Commentaires
Dès lors :
... tu joues dans le meilleur groupe du monde.
Bonne continuation !
Uh uh ...
Effectivement, je ne suis pas Roger Waters : mon modèle à moi - et ça se voit quand je joue - c'est plutôt Entwistle, des Who : je fais des notes. Plein. Tout le temps. Là où Waters fait des fondamentales et des quintes, j'en fais des tonnes (Pour donner une idée : on vient régulièrement après les concerts me parler de mon jeu, alors que je suis bassiste, normalement, on ne devrait pas me voir.)
Tu ajoutes là dessus un batteur dont la référence absolue est Bonham, de LedZep (et là aussi, ça s'entend : c'est une machine de guerre,) un guitariste qui mange des vieux Genesis ou des vieux Yes au petit déjeuner depuis tout petit et un claviériste qui aime n'importe quoi, pourvu que ce soit à l'ouest et oui : nous jouons vraiment comme nous le sentons. Nous avons été décrits dans une critique comme
et je pense que ça nous décrit plutôt pas mal.Nous, ce répertoire, nous l'avons choisi parce que nous avions envie de l'entendre, et c'est pas tous les jours qu'on tombe sur des petits groupes qui aiment les impros de vingt minutes. L'énorme surprise depuis que nous avons commencé, c'est la réaction du public : massivement positive ! Ils s'assoient, ils écoutent, ils viennent nous féliciter à la fin et ils en redemandent. Et ils nous portent, c'est ça qui est génial : au plus ils aiment ça, au mieux nous jouons. Merci les gens.
Rhaaa, mais tu AIMES LES GENS, maintenant ?
J'aime les gens qui m'aiment. Enfin, pas tous, mais des fois.
fan de PF, j'ai moi-même repris
avec mon groupe quand j'en avais un. Si vous passez vers chez moi, je serai au premier rang.PS : j'ai un peu de mal (euphémisme) avec Mandriva, mais je ne suis pas très fort en anglais, est-ce que je passe quand même à (k)ubuntu ? (ça n'a rien à voir, mais bon... comme je suis super sympa en même temps... tout ça...)
A mon grand regret je ne joue pas de musique, mais je suis d'accord pour dire que le couple basse+batterie est fondamental. si le couple est plat, le morceau sera bon pour de la ziq de hall de gare.
Autre blague récurrente :
Question : comment on appelle quelqu'un qui traîne avec des musiciens ?
Réponse : un bassiste. ;-)
Tu veux bien sur parler du batteur ?
Nan, nan : moi, je la connaissais avec un bassiste !
(NB : c'est David qui va être content)
J'ai failli t'oublier, toi ... Tu iras raconter ça au bassiste Brian Wilson et au bassiste Paul McCartney, tiens, ça va faire rire les musicologues. Accordéoniste, va !
Tu n'as pas compris le sens de la blague, c'est dommage. Essaie encore.
Il manque juste un petit truc pour être complètement convaincu par ton texte... un peit podcast ;)
Ca faisait longtemps, tu vas bien ?
vive la musique vive nous et moi car oui oh mais fréres j'aime le bonne musique donc led zeppelin et pink floyd hmmmmm.......pink zeppelin
On est dans les seventies rock , pas rock progressif.
Oui, c'est bien connu, Pink Floyd n'a jamais fait de rock progressif.