Tout ça n'est pas fait pour s'arranger : mon style de jeu laisse peu de place pour caser une deuxième guitare, et plus le temps passe, plus il m'est difficile de jouer avec quelqu'un. Mais il y a d'autres intérêts. Je sais bien que je ne suis pas -et que je ne serai jamais- un grand guitariste, mais je suis un guitariste particulier, et ce n'est pas si mal.

Il y a quand même une méthode de jeu qui m'a rendu de grands services et qui est une méthode reconnue, qui a eu ses grands (le moindre n'étant pas feu marcel Dadi), c'est le picking.

Le picking, c'est un terme très large. Disons qu'à la base, il s'agit surtout de jeu au doigts, ce qui peut poser quelques problèmes à ceux qui sont nés avec un médiator entre les mains. J'y suis venu tout naturellement, par chance, car j'en ai eu beaucoup lorsque j'ai débuté la guitare. D'abord grace à des partoches de l'intégrale des Beatles qu'on m'avait offerte : les Beatles ont commencé sur trois accords pour finir par des choses très compliquées, j'ai donc eu sans m'en rendre compte un cours très progressif. Ensuite parce que j'ai démarré tout de suite à jouer au doigts.

Le premier morceau que j'ai appris fut "Is there anybody out there ?" De Pink Floyd. Le degré zéro du pincking, mais justement très facile et très joli. Je ne jouais même pas de guitare à l'époque, j'avais juste appris un morceau, celui là. Je ne me suis vraiment mis à la guitare que quelques mois plus tard, que jouer alors ? Nous étions à ce moment là en plein revival Led Zep, la réponse a donc été évidente : Stairway to Heaven.

J'ai donc dès mes débuts à la guitare commencé à jouer avec les doigts, je n'en suis jamais sorti. J'utilise malgré tout régulièrement le médiator, mais même là, je n'ai besoin que de deux doigts pour le tenir, ça m'en laisse trois pour étoffer le jeu.

Du coup, ça fait un certain temps que je m'amuse à mélanger rythmique et mélodie. Allez, je n'ai pas le temps de fignoler, ni de vous en mettre plein, mais voici juste le début de l'Éducation Sentimentale, de Maxime Leforestier, que tout les guitaristes acoustiques ont joué, mais seulement la ligne mélodique. C'est pas plus joli comme ça ?

     Am
e :-0-1-0---|
B :-3-1-0-0-1---|
G :-2-1-2-2-|
D :-2-2-2-2-|
A :-0---|
E :-0---|

Bon, évidemment, tout le morceau suit, arrangé de la même manière. J'ai toujours trouvé que les morceaux de Maxime Le forestier se prétaient fort bien à ce traitement. J'aime bien mes arrangements de Fontenay-aux-roses ou Marie, Pierre et Charlemagne sur le même principe. Pourtant, on peut faire ça avec bien autre chose, dans ma besace, j'ai aussi par exemple une adaptation de relics (un vieux Floyd, uniquement sur une vieille compil plus rééditée), du Brassens, ou bien une adaptation de A Day In The Life des Beatles que je n'aurais même jamais essayé de jouer si j'avais vu la partoche écrite par un autre, mais qui est moins compliquée qu'elle n'en a l'air. Ça ressemble à ça :

     G               Bm
e :-0-0-2-|
B :-0-3-0-3---|  (enfin, bon, un truc dans
G :-0-0-0- -0-4-4-|   le genre, je n'ai pas de
D :-0-4---|   guitare sous la main)
A :-2-|
E :-3-3---|

Si j'étais bon pédagogue, je pourrais essayer d'expliquer tout ça, mais je sais d'expérience que s'il y a bien un domaine où je ne suis pas doué, c'est la passation de connaissance. C'est pourquoi la prochaine fois, je vous parlerai plutôt de Napoléon Ier.