Métaphore

Il fait froid dehors

C'est aujourd'hui qu'il faut péter les dents à ceux qui écrivent "c'est aujourd'hui"

Il y a des petites choses qui n'ont l'air de rien mais dont on ne peut plus supporter la présence une fois qu'on les a notées, particulièrement dans les tics de langage. Il y a les évidents en fait et sempiternels Tu vois ? mais ceux là ont pour eux d'être évidents : c'est du caca dans la bouche des gens, mais on le sait. Ça ne sert à rien, mais on est au courant. Et puis après tous, les gens parlent mal, c'est bien connu.

Mais il y a des gens qui parlent devant tout le monde, et là c'est encore plus stressant. À chaque fois que ma télé (rarement la mienne, remarquez, la mienne ne passe généralement que les Simpson et des dvds savamment choisis) m'éructe un au jour d'aujourd'hui, j'ai l'impression d'entendre une craie grincer sur un tableau noir et je ne rêve que d'écraser la tête de l'importun que les ondes ont relayé entre deux fesses d'obèse.

Mais bon, ce n'est pas grave, c'est dans le feu de l'action, quand on a eu sa carte de presse dans les cocktails mondains, on n'est pas obligé d'avoir suivi des études de grammaire et un gimmick stupide pour faire sérieux et rallonger ses phrases est toujours bon à prendre. Il y a pire.

Je me suis déjà énervé sur ces abrutis de publicitaires qui tirent tous à mort sur la même ficelle (trois publicités d'affilée sur la dernière série que j'ai subie) mais ce qui me stresse aujourd'hui, c'est c'est.

La première fois que je m'en suis rendu compte, c'était sur un site francophone qui causait des Beatles : la moitié des news commençait par c'est : C'est aujourd'hui qu'a été rendu disponible..., C'est ce mois-ci qu'on pourra entendre..., C'est le 25 mars prochain qu'on pourra aller voir ..., etc.

Du coup, à force de le voir accumulé aussi souvent, forcément, j'ai tilté. D'abord, ça m'a énervé sur le moment, et j'en ai fait part aux tenanciers du lieu, qui m'ont répondu en gros que j'étais bien sympathique mais que c'était comme ça qu'on faisait des news et que je n'y connaissais rien. Malheureusement, ça m'a également énervé par la suite, lorsque je me suis rendu compte que j'étais en contact avec ce petit bout de phrase partout : un site web ? C'est en 1986 qu'elle ...[1] Un journal télé ? C'est demain que sortira...[2] Un magazine ? C'est l'an dernier que ...[3]

Entendons nous bien : Je m'en fous qu'on utilise le verbe être, totalement. Il se trouve juste qu'il existe des milliards de manières de tourner une phrase, et je me demande comment on se peut être à ce point tâcheron du verbe pour utiliser la toujours même accroche sans aucun intérêt quand on se pique d'utiliser des mots en public.

La prochaine fois, je vous parlerai des zooms magiques dans les feuilletons, qui sont eux aussi légion et ça me dépasse. Ah ben non, suis-je bête, ça, c'est déjà fait.

Notes

[1] Lu ce soir.

[2] Entendu hier.

[3] Lu ce week-end.

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Commentaires

1. Par Olenka, le 09/01/2007 à 06:16

Maintenant, le zoom, c'est kill biil-esque. Et moi je ne supporte pas le "malgré que".

2. Par Anne, le 09/01/2007 à 09:07

Mon grincement de dents apocalyptique se produit en général au cours d'une interview où l'interrogateur comme sa phrase par : "j'ai envie de vous demander...".

Arg !!! Envie de meurtre !!

3. Par xave, le 09/01/2007 à 09:33

Je viens en plus de me rendre compte qu'il ne s'agit de rien d'autre que d'une de ces façons pourries de rallonger une phrase : Vient de me tomber devant les yeux un C'est depuis l'age de six ans qu'elle ... qui pourrait tout simplement être remplacé par Depuis l'age de six ans, elle ...

