Métaphore

Il fait froid dehors

Swing low...

I don't want to leave her now,
You know I believe and how

You're asking me will my love grow
I don't know, I don't know
You stick around now it may show
I don't know, I don't know

Georges Harrison

C'est un chariot qui un jour a du porter une charge inhabituellement lourde. Un bon gros vieux chariot basique, sans clinquant particulier... Un chariot.

Il avait toujours du transporter des choses, des petites pendant longtemps, des grosses de temps en temps... Jusqu'au jour où ou est arrivée celle-là . Et il l'a senti passer : la route n'a jamais été excellente, mais ce n'était pas une route désagréable, elle était un peu à l'écart des grands axes, de ces routes qui jamais n'arrivent à l'uniformité autoroutière.

Mais cette charge là n'était pas faite pour une telle route, elle non plus n'était pas faite pour une route plate et droite, mais ce chemin là n'était pas suffisamment en bon état... Le chariot a tenu le coup, vaille que vaille, mais la trace de ce voyage là est resté marquée dans la boue du chemin.

Depuis, la précieuse cargaison a disparu, mais toujours le chariot suit le même chemin : les ornières, comprenez vous? De par et d'autre de ce chemin, des sentiers agréables se sont présentés, mais le petit chariot est resté dans ses ornières. Il voulait bien en sortir, mais seulement pour un chemin qui aurait été encore plus beau que ne l'a jamais été le souvenir embelli de celui qu'il a connu jadis... Et il y a les ornières... Il y est secoué, la route n'est plus forcément agréable, mais finalement, ces ornières sont un tel confort : le chemin est tout tracé, il n'y a plus à réfléchir, qu'à rester et suivre toujours la même voie cabossée.

Un jour un chemin de traverse s'est présenté, avec au bout une magnifique fleur... et pas plus que vers les autres le chariot ne s'est dirigé vers elle... Et la fleur est resté là. Elle s'est épanouie ou s'est recroquevillée au gré des passages du chariot, pendant que celui-ci, imperturbable, suivait le chemin qu'il suivait depuis des années.

Et puis le chariot a vu la fleur, presque trop tard, ou déjà trop tard. Il a essayé de sortir de ses ornières, affrontant non seulement la difficulté matérielle de le faire, mais aussi la peur de quitter ce chemin qu'il connaît par cœur et dont il avait appris à se contenter... Une peur panique mais... et si ça valait le coup?

Le chariot essaye de sortir tandis que les gens passent, et plus ceux-ci le connaissent depuis longtemps, moins ils comprennent : "Quoi? Depuis des années, il est là, il avance, égal à lui même, imperturbable, et le voilà qui se met en tête de bouger? Pour une fleur à coté de laquelle il passe depuis des mois sans la voir? Qu'est ce que ça veut dire ?" La fleur elle-même entend ça et a peur... Lasse d'attendre, elle avait enfin trouvé le courage de se retourner. Après des mois d'attente, après des années d'ornières, qu'est ce que ça veut dire? Par dessus tout : est-ce qu'on peut y croire ?

Personne ne peut le savoir, pas la fleur, pas le chariot, et surtout pas les gens qui jugent... Mais peut-être que ça vaut le coup de leur laisser une chance ?

Parce que j'en ai marre de rouler dans la boue.

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