Métaphore

Il fait froid dehors

Sans exigences

Rah putain, Brel, il avait vraiment tout compris !

Je n'étais plus que son amant
Je vivais bien de temps en temps
Mais peu à peu de moins en moins
Je blasphémais ma dernière chance
Au fil de son indifférence
J'en voulais faire mon seul témoin
Mais j'ai dû manquer d'impudence
Car me voyant sans exigences
Elle me croyait sans besoins

Je protégeais ses moindres pas
Je passais mais ne pesais pas
Je me trouvais bien de la chance
A vivre à deux ma solitude
Puis je devins son habitude
Je devins celui qui revient
Lorsqu'elle revenait de partance
Et me voyant sans exigences
Elle me croyait sans besoins

L'eau chaude n'a jamais mordu
Mais on ne peut que s'y baigner
Et elle ne peut de plus en plus
Que refroidir et reprocher
Qu'on ne soit pas assez au soleil
L'eau chaude à l'eau chaude est pareille
Elle confond faiblesse et patience
Et me voyant sans exigences
Elle me voulait sans merveilles

De mal à seul, j'eus mal à deux
J'en suis venu à prier Dieu
Mais on sait bien qu'il est trop vieux
Et qu'il n'est plus maître de rien
Il eût fallu que j'arrogance
Alors que tremblant d'indulgence
Mon coeur n'osât lever la main
Et me voyant sans exigences
Elle me croyait sans besoins

Elle est partie comme s'en vont
Ces oiseaux-là dont on découvre
Après avoir aimé leurs bonds
Que le jour où leurs ailes s'ouvrent
Ils s'ennuyaient entre nos mains
Elle est partie comme en vacances
Depuis le ciel est un peu lourd
Et je me meurs d'indifférence
Et elle croit se couvrir d'amour.

Si j'avais le talent d'écrire ce genre de texte, je ne changerai pas un mot, pas un seul ! C'est exactement, totalement, insupportablement ça.

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Commentaires

1. Par Groumphy, le 28/03/2008 à 16:02

Aaaah (soupir), Brel, "mon grand Jacques" ; en voila un qui sait nous faire chavirer mieux qu'une tempête s'acharnant sur un navire.

2. Par pilore, le 28/03/2008 à 22:35

Oui, très beau texte. Après l'avoir lu j'ai eu envie de l'entendre. Quel est le titre de la version chantée ?

3. Par xave, le 29/03/2008 à 14:29

Le titre de ce post, simplement. C'est une des cinq chansons posthumes sorties en même temps que la dernière intégrale.

4. Par Spierre, le 29/03/2008 à 21:45

Venue ici depuis chez Kozlika, je lis depuis quelques heures... Envoûtant. (Et que de souvenirs à Saint-Chartier !)

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