4. Par AlbertD, le 09/01/2007 à 09:44

Alors ce qui me saoûle, c'est l'emploi à toutes les sauces de l'impersonnel "Ils" dans le parler courant. "Ils" ont retiré mon permis, "Ils" ont sorti la WII chez Carrouf, "Ils" ont montré à la télé, "Ils" vont augmenter les impôts...

Ca m'éneeeeeeerve !

"Ils" m'emmerdent tous.

5. Par karl, le 09/01/2007 à 10:15

A scrupulous writer, in every sentence that he writes, will ask himself at least four questions, thus: What am I trying to say? What words will express it? What image or idiom will make it clearer? Is this image fresh enough to have an effect? Ad he will probably ask himself two more: Could I put it more shortly? Have I said anything that is avoidably ugly?

Why I write, George Orwell

6. Par Brad-Pitt Deuchfalh, le 09/01/2007 à 10:16

Le "au jour d'aujourd'hui" c'est vrai que ça fait vraiment crétin. Y'a deux ans mon prof de français nous avait expliqué que "hui" ça veut dire ici (ou maintenant) et que donc "aujourd'hui" c'est le "jour d'ici et maintenant" donc "au jour d'aujourdhui" c'est "le jour du jour de maintenant" et là on comprend bien pourquoi c'est complétement con cette expression.

A+

7. Par xave, le 09/01/2007 à 10:21

Merci BP. Mon prof de français, c'est tellement plus ancien que j'avoue avoir tendance à considérer que c'est de notoriété publique. Mais j'aime à penser que mes rares lecteurs sont des gens cultivés et qu'ils étaient déjà tous au courant.

8. Par xave, le 09/01/2007 à 10:26

Ah merde, je viens de me rendre compte que j'étais lié chez Embruns, voilà pourquoi il y a des nouveaux dans mes commentaires.

J'ai bien peur que ça invalide ma théorie à la fois sur la rareté et sur la culture de mes lecteurs. :p

Vite, il faut que je poste quelque chose sur les chats.

9. Par Martin, le 09/01/2007 à 11:54

Xave écrivit :
Je viens en plus de me rendre compte qu'il ne s'agit de rien d'autre que d'une de ces façons pourries de rallonger une phrase

Ah oui mais non ! Je trouve qu'il y a une nuance (subtile certes) entre :

J'ai donné mon premier baiser sous un épicéa. et C'est sous un épicéa que j'ai donné mon premier baiser.

En tout cas j'aime bien savoir qu'on peut utiliser les deux.

Écrirais-tu On devient forgeron en forgeant. ? Non, ça ne colle pas. Il faut écrire C'est en forgeant qu'on devient forgeron.

Et toi-même, le mardi 18 juillet dernier, n'écrivais-tu pas C'est donc sans étonnement que je suis passé à côté du rappeur du 92 sur ioutube ? Alors que tu aurais pu dire Je suis donc passé sans étonnement à côté du rappeur...

En racontant ton voyage en Jordanie, tu nous infliges un : Du coup bien sûr, c'est un peu vaseux que nous finissons pas nous réveiller. Pourquoi ne pas écrire simplement Du coup bien sûr, nous finissons par nous réveiller un peu vaseux. ? Parce que tu veux insister sur la vasouillance, et pas le réveil, voilà pourquoi. Et je ne t'en blâme pas.

Encore un exemple tiré de Xave.org : c'est Gilmour que je suis allé voir, et plutôt deux fois qu'une. Encore une fois, il s'agissait d'insister sur Gilmour, et pas sur le fait que tu es allé voir un concert.

Un dernier pour la route, lorsque tu relates votre voyage en Turquie : C'est en cherchant que nous tombons sur un marché de rue. Si tu avais écrit Nous tombons sur un marché de rue en cherchant, une ambiguïté en aurait résulté : en cherchant quoi ?

10. Par Martin, le 09/01/2007 à 11:55

Rhôô mais c'est pénible ces commentaires qui prennent pas les <br> !

