Pas niais : Piano
Par lez'Arts - Lien permanent
Hier, c'était ma fête (bande d'ingrats) et en rentrant chez ma maison après une dure journée de travail et une séance de remuage du dedans de la tête chez la Dame des Questions, j'ai eu un beau cadeau : un message de la maison chez qui j'ai commandé mon piano pour me dire que celui-ci est disponible.
Ah oui, j'ai décidé d'acheter un piano.
Bon d'accord, pas un vrai : un numérique. Mais un qu'il est top bien. J'en crevais d'envie depuis des années, alors que je n'avais chez moi qu'un clavier assez large, certes (77 touches, nous ne sommes pas loin des 88 du piano) mais aux touches d'orgue, donc légères, et c'est absolument pourri pour jouer du piano, du coup, je n'en jouais pas, du coup, mon niveau n'a fait que baisser ces dernières années.
Aujourd'hui, un piano numérique, c'est cher. Mais voyons le bon côté des choses : je suis célibataire. Si, ça a un rapport : ça veut dire que je peux bien me le permettre, puisque finalement ça coûte moins cher que chaque départ en vacances de ces dernières années et qu'il n'y en a pas eu en 2008[1]. J'ai donc décidé de me faire ce cadeau là. Surtout que ...
Surtout qu'au niveau voyages vs. musique, la Dame des Question m'a aidé à me rendre compte hier de quelque-chose : D'abord qu'il m'est impossible de partir seul en voyage, puisque j'ai découvert ce plaisir là avec Elle. En découle que quoi que je fasse, où que j'aille, je trimballerais son fantôme avec moi. Je crève d'envie de partir, mais j'en tirerais plus de douleur que de plaisir. Voilà pourquoi pour le moment et pour encore je ne sais combien de temps, ça n'est vraiment pas une bonne idée. Un jour, le manque de route sera plus important que la douleur de promener un fantôme ; je partirai ce jour là.
Hier, donc, la Dame des Questions m'a demandé de réfléchir à un plaisir qui contrairement aux voyages ne serait pas rattaché à ma relation morte. J'ai parlé de musique, évidemment, et elle m'a fait remarquer la transformation physique qui s'opérait en moi quand je cessais d'être sombre en parlant des plaisirs perdus des voyages pour m'allumer en parlant des plaisirs de la musique.
Je me suis félicité tout au long de la relation de ce qu'Elle ne s'intéressait à la musique que j'aime (J'aime la musique qui exprime et exorcise les sentiments sombres, qui remue des choses à l'intérieur, celle qui veut dire quelque chose, qui a à exprimer. Les vieux Floyd, les derniers albums de Brel et autres morceaux joyeux, quoi ...) parce que ça me laissait mon domaine, un territoire dont elle était absente, et que je savais que ça serait précieux si un jour je venais à la perdre[2]. Bon, le problème, c'est que mon groupe s'est viandé quelques mois avant la rupture. Du coup, non seulement je n'ai pas eu ce défouloir quand elle m'a quitté, mais de m'être raccroché à la relation quand j'ai perdu ce moyen d'expression a sans doute précipité la fin de celle-ci (alors que le groupe aurait sans doute parfaitement accepté mon sur-investissement si ça s'était déroulé dans l'autre sens.)
Ça tombe bien maintenant qu'il me reste ça sans elle. Le piano, c'est quand même l'instrument sur lequel, fut une époque, je passais des heures à improviser. Mal, certes, mais j'ai été dans le temps capable de me perdre complètement là dedans, et d'oublier un peu ce qui se passe autour (vous n'imaginez pas le nombre de journées de cours que j'ai ratées parce que j'avais encore le temps de jouer trois minutes avant de partir.) Et oublier ce qui se passe autour, en ce moment, ça me plaît bien comme idée.
Merde, mais j'ai pas du tout parlé de piano, en fait ?
Notes
[1] Et puis l'argent qu'elle m'avait convaincu de mettre de côté pour quand nous aurions envie d'acheter quelque chose ensemble.
(c'est drôle) qu'est-ce que vous voulez que j'en fasse, sans elle ? (Surtout que pour faire encore plus drôle, je ne m'y suis vraiment mis que depuis le début de l'année. Oui, depuis que ça ne sert plus à rien.)
[2] Parce que j'ai un jour perdu une fille avec qui je partageais tout et qu'il ne m'est plus rien resté à moi après son départ.
Commentaires
"Parce que j'ai un jour perdu une fille avec qui je partageais tout et qu'il ne m'est plus rien resté à moi après son départ." : c'est précisément mon problème. Ne me reste guère que ma part d'Italie et mon indécrottable côté prolétarien - qui me sauve certains soirs parce que je ne peux pas entièrement décroire en l'amitié, ni en la capacité de solidarité des êtres humains, ceux dont je suis issue s'en sont quand même sortis grâce à ça (et malgré les temps de guerre successif où c'est rarement la bonté qui triomphe) -.
Je comprends fort bien le mécanisme implacable du groupe qui se délite et que par ricochet la relation intime prend davantage d'importance mais que la pression que de ce fait elle subit contribue à précipiter sa fin. Je crois qu'il y a comme ça des enchaînements contre lesquels on ne peut pas lutter.
Le piano numérique, quand on loge en appartement c'est quand même bien pratique (on peut se mettre au casque, on n'embête pas les voisins).
Tu es un homme orchestre.
C'est précieux !
Contente pour toi que tu te sois fait ce cadeau. Pourquoi se priver de choses qui redonnent vie ? Elle est bien ta dame des mots.
"... une fille avec qui je partageais tout... " : Ca existe, ça, une fille qui fait de la musique ET de l'informatique ?
Notre conscience > le monde est plein de surprises, hein ?
@ Notre Conscience : Au risque de paraître immodeste je dirais
oui, moi.
(n'y voir par ailleurs aucun sous-entendu, à présent je suis vieille - mais ce ne fut pas toujours le cas -)