Les éboueurs sont des gens épatants
Je ne suis jamais arrivé à considérer les gens comme du décor ; quand je prends le bus, quand je me promène dans la rue, quand je fais des courses, je vois chaque personne comme une individualité. Laissez-moi quelques minutes et je me prends a essayer d’imaginer leur vie, leur famille, leur environnement, leur centres d’intérêts, leur personnalité.
Du coup, j’ai un mal fou avec les ceusses qui, volontairement ou non, méprisent les utilitaires : oh, on peut jeter ça n’importe-où dans les rayons, il y a des gens payés pour ramasser.
Là où je bosse, par exemple, semble exister une catégorie de sous-hommes : la sécurité. Voilà typiquement des gens que beaucoup ici voient comme du décor, du coup, il est rigoureusement inutile de leur sourire ou d’être simplement aimable. Ah ben oui, leur uniforme montre bien qu’ils sont interchangeables et quantité négligeable (en plus, s’ils sont là, c’est sans doute qu’ils n’ont pas fait d’études, ils doivent être bêtes.)
Ça m’horripile à un point qu’on n’imagine même pas. Bien sûr qu’il y a des cons partout, mais décider comme ça que toute une catégorie de personne ne mérite aucune considération, c’est quand même la marque d’un pétage plus haut que son cul d’excellente qualité.
J’aime beaucoup les gens de la sécurité, moi. Oh, pas tous, il y en a certains qui ne me sont absolument pas sympathiques, je le sais parce que je les ai regardés, parce que j’ai parlé avec eux. Mais j’ai avec certains d’excellents contacts, je tire fierté même de voir qu’il y en a qui, alors qu’ils voient passer des milliers de gens chaque jour, me connaissent par mon nom, voire par mon prénom. J’avais le même rapport dans mon précédent boulot avec les ouvriers de la chaîne de production, qui avaient les mains sales, certes, mais qui avaient une humanité à en remontrer pas mal deux étages au dessus, chez les cravates.
En élargissant le concept, ça vaut aussi pour les pédés ou les arabes, ou n’importe quel catégorie ou population ou que sais-je encore qui se prennent régulièrement du mépris dans la gueule parce-que, vous comprenez, c’est pas des gens comme nous.
Je pense qu’il y a de quoi être fier de ne pas être comme les crétins qui sortent ce genre de philosophie de comptoir. Je voudrais bien voir ces gens-là essayer de manœuvrer un bus par exemple (non mais sans rire, vous avez déjà pris le bus ? Vous avez déjà regardé comment les chauffeurs sont capables de faire glisser ces mastodontes à des endroits où vous auriez peur de ne pas passer en Clio ? Moi, à chaque fois, ça me troue le cul. J’admire vraiment ces mecs.)
Et je voudrais les voir, eux qui pensent sans doute que les éboueurs ne méritent aucune considération, soit vivre dans leurs ordures qui s’amoncellent, soit essayer de se taper les horaires de tarés des gars qui les débarrassent, les voir courir après le camion, les voir bosser dehors dans la pluie, dans le froid, dans la neige, et soulever chaque jour les tonnes d’ordures que tout le monde est bien content de voir disparaître.
Les éboueurs sont des gens épatants.
Les éboueurs sont des gens.
Publié le 17/02/10, dans la rubrique pensées irréfléchies.
Commentaires
1. Par [SiMON], le 17/02/2010 à 14:35
2. Par mirovinben, le 17/02/2010 à 15:27
3. Par Vincent, le 17/02/2010 à 23:56
4. Par Fiev, le 18/02/2010 à 13:14
5. Par gilda, le 20/02/2010 à 11:14
6. Par zelda, le 20/02/2010 à 15:08