11. Par Somebaudy, le 09/01/2007 à 12:49

Moi ce qui me casse les burnes, c'est depuis le père Noêl est une ordure, "gentil" veut dire beaucoup de choses plutôt méchantes et pas gentilles...

12. Par xave, le 09/01/2007 à 14:07

Martin> Tu en fais un beau, de pénible, tiens. :)

<br>, c'est pas valide xhtml, tu noteras donc <br />, qui n'est pas valide syntaxe des commentaires dotclear, tu noteras donc %%%.

Quant au fond, d'accord, il ne s'agit pas simplement d'une façon idiote de rallonger une phrase. Disons alors que je vise ceux qui l'emploie en tant que tel, et à répétition.

Enfin, pour illustrer mon propos, qu'il me soit permis de reprendre ici quelques accroches des news de ces quelques derniers jours sur le site dont auquel je causais plus haut :


  • Nous vous rappelons que c’est depuis le 2 Octobre dernier qu’est disponible...
  • Nous vous rappelons que c’est depuis le 3 Octobre 2006 qu’est disponible...
  • C’est depuis quelques semaines qu’est disponible...
  • C’est dans quelques jours que le commissaire priseur "Cooper owen" proposera...
  • C’est il y a quelques jours déjà qu’a été publié...
  • Nous vous rappelons que c’est le 9 Janvier prochain que ...

Je n'ai même pas parcouru une semaine.

13. Par Araignée, le 09/01/2007 à 14:27

Moi ce qui me fait marrer c'est cette tendance à mettre "le" ou "la" devant le nom d'un produit. Au supermarché : "la baguette tradition" ou "le poissonnier", au restaurant : "la cassolette du chef" et "le moelleux au chocolat", et il y a encore plein d'exemples. Je sais pas si c'est pour faire "authentique tradition" mais c'est juste exaspérant.

(enfin bref, ça n'a pas grand chose à voir avec le billet mais j'y ai pensé en le lisant, car c'est encore une de ces manies horripilantes qu'on retrouve dans les "textes de comm", si je peux les appeler ainsi)

14. Par xave, le 09/01/2007 à 14:32

D'un autre côté, L'araignée, ça en jette plus que simplement Araignée, parce que L'araignée, ça fait spidèremane, alors que Araignée, quelle drôle de nom, pourquoi pas libellule ou papillon ?

15. Par Hanse, le 09/01/2007 à 15:08

"effectivement" me fait le même effet :je tourne aussitôt le bouton,de peur d'en être couvert...

16. Par le zouave, le 09/01/2007 à 17:51

J'aime bien la thématique de ce blog. Journaleux dans un hebdo de presque province, je ne suis donc pas parfait dans les textes que je commets ! Il y a des mots qui me font grincer des dents tels "''solutionner un problème'" au lieu de résoudre bien sûr. Que l'on ne sache pas conjuguer les verbes du troisième groupe est une chose... attendre que le Larousse entérine une horreur en est une autre. Nominer ! C'est trop bon ! c'est excessivement beau ! En ce qui me concerne, j'ai un tic de langage, je commence ou ponctue souvent mes phrases par : dans l'absolu (c'est trop nul, non ?). Vous avez un remède docteur ?

17. Par orion, le 09/01/2007 à 21:02

Araignée> du temps de ma jeunesse en montagne profonde et isolée, il y avait 2 façons de nommer les nuisibles: - UN renard, c'était la bestiole qui passait par là, et continuait sa route, - LE renard, c'était la bestiole qui bouffait les poules régulièrement, tant pis si ce n'était pas le même, ils étaient tous désignés sous ce vocable LE renard (LE diable).

Que voulez-vous, l'exemple vient d'en-haut, vous n'avez jamais sauté au plafond en entendant "la gouvernance" et autres soi-disant néologismes ?

18. Par martin, le 10/01/2007 à 01:24

Yeah, il faut que vous lisiez "le journalisme sans peine" (de Burnier et Rambaud je crois). C'est une super collection de clichés et autres métaphores foireuses, contresens etc. Un très agréable moment.

