Musique !

Quand j'étais petit, en plus de n'être pas grand, j'ai pris des cours de musique. De piano plus exactement... Enfin, de piano : suivant les bonnes vieilles méthodes, j'ai commencé par une année de solfège sans toucher aucun instrument, j'ai donc réagi comme la plupart des mômes à qui on impose ce cursus : j'ai détesté ça.

Et tout à fait logiquement, puisque je détestais ça, j'étais nul. Mais pas nul pour rire, vraiment nul ; entouré de gamins de mon âge qui détestaient ça autant que moi, je mettais la plus mauvaise volonté du monde pour apprendre à lire mes partitions, ce qui m'a valu très vite d'être entouré de gamins plus jeunes que moi et d'ajouter à cette honte là celle de les voir se débrouiller bien mieux que je n'aurais imaginé le faire. Le résultat a été assez fascinant, puisqu'après avoir eu de justesse ma première année la première année, j'ai fait deux fois la deuxième année, trois fois la troisième année et que j'ai arrêté de justesse dès que j'en ai eu l'autorisation parentale au moment où s'annonçait une quatrième troisième année qui aurait brisé cette belle progression.

Étonnamment, ayant mis tant d'années pour à peine dépasser la Méthode Rose (les connaisseurs apprécieront,) j'ai ressenti après deux ans d'interruption quelque chose comme un manque et j'ai décidé de m'y remettre. Vous me croirez si vous le voulez, mais je me suis retrouvé à ce moment là encore plus nul qu'avant l'interruption. J'en suis arrivé à passer des cours entiers à regarder ma montre, à attendre l'heure de partir en espérant qu'on ne m'interrogerait jamais. Le résultat fut sans appel : À la fin de l'année, j'ai été viré de l'école avec pertes et fracas.

Mais comme tout ça n'avait pas comblé le manque, j'ai cherché ailleurs ce que je pouvais faire. Étant à ce moment adolescent bien entamé (j'avais dix-sept ans) je me suis dit qu'il pouvait y avoir des choses plus intéressantes que la musique classique. Jusqu'à quinze ans, je ne m'étais absolument pas intéressé à la musique (mon truc, c'était plutôt le dessin[1]) et puis brutalement, j'avais découvert The Wall, suivi d'autres albums de Pink Floyd, et de là des tas de choses motivantes mais absolument ignorées de l'école municipale de musique avec laquelle j'avais depuis toutes ces années des rapport si conflictuels. Du coup, je suis allé m'intéresser à l'autre école de musique du cru, dont le nom me parlait beaucoup plus : les Ateliers Rock.

Restait à décider vers quel instrument j'allais me tourner. Le clavier était trop plein de mauvais souvenirs, la batterie ne me parlait pas, j'aimais plutôt bien le son de la basse, mais je trouvais l'instrument lui même très laid à regarder, alors qu'une guitare, ça avait de la gueule mais bon, ces histoires d'accords, ça m'inquiétait quand même. À la réflexion, devant la beauté qu'avaient pour moi certaines guitares (particulièrement tout ce qui était Gretsch et assimilé) j'étais en train de me décider tout doucement pour la six cordes.

(À suivre...)

Notes

[1] D'ailleurs, la seule fois que j'ai gagné quelque chose à l'école de musique, c'était à l'occasion d'un concours de dessin.

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