En ce qui concerne ma vision personnelle, maintenant que je me suis un peu affranchi de cette éducation là, c'est assez simple : quand j'étais plus jeune, je croyais en Dieu, je croyais aux extraterrestres, je faisais du spiritisme, je croyais à la voyance, voire à l'astrologie, aux prédictions de Nostradamus, aux fantômes, à la crypto-zoologie... Bref, j'étais assez ouvert à toutes les superstitions qui passaient par là.

Maintenant ça va mieux, je suis guéri... Je confesse encore :

• les martiens : Je trouve assez présomptueux de nous croire seuls. Mais ça n'implique pas les soucoupes volantes
• la personnalité en fonction du signe du zodiaque : Aucun rapport avec Mars et Uranus dans mon quadrant (ça me chatouille.) Je crois volontiers ceci dit que quand on a vécu ses premiers mois en hiver, on n'a pas la même personnalité que quand on est arrivé pendant les grandes vacances d'été. J'ai connu trop de lions aussi plein d'eux mêmes que moi pour ne pas voir un rapport.

Mais pour le reste, ça va beaucoup mieux : la seule crypto-bestiole que je connaisse est mon chat, Nostradamus était un fumiste, tout le monde peut prédire l'avenir (essayez en lançant un dé, vous verrez, vous y arriverez une fois sur six,) les signes du zodiaque se sont décalés au fil des années pour ne plus correspondre aux dates qu'on leur donne dans le calendrier, il faut être assez crétin pour penser qu'un douzième de la population (les verseaux par exemple) vont avoir aujourd'hui une importante rentrée d'argent^[1], les voyants sont des escrocs psychologues, les spirites poussent le verre et les martiens ne visitent la planète que depuis l'invention du ballon-sonde.

Quant à Dieu... J'ai très jeune renoncé à l'idée du grand barbu, je me disais que c'était une vue de l'esprit pour décrire quelque chose de beaucoup plus informe et mystérieux. Et puis finalement, j'ai essayé de suivre un peu, de comprendre comment le dieu d'Untel pouvait être le dieu de Telautre, voire les dieux de truc. J'en suis arrivé à me dire que tout ça était de très jolies superstitions. Non seulement je suis persuadé que la mort est le terme ultime du voyage, qu'il n'y a rien nulle part d'invisible et impalpable, mais en ce qui concerne plus précisément le christianisme, je ne suis même plus sûr, comme je l'étais dans le temps, de l'existence de Jésus, personnage historique. J'ai longtemps pensé qu'on avait sévèrement brodé au dessus de la vie de ce gars là. J'ai tendance maintenant à penser qu'il n'est pas du tout improbable qu'il ait été une invention postérieure de la secte des chrétiens pour légitimer sa propre existence^[2] (ce qui n'exclut pas, ceci dit, une récupération de la tradition, comme l'avait été la bible.)

Mais là n'est pas mon propos : je ne voulais pas parler de superstitions, je voulais parler de la messe, et plus particulièrement la dernière à laquelle j'ai assistée. C'était donc une messe de communion, de première communion (moins de décorum, il n'y a même pas de robes blanches, c'est nul !) Ma question, relativement simple, est la suivante : Comment veulent ils attirer des clients si le spectacle est si chiant ?

Bon d'accord, le fait d'être absolument et rigoureusement non croyant me fait perdre une dimension de la chose qui a son importance. C'est vrai que quand on me parle de discuter avec Dieu, et de lui poser des questions (auxquelles il ne répond jamais, l'ingrat, sauf chez les illuminés graves,) moi, ça me laisse un peu froid. Peut-être qu'un croyant va se dire que oui, que c'est cool, et que décidément qu'est ce que c'est sympa de parler avec un vieux barbu omnipotent, invisible et qui ne réagit jamais, mais moi ça me dépasse un peu.

Mais il me semble que même chez les croyants, on devrait avoir le droit à un peu de vie, non ? L'Église catholique en est toujours à Si tu veux aller au paradis, tu dois souffrir toute ta vie ? Si une messe était une pièce de théâtre -c'est à dire : si n'y venait pas parce que Dieu l'a dit-, il est fort possible qu'elle serait retirée de l'affiche avant même la fin de la première représentation. C'est lent, c'est chiant, les gens ne savent pas lire, et je ne parle pas des gamins, je parle des professionels : le curé et ses petits camarades. Je ne comprends même pas comment il est possible de mettre aussi peu de vie dans la lecture d'un texte. Quand on a l'impression à la lecture qu'on a en face de soi un gosse de CP qui découvre un texte et pointe chaque syllabe du doigt au fur et à mesure de la lecture, comment voulez vous qu'on l'écoute sans s'endormir ?

Et encore, s'il n'y avait que la lecture... Mais non, ces gens s'obstinent à parler comme ils lisent : lentement et d'une voix totalement monocorde. J'avais beau avoir fait une bonne nuit juste avant, j'avais quand même envie de m'endormir. Et quand je dis lentement, c'est lentement, hein ! Sur 1h40 de messe, je suis persuadé qu'on aurait pu gagner au moins quarante minutes en divisant par deux les blancs entre les phrases. Je ne parle même pas de la teneur du discours, qui s'égare de plus en plus souvent vers les justifications de la quête et (surtout pour moi qui n'y mets les pieds que lors d'occasions particulières) les tentatives de culpabilisation : Elle est bien vide, hein, la maison de Dieu ? On n'y vient plus souvent, hein, dans la maison de Dieu ? Ben non, je m'y emmerde.

J'ai souvenir quand j'étais petit d'un curé qui interpellait les gens, qui vivait complètement ce qu'il faisait, qui avait une pèche et un rythme incroyable et qui -cerise sur le gâteau- expédiait sa messe en moins de trois quarts d'heure. C'est bien, c'est très bien ! Pourquoi est-ce que je n'ai qu'un seul souvenir de ce genre là ? Où sont les autres ?

Et ben non : les curés sont mous et les messes sont chiantes. Et ils s'étonnent de ne pas attirer plus de clients... Rome devrait payer des cours de communications à ses soldats, je parie ma tête que le retour sur investissement serait payant. Quelque fois, franchement, je regrette de n'être pas croyant : je suis sûr que je ferais un meilleur boulot que ces gens là. Mais bon, je suis un mécréant, si le paradis existe j'irai en enfer. Même pas sûr, remarquez : être athée ne m'empêche pas de vivre en bon chrétien. (les bons chrétiens : les prétres ouvriers et les aumôniers, pas les extrémistes emperlouzés de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, cette bande de merdeux^[3].)

En attendant, nous avons sur notre emploi du temps un certain nombre de mariages dans les mois qui viennent, et Julie et moi sommes d'accord : nous allons essayer de couper le plus possible aux cérémonies religieuses. C'est super pour le spectacle, mais franchement, entre me sentir lâcheur et me sentir hypocrite, je préfère la solutoin où je m'ennuie moins.

Afin de finir, je tiens à préciser que tout ça est une opinion personnelle : je ne prétends pas avoir raison, d'une part. D'autre part, j'ai même un certain respect pour ceux qui croient, à condition qu'ils n'emmerdent pas les autres.

La prochaine fois, je vous dirai ce que je pense de l'homéopathie^[4]...