Pink Floyd meets Yoko Ono
Par lez'Arts - Lien permanent
I'm in the high fidelity first class traveling set,
And I think I need a lear jet-hiiiiihiiihaahiii !!!!
Alwijn, d'après Pink Floyd
Bon, et bien voilà un concert de passé. Et un drôle avec ça ! Nous avons eu un certain nombre de problèmes techniques, bien entendu : pas de retours par exemple, du coup nous ne nous entendions pas bien, ce qui n'est décidément pas pratique pour jouer. Encore que pour les instruments, ça passait à peu près, vu que nous avions nos propres amplis sur scène. Mais pour tout ce qui passe par la sono, c'est moins fun, c'est à dire que nous n'entendions pas bien le clavier et surtout que le chant se faisait un peu à l'aveugle (enfin: à la sourde.)
C'est le problème de la technique : plus il y a de cables et de boites un peu partout, et plus il est probable que l'un ou l'autre finisse par merder. Mais bon, nous nous en sommes sortis à peu près. Musicalement. Au niveau du chant, ça a été une autre histoire, mais ce n'était pas forcément la faute de la technique.
Non, le problème venait plutôt de notre nouvelle chanteuse : c'était sa toute première scène et elle était fort stressée, du coup elle a fait un usage un peu inconsidéré du principe "les boissons sont gratuites pour les musiciens." C'est dire qu'elle n'était pas au mieux de sa forme pour chanter sans s'entendre sur la première partie du concert... Mais si ça n'avait pu être que ça !
Après la pause, quand nous avons repris sur Dark Side, elle avait encore un peu plus bu et ouille. C'est à peu près passé sur les premiers morceaux: elle passait son temps à tout faire tomber et essayer de tout ramasser autour d'elle, mais ça ne prêtait pas à conséquence musicale. Et puis est arrivé Great Gig. Pour ceux qui ne connaissent pas, the Great Gig in the Sky est un morceau magnifique qu'on peut résumer ainsi : des vocalises féminines sur fond de piano (c'est un peu réducteur, mais c'est ça.) N'ayant pas forcément de talents de vocaliste féminine, le guitariste et moi même avons sagement contourné l'écueil en remplaçant la voix par des solos qui vont bien, et ça passe plutôt pas mal. Sauf qu'avec un paquet de verres dans le nez, notre chanteuse a décidé de réintroduire le chant sans s'annoncer. Or, il faut bien avouer que l'exercice relève d'une compétence vocale assez au dessus de la moyenne et est à réserver à l'élite des requines de studios. Ce que notre chanteuse n'est pas, même à jeun.
C'est ainsi qu'à notre grande surprise, et alors que nous nous apprêtions à partir sur le passage instrumental habituel, nous nous sommes soudain rendu compte que nous partagions la scène avec une émule de Yoko Ono, c'est à dire que ça tenait largement plus de l'art contemporain et de la musique du même nom que de la soul ou du gospel. Ouiiiiille ! Nos petits camarades de la sono ont promptement réagi en coupant le micro, mais ça ne lui a donné que plus d'entrain et l'envie de pousser encore plus fort, avec bien entendu comme résultat que Yoko Ono elle même était dépassée.
Et pour continuer à rire : son état l'ayant visiblement amenée à considérer sa performance comme fort intéressante, elle n'a pas hésité à continuer sur les morceaux suivants qui n'en demandaient pas tant. Imaginez une version de money avec Yoko Ono au chant, c'est pas du bonheur, ça ? Tout ça pour terminer sur un scène mémorable puisqu'après qu'on lui ai demandé de bien vouloir nous laisser terminer le concert sans elle, elle a pris le public à témoin de notre ingratitude et elle a fini par partir dans un grand élan (qui a quand même duré presque une heure d'aller-retours titubants) en nous disant adieu et à jamais.
Bien évidemment, le lendemain, elle était toute contrite.
La prochaine fois, je vous raconterai comment nous lui laissons une chance de faire ses preuves.