chat balance pas mal
Par Petits bonheurs - Lien permanent
Je ne suis pas trop du genre à balancer telles quelles des choses trouvées ici ou là, mais chat, ch'est que du bonheur. :)
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Je ne suis pas trop du genre à balancer telles quelles des choses trouvées ici ou là, mais chat, ch'est que du bonheur. :)
Commentaires
Uh uh, t'as envie de te faire taper dessus par Laurent, toi... :-D
Les chats sont des branleurs, des grosses feignasses, des bestioles arrogantes et égocentrées, et donc, des mélomanes (j'en avais un qui adorait Pink Floyd, d'ailleurs, quand j'étais jeune. Le meilleur moyen de le voir rappliquer dans le salon, c'était de glisser Wish you were here dans le lecteur).
Autant de raisons de les aimer, donc.
"Des branleurs, des grosses feignasses, des bestioles arrogantes et égocentrées"... Oui, nous sommes bien d'accord, et qui se ressemble, s'assemble...
Je n'en disconviens point.
C'est d'ailleurs gentil de passer du temps avec nous, Laurent...
Comme quoi le piano c'est façile, beaucoup plus difficile à faire avec un violon ou une guitare ce genre de trucs.
Le chat qui écoutait du jazz.
C’est pas pour dire mais j’avais la belle vie. Toujours à me prélasser sur les coussins des fauteuils et sur ceux du canapé du salon. J’ouvrais vaguement un oeil quand un bruit arrivait jusqu’à moi, ou plutôt quand il traversait l’épaisseur de coton qui semblait me capitonner l’esprit. Les heures où je ne dormais pas, je faisais ma toilette, au soleil en été, près du feu en hiver. Je regardais vivre ceux qui m’entouraient. Je les aimais bien. Parmi ceux qui venaient nous rendre visite, tout le monde ne me plaisait pas, loin s’en faut. Pour moi, les gens de passage étaient des gêneurs, des empêcheurs d’être heureux ensemble.
Quand le temps le permettait, j’allais dehors pour peu qu’une porte entr’ouverte m’ait laissé passer. Les jours allaient ainsi. Je vivais là, sans rien faire, on me nourrissait, on me caressait, je faisais ce que je voulais, aucune contrainte, la liberté, vraiment, la belle vie.
Dans le salon où se trouvait le siège sur lequel je passais le plus clair de mon temps, il y avait un appareil qui faisait du bruit quand on s’en occupait. Celui qui y touchait le plus, c’était Lui. Lui, c’était celui qui vivait ici avec Elle. Ils étaient le plus souvent à deux, les Autres étaient partis. On en revoyait de temps en temps mais jamais pour bien longtemps. Lui, quand il touchait à la machine qui faisait du bruit, au début, ça me faisait peur. Je me souviens, la première fois. Le bruit m’avait réveillé, je n’avais pas entendu qu’Il était là, à côté de moi, je dormais profondément. Le son qui était sorti de la machine m’avait véritablement écorché les oreilles. Je me suis sauvé et réfugié sous la table, les yeux hagards, me demandant si j’allais pouvoir supporter longtemps cette torture, si je n’allais pas devoir aller dormir ailleurs… Et puis je me suis habitué à ce bruit, certains jours il me semblait même agréable. Il faut dire que ce n’était pas toujours la même chose. La révélation fut pour moi, un soir de février, Il avait cherché longtemps dans les rayons du meuble où se trouvait l’appareil qui faisait du bruit. Je l’observais, il retournait des petites boîtes contenant des disques métallisés ou alors des grands cartons desquels Il sortait des grands disques noirs et tout à coup Il parut satisfait, je crois qu’il avait trouvé ce qu’il cherchait. Un instant plus tard, mes oreilles s’étaient emplies d’une musique comme je n’en avais jamais entendu. Je l’ai regardé, il m’a caressé entre les oreilles et m’a dit : « Il est chouette le Duke, hein mon chat ! » Je crois bien qu’on s’est compris. Souvent, Il me remettait cette musique. J’avais toujours autant de plaisir à l’entendre. C’était plus une ambiance qu’une musique. Quand j’y repense, j’en suis encore tout retourné et les poils de ma moustache en tremblent. On était deux à écouter, et je suis sûr qu’on ressentait la même chose. La musique m’avait fait perdre le goût de la chasse, je n’avais jamais été très chasseur, les souris et les loirs ne me dérangeaient pas vraiment. J’en avais bien tué quelques uns au début mais cela faisait longtemps que je ne m’intéressait plus à eux. La musique avait pris en moi la place de toutes les passions. J’ai vécu longtemps avec Eux, j’en ai écouté des morceaux de jazz. Duke bien sûr, celui qu’il préférait et qui m’avait ouvert les oreilles. Le saxo de Coleman Hawkins, celui de Lester Young ou de Johnny Hodges qui me faisaient l’effet du velours dans les oreilles mais aussi le piano d’Eroll Garner, celui de Count Basie, de Michel Petrucciani ou de Scott Joplin, la clarinette de Benny Goodman, celle de Barney Bigard, l’orgue d’Eddy Lewiss, de Beny Bennet, la trompette de Miles Davis, celle de Chet Baker, Louis Armstrong de Wynton Marsalis… qu’est-ce que je me suis régalé. Des soirées entières allongé sur canapé à me laisser transporter en rêve… Un jour de juin, par grosse chaleur, j’ai quitté cette terre, une sale histoire de respiration qui m’a valu de mourir un après-midi sur leur lit, là où j’avais passé tant de nuits à râler contre les mouvements de ceux qui dormaient avec moi, quand l’un d’eux se retournait. Je suis parti, avec dans les oreilles et dans la tête ce que le monde des hommes noirs avait fait de mieux.
Louis.
mouaif, il a plutôt l'air de s'ennuyer ce chat... et il a surtout l'air de s'en ficher pas mal de la musique, il doit même pas capter que c'est ça qui fait le bruit, il a juste l'air de s'amuser (et encore) avec les touches qui bougent et sont douces...
signé : une autre adhérente du CCC...
> Louis : Juste un petit message pour te dire que j'apprécie beaucoup ton texte. J'aime bien ce genre de petites nouvelles. Merci ...
Et merci, bien sûr, à Xave pour ce chat pianiste à ses heures ...
Marie