Métaphore

Il fait froid dehors

Archives juillet 2020

Alwijn 2020

Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais j’ai eu un groupe, entre 2002 et 2012. Il s’appelait Alwijn et c’était ce qu’il était convenu d’appeler un groupe tribute, puisque le répertoire était constitué à peu près intégralement de morceaux de Pink Floyd.

Des groupes qui font ça, il y a a treize à la douzaine; Le notre avait quelques petites particularités : déjà, nous ne jouions rien d’après 1973. L’idée, c’était de reproduire l’expérience des concerts de Pink Floyd de la période 1968/1972, l’époque où ils passaient leur temps à improviser sur scène. Du coup, c’est exactement ce que nous faisions : les morceaux étaient traités comme des canevas de base, mais n’étaient jamais joués deux fois de la même manière. Nous ne savions pas en commençant un morceau s’il allait durer cinq, douze ou trente-cinq minutes, c’était selon l’inspiration du jour.

Une autre particularité, c’est que là où beaucoup de groupes tribute s’attachent à reproduire leur modèle le plus fidèlement possible, le notre prenait énormément de libertés. Il y avait forcément une certaine fidélité au modèle puisque le guitariste et moi (le bassiste) sommes d’énormes fans et que décortiquer les morceaux de Pink floyd a été pour lui comme pour moi une part énorme de notre apprentissage de la musique. Par contre, la connaissance qu’en avait notre batteur se limitait à “Learning To Fly” (mais on s’en foutait, c’était notre copain), et le claviériste qui nous a rejoint plus tard avait peut-être déjà entendu “Another Brick in the Wall” (mais il s’en foutait, ça lui semblait bizarre, et il aime bien la musique bizarre).

Le plus important, c'est d'être pas mort

Ceci est donc devenu l’endroit où je viens poser quelques mots, une fois tous les quelques mois, pour vous rassurer sur le fait qu’il me reste quelque vie. Je n’ose pas tellement laisser passer un anniversaire sans vous tenir un peu au courant (oui, ce blog a aujourd’hui 21 ans !)

Quelles sont donc les nouvelles ? Il y en a peu : je ne suis pas vraiment sorti du confinement, là où je bosse, on préfère ne pas prendre de risques, et pour le moment, on en est à “si vous devez absolument venir travailler sur place, vous pouvez, mais on doit s’organiser pour qu’il n’y ai pas trop de personnes en même temps. Donc dans la mesure du possible, continuez à privilégier le télétravail.” Je suis donc chez moi depuis mi-mars, j’ai deux sorties à mon actif sur les quinze derniers jours. Ceci mis à part, je ne mets le nez dehors que pour aller au ravitaillement.

Et vous savez quoi ? Je fais partie des gens qui le vivent très bien (ce qui n’étonne pas grand monde). Ne pas avoir à socialiser, ne pas entendre le son de ma voix pendant plusieurs semaines, c’est extrêmement reposant pour moi. Je conçois que ça puisse être difficile pour certains, mais je ne fais pas partie de ces certains. Le bon timing, pour moi, ça a été que mon coloc déménage une semaine avant le confinement. Non pas que la colocation se soit mal passée, elle m’a apporté beaucoup de choses et je suis heureux que ça se soit fait, mais même avec vingt ans d’amitié, la cohabitation 24h/24 dans un petit appartement aurait sans doute mis nos nerfs à rude épreuve, et la séparation juste avant qu’on manque d’air pour respirer l’un est l’autre était la meilleure chose qui puisse nous arriver pour les vingts ans d’amitié à venir.

J’ai énormément apprécié pendant un peu plus d’une année d’avoir un colocataire qui s’occupait beaucoup de la vie quotidienne et de certaines démarches, j’en avais besoin pour trouver un peu le temps de me poser de nouveau après les dernières épreuves. Tout comme j’avais aussi besoin de ce temps passé seul après ces mois passés à n’avoir d’autre énergie sociale que celle que je devais déployer parce que je vivais avec quelqu’un. Peut-être que dans pas longtemps, je serai prêt à me lancer dans d’autres aventures, ça risque d’être drôle.

Voilà où j’en suis. Est-ce que je vais bien ? Je ne sais pas, je sens bien que la dépression ne s’est pas forcément encore beaucoup éloignée : la tristesse est rarement présente au quotidien, l’ennui m’ennuie rarement, et j’ai dépassé le stade de la dépréciation personnelle permanente : je suis plutôt bien dans mes pompes. C’est plutôt positif, mais l’absence d’envie et d’espoir en l’avenir me font bien comprendre que tout n’est pas encore gagné. Disons que j’utilise cette compréhension pour essayer de me convaincre qu’il ne s’agit peut-être pas d’un état structurel, mais bien d’une dépression qui, c’est normal, met du temps à guérir.

Je ne suis pas contre l’idée de m’amuser. Et ça, c’est bien.