Et ben j'ai quand même vécu là des années. Il faut dire que je suis difficile à remuer et pas très difficile : je me contente facilement de ce que j'ai surtout si le changement implique un effort. Et puis bon, à force, j'étais habitué ! Mais pas Julie, du coup, j'ai quand même fini par demander au proprio de faire quelque chose pour les trucs les plus graves, et c'est en réponse à cette demande qu'il m'a proposé de faire des travaux et d'augmenter mon loyer, donc je suis parti.

Je pensais que le proprio avait bien compris qu'il était en faute, d'ailleurs, quand je lui ai annoncé mon départ sans aucunement respecter le préavis, il n'a pas fait de misères, et nous nous sommes donné rendez vous pour la remise des clefs et des la caution^[1], le tout très cordialement. C'est pour ça que j'ai été surpris lorsque nous nous sommes retrouvés qu'il sorte l'état des lieux et commence à tout inspecter, visiblement en cherchant la petite bête, et il en a trouvé trois quand même :

1. La cuvette est sale.
2. La moquette neuve à mon arrivée est abîmée.
3. Il n'y a pas de clef sur la porte des toilettes (sic.)

Que la cuvette soit sale, j'en conviens : des années de détartrage n'ont pas eu raison de la vilaine couleur qu'elle avait à mon arrivée. D'ailleurs, il est noté sur l'état de lieux qu'elle l'était déjà à l'époque. Oui, mais là, elle est vraiment sale ! me dit-il ! Ben oui, tiens, cette blague, pourquoi est-ce que ça aurait été noté au départ si son état n'était pas déjà à l'époque anormal ? Une raison de ne pas me rendre les sous balayée.

Que la moquette soit abîmée, j'en conviens. D'ailleurs, lui ai-je fait remarquer, c'est pas franchement étonnant quand on installe une moquette d'aussi mauvaise qualité sur un plancher en train de se décomposer. Les deux principaux problèmes, c'est que la moquette a commencé à prendre le relief du plancher pourri et qu'il y a une grosse tâche d'humidité, due à un problème ... de robinet qui n'arrête pas de couler (problème vieux d'un an pour lequel il n'a jamais rien fait.) Vous comprenez, je ne vous ai pas tellement embêté depuis que vous ètes là et ... Coupure brutale : Je lui signale que je ne l'ai pas beaucoup fait chier non plus, et lui ressort la liste que je vous donnais quelque paragraphes au dessus.

La dernière connerie, c'est cette absence de clef sur la porte des toilettes. De clef je n'ai jamais vu, ou en tous cas je n'en ai aucun souvenir, mais elle est mentionnée sur l'état de lie, soit. Vous comprenez, je ne sais pas combien ça va coûter... Je le coupe : quinze euros, j'ai justement changé une serrure il n'y a pas longtemps. Ah ben si vous vous proposez pour le faire... Je veux bien, mais je veux d'abord vérifier que c'est possible, il ne serait absolument pas étonnant qu'un peinture passée à la truelle empêche d'accéder aux vis. Et effectivement, un très court examen me confirme que non seulement les vis sont cachées sous la peinture, mais que c'est le cas de toute la serrure : il serait bien vain d'imaginer la sortir de la porte ou ... d'utiliser la serrure dont le pène est lui aussi bloqué par la peinture. Comme je lui signale que vu son état, je n'ai sûrement jamais utilisé cette serrure : Mais que vous l'ayez utilisée ou non n'est pas la question, il y avait une clef... D'accord, alors je me propose effectivement de résoudre le problème et de remettre une clef dans cette serrure : ça sera d'autant plus facile qu'il ne s'agit que de décoration, n'importe quelle clef pourra faire l'affaire.

Je crois que c'est sur cette dernière réflexion qu'il a fini par comprendre que si je partais, c'est que j'en avais vraiment marre qu'il se foute de moi et que je n'avais vraiment plus la moindre intention de me laisser faire. Du coup il m'a vite signé la papier me permettant de récupérer l'intégralité de la caution et je suis liiiiiiiiiiibre !

Le lendemain matin, j'étais à la banque pour récupérer mes sous, déménager mon compte et passer l'assurance sur mon nouvel appart mieux mais qui me coûtera moins cher. Et ben il était temps !