Métaphore

Il fait froid dehors

régularité

Ne désespérez jamais. Faites infuser davantage.
Henri Michaux

Les gens compliquent tout pour avoir l’impression de vivre.
Patrick Rambaud

J’ai quand même pratiquement tenu deux ans. Deux ans de mises-à-jour régulières, en ne restant pas plus d’une fois ou deux plus d’une semaine entre deux ditos, et même dans ces cas là, pas beaucoup plus. Et ceci même lorsque j’étais en vacances, ce qui veut dire que je n’ai jamais été pendant ces deux ans plus d’une semaine loin de tout ordinateur.

On ne m’en voudra donc pas si depuis quelque temps j’ai du mal à tenir le rythme. D’autant que d’autres affaires privées ne me laissent pas forcément en excellente forme non plus.

Or, il y a quelques années, un moral au fond des chaussures avait tendance à me précipiter sur la feuille blanche pour de magnifiques écrits romantiques que personne ou presque n’a jamais eu l’occasion de lire, eut égard à leur niaiserie et leur misérabilisme. Maintenant, ça ne va pas, mais je suis plus passif créativement parlant. J’ai compris depuis longtemps que je ne suis ni Mallarmé, ni Brassens. Ce n’est pas un petit malheur tout personnel qui va me transformer en grand auteur, et finalement, l’introspection pseudo littéraire n’est qu’une perte de temps.

De plus, je sais bien que j’ai l’air de disparaître un peu à vos yeux, mais c’est juste un recentrage des mes activités : je suis informaticien, j’adore les ordinateurs, j’y passe ma vie. Non, j’y passais ma vie : je suis connecté sur le Net à peu près 24h/24, au boulot, chez moi avec ma connexion cable, en week-end avec une connexion ADSL … Mais ces derniers temps, j’ai un peu beaucoup regardé mon écran sans savoir quoi en faire, sans avoir vraiment d’envie. Du coup, je me suis remis un rien à la lecture et surtout, je lâche peu mes guitares, ou alors seulement pour le piano … Je n’ai par contre plus du tout envie de jouer pour les gens, voire de jouer avec des gens. En ce moment, j’ai envie de jouer avec moi, pour moi. De toutes façons, je n’ai encore jamais trouvé des gens qui parlaient le même langage musical que moi, ou alors pas au même niveau, du coup, il n’y a pas vraiment de perte.

C’est vrai qu’en ce moment, je me suis pris un peu de musique dans les oreilles et en dehors du portefeuille : il y a bien sûr Echoes, le best-of du Floyd qui vient de sortir, et qui me met du Pink Floyd plein les doigts, et juste avant, il a eu toutes les sorties et ressorties pour le vingtième anniversaire de la mort de Brassens, avec des inédits et des choses non écoutées de tous les cotés, et mes doigts saignent un peu.

Voilà, voilà. Sinon, je suis en ce moment très mal dans mes pompes. La perte de DXXXX apparaît comme de plus en plus définitive, tout semble indiquer une future et pas très éloignée perte de contact totale : nous ne nous sommes pas vus depuis plus d’un mois, très peu parlé dans ce laps de temps, et elle a annulé chaque rencontre prévue entre nous deux, rencontres dont elle était par ailleurs la principale instigatrice. Entre elle et moi, personne n’a jamais pu prévoir quoi que ce soit, mais le message me semble de plus en plus clair.

Il y a quelques années, j’avais déjà perdu une demoiselle à laquelle je tenais plus que mon vocabulaire n’aurait permis de l’expliquer, j’avais à l’époque salement pété les plombs. Et puis je suis depuis passé par une épreuve autrement plus forte que la simple perte de celle qu’on considère comme la femme de sa vie. Je dois avouer que je vis du coup ce par quoi je passe en ce moment d’une manière assez étrange; persuadé de la futilité de ce que je ressens, mais le ressentant quand même. Et tout ça me rend un rien schizo, si je ne l’étais pas déjà. J’ai l’impression d’être une espèce de mécanisme dont on a arraché un énorme morceau, mais qui continue a fonctionner malgré les entrailles à l’air. Fonctionner pourquoi, comment ? Je n’en ai pas la moindre idée. Je continue à avancer un peu mécaniquement, sans plus avoir l’impression d’un quelconque but à atteindre. Je fonctionne toujours, mais en me sentant vide et inutile.

Les gens non plus ne m’intéressent pas. Je me sens en décalage avec eux qui ne ressentent pas un telle perte. Mes relations actuelles me semblent superficielles. D’autant qu’une fois encore, j’ai perdu un de mes vieux réflexes qui est de parler de ce que je ressens, la plupart des personnes qui m’entourent dans la vie de tous les jours se sont à peine rendu compte que je n’étais pas forcément très en forme, mais sans plus. Et au bout de deux mois, soit ils se sont habitués, soi c’est moi (mais mes pensées n’ayant toujours qu’un seul sujet, ça me paraît peu probable), mais ils ne remarquent pratiquement plus rien. Quant à ceux qui pourraient, de par leur position par rapport à DXXXX et à moi, recueillir certaines confidences, j’en suis à éviter de les voir. Je ne veux pas leur imposer ma déprime, et pour tout dire, je n’ai pas envie de fréquenter ceux qui ont été les témoins de notre relation. Me retrouver aux endroits où nous allions à deux pour voir les gens que nous voyions à deux ? Et puis me mettre la tête dans le four tout de suite aussi ? Je sais bien que j’ai toujours été contre ceux qui coupent des ponts pour essayer d’échapper à leur problème, mais je commence seulement maintenant à comprendre l’utilité de la chose. Sanitairement, dans la tête, c’est mieux. Si je pouvais trouver un moyen quelconque pour ne plus fréquenter un des principaux protagonistes de l’histoire, à savoir moi, ça serait encore mieux.

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