souffrir pour la cause

J'ai la rate
Qui s'dilate
J'ai le foie
Qu'est pas droit
J'ai le ventre
Qui se rentre
J'ai l'pylore
Qui s'colore
J'ai l'gésier
Anémié
L'estomac
Bien trop bas
Et les côtes
Bien trop hautes
...
Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
D'être toujours patraque,
Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
Je n'suis pas bien portant.

Gaston Ouvrard

Et pour terminer, une petite chanson pour titiller la censure, en espérant grâce au scandale faire un peu parler de nous : 'Jouis dans ma bouche (et dis moi que tu m'aimes)'
les Pythons, d'après Monty Python

J'ai passé un bon week-end ... J'ai mal à la tête et mal au genou et mal aux côtes et mal au ventre et mal aux fesses et mal à la tête, mais un bon week-end quand même, avec Julie, dans son antre parisienne et autour.

J'ai mal à la tête parce que nous avons commencé le week-end de manière assez culturelle : nous sommes allés a Beaubourg, voir une expo sur Roland Barthes. Chouette expo, c'était la première fois que je foutais les pieds à Beaubourg (enfin, du coté visiteur en tous cas), et je ne sais pas trop ce que ça peut donner habituellement, mais si ça ressemble toujours à ça, leurs expos, je suis preneur quand ils veulent. J'aime bien retrouver ma copine dans ce genre de contexte, ça me conforte dans l'idée que j'ai quand même de la chance de la connaître ...

J'ai mal aux genou parce que nous nous sommes pas mal baladés à pieds et que ça joue sur mon défaut de fabrication : j'ai appris dernièrement de source médicale que les faiblesses que je ressentais dans un de mes genoux depuis des années viennent d'une rotule trop aplatie. C'est ce qui fait que j'ai beaucoup de mal avec la station debout prolongée : mon genou ne bloque pas et oblige ma jambe à travailler en permanence ... Je suis content d'avoir enfin compris pourquoi malgré ma passion de la musique live, je ne supporte pas les concerts debout, et pourquoi mes coreligionnaires musicaux me raillent depuis des années parce que je ne passe jamais une répète sans m'asseoir. J'ai déposé une plainte auprès du fabricant.

J'ai mal aux côtes parce que j'ai ri : nous sommes allés voir un spectacle intitulé Monty Python's Flying Circus : une adaptation en français d'un florilège de sketch des Monty Python. Et c'est pas mal du tout ... J'étais au départ assez dubitatif parce qu'une grande partie de l'humour des Python vient d'un décalage complètement british qu'il m'apparaissait impossible de transcrire en français : c'est vrai. Mais l'adaptation est vraiment très bien faite, et on retrouve quand même un décalage ... Décalage plus français, mais qui fonctionne quand même ! Et puis Terry Gilliam lui même a trouvé l'adaptation excellente, si ça c'est pas une référence. "Je suis un bûcheron et ça me réjouit, je travaille le jour et je dors la nuit !"

J'ai mal au ventre parce que j'ai trop mangé : nous avons terminé dans un petit resto dont la spécialité est la raclette. Et ma foi, je n'avais pas mangé de vraie raclette depuis des années, et quand je parle de vraie raclette, je parle de celle qu'on racle justement ... J'avais oublié à quel point ça n'avait rien à voir avec la raclette fondue moulinex. Quel bonheur. Mais je préfère ne pas parler de l'état de mes intestins ensuite (même si si le timing empêche la raclette d'y être pour quoi que ce soit, ça gâche quand même un peu l'goût d'mes plaisirs.)

Et puis j'ai mal aux fesses parce que nous sommes allés faire un tour sur la patinoire de l'Hôtel de ville, parce que dans la vie, il faut faire des expériences. Mon dernier contact avec des chaussures instables, c'était à huit ans, et l'instabilité était due à des roulettes honteusement placées sous la semelle. J'ai mis longtemps à ôter de mes genoux tous ces petits cailloux qui y avaient élu domicile. L'avantage de la glace, c'est qu'il n'y a pas de cailloux ... J'ai essayé, promis, j'ai essayé ! Mais j'ai aussi acheté un nouveau pantalon dès le lendemain.