19. Par martin, le 10/01/2007 à 01:27

Xave, tu as supprimé mon <br> non ? C'est étrange je ne le vois plus. C'est inquiétant si tu peux éditer mes commentaires, non ? Si ça se trouve on va me faire dire des trucs de nazis homophobes sur des blogs où j'ai laissé des commentaires (angoisse)... Et puis ça fait tellement longtemps que je ne pratique plus Dotclear que j'ai oublié si c'est possible ou pas. Bref, au dodo merde il est une heure et demie !

20. Par Agaagla, le 13/01/2007 à 15:36

Quant à moi, ce n'est que tous les trois mois que je viens te rendre visite (est-ce assez lourd ?), au hasard des liens des autres, mais c'est aujourd'hui que j'ai envie de te dire (çui-là l'est pour Anne) que décidément à chaque fois je me délecte du nom énigmatique et poétique de ce blog (on a le droit de dire blog, chez toi ?), avant de re-comprendre le jeu de mots.

De là, dilemme : est-ce que je me penche davantage sur tes pages pour en savourer d'autres, au risque d'émousser ce plaisir-là, ou est-ce que je ferais mieux de cultiver la rareté de mes visites, de peur que tu ne te mettes à poster sur les chats ?

21. Par xave, le 18/01/2007 à 17:33

Agaagla> Non, on ne peut pas dire blog. :)

Pour ceux qui aiment bien le nom, remerciez ma paresse : Il fut une époque où le nom changeait régulièrement, au gré de mon humeur. Allez savoir pourquoi, un jour, ça s'est arrêté sur le nom du moment et ça n'a plus jamais changé. Vous l'avez tous échappé belle parce que le nom suivant devait être {{Et tu avances, et tu recules, comment veux tu ... ?

Et ne fouille pas, tu trouverais des chats. Car j'aime les chats, et j'aime emmerder Laurent.

22. Par Kozlika, le 18/01/2007 à 17:51

Voui mais Métaphore (etc) moi je l'aurais bien recueilli si tu l'avais abandonné hein !

23. Par xave, le 18/01/2007 à 17:57

Nan, nan, nan ! C'est à moi-euh !

24. Par Nikita, le 13/02/2007 à 01:30

Faut quand même faire gaffe avec ce genre de coup de gueule parce que ça ressemble d'abord beaucoup à du donquichottisme, et puis : Je m'en fous qu'on utilise le verbe être, moi je dis que ça fait un complément en trop et voilà quelque chose qui personnellement me fout le bourdon à chaque fois.

(Oui : moi je, et personnellement me — mais j'aime tendre le bâton, aussi...)

25. Par daftdef, le 30/09/2007 à 02:00

En petit bout de phrase bien pénible, je te propose aussi le "On va dire ..." Mais pour moi, le fameux "au jour d'aujourd'hui" reste le pire du pire, surtout quand il est utilisé à la radio ou seules nos oreilles retiennent l'essentiel de l'information (à la télé, nos yeux sont captivés par le décolleté de l'interviewée ou par le gus qui fait coucou à la caméra en arrière-plan)... Bref, moche comme expression (et de plus en plus souvent utilisée !!).

26. Par Lu, le 26/11/2008 à 20:47

Je ne sais pas si l'erreur dans le titre est volontaire, mais "à ceux qui écrivent ..." ne se dit pas. En effet, il aurait fallu dire "de ceux qui écrivent ...".

Exemple vulgaire mais se retenant tellement facilement : nous ne disons pas "fils à p..." mais "fils de p...". Amis du mauvais goût, bonsoir.

27. Par Mitternacht, le 26/11/2008 à 22:25

La vache, Xave, t'en as de la chance d'avoir des gens qui passent comme ça pour t'édifier...

28. Par xave, le 27/11/2008 à 09:24

Ué, chuis assez gâté par le sort, je dois dire. :)

(Et pour répondre à l'édification : Il est question ici de niveau de langage. N'y aurait-il pas un rapport entre celui du titre et celui dont je parle, mmh ?)

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