Et puis j'ai mal à la tête, parce que nous avons fini le week-end en regardant Festen de Thomas Vinterberg, un des cinéastes créateurs du Dogme, ce nouveau cinéma scandinave qui fait mal à la tête. Tant qu'à faire, autant regarder ce genre de film en VO ... C'est intéressant, je suis content de l'avoir vu. Je suis content aussi que "avoir vu" soit une forme de passé, parce que sur le coup, c'est vrai que c'est d'une part assez difficile à suivre, d'autre part assez propice à migrainer joyeusement. Enfin, quand je dis "joyeusement", je ne parle pas non plus du film, parce que ce n'est pas non plus le film le plus gai que j'ai vu, mais bon. Ceci dit, ça fait vraiment du bien de voir un film qui soit une œuvre, pas un divertissement .

Et à propos de week-end à Pais : j'aime bien déambuler là bas ... Je déteste toujours le parisianisme, partant une très grande partie de parisiens, mais j'aime bien m'y balader comme si j'étais un étudiant, mieux : comme un étudiant touriste. Et n'y aller que le week-end ou quand je prends congé aide à voir ça de ce coté là. Et s'y promener à pieds aide beaucoup à voir ce que j'ai envie d'y voir : les XIXème, XVIIIème, XVIIème voire XVIème siècles ... Je ne sais pas bien pourquoi, mais là où j'ai du mal à imaginer Bruxelles ou Lille avant la fin du XIXème siècle, j'imagine très bien un Paris beaucoup plus ancien, et je rêve d'aller m'y promener. J'ai revu dernièrement la trilogie de Retour vers le Futur, et je dois dire que si j'avais une machine à remonter le temps, j'airais bien faire un tour dans cette petite ville d'il y a quelque siècles.

Pour terminer, je voudrais dire un mot au sujet d'un bouquin malmené par une de mes petits camarades sur la toile : Ravage, de Barjavel. Barjavel ne fut sans doute pas l'homme le plus sympathique du monde, mais taxer Ravage de bouquin collaborationniste parce que son auteur a eu le malheur d'avoir des accointances avec l'un ou l'autre éditeur un peu trop proche de l'occupant lors de la dernières guerre et parce que le bouquin prône un certain retour à la terre et refus de la modernité est un peu brutal. Pour ce qui est du comportement de l'auteur, ma foi, il fallait bien qu'il vive, et je crois que bien rares sont les artistes et journalistes qui choisirent à l'époque de ne plus travailler pour ne pas travailler sous les auspices de l'occupant, mais je ne suis pas persuadé que ça fasse de chacun de ceux qui travaillait des nazis ... Comme le disait, je crois, Arletty, à qui l'on faisait le même genre de reproche : "Mon cœur est français, mais mon cul est international !". Non, dans le genre anti-sémite et un peu trop sévèrement à droite, il y en eut d'autres, et des plus gratinés, personne pourtant ne cherche plus à ôter de son piédestal monsieur Hergé. Oui mais il y a le contenu du bouquin, oui mais je ne suis pas d'accord non plus avec cet argument là : ce bouquin est tout à fait conforme à ce qu'on a nommé en France la littérature d'anticipation après Jules Verne et avant que Vian ne traduise Van Vogt : c'est noir, sombre, emplis de désillusions quant à la race humaine, et en règle générale aussi gai qu'une chanson de Cohen. Et Ravage est tout à fait à sa place, dans ses thèmes, dans les idées développées, quelque part entre Rosny ainé et Michel Jeury ... Voilà, c'est tout ce que j'en avais à dire pour le moment.

La prochaine fois, je vous parlerai de mon ménage.

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