Métaphore

Non, vraiment, je n'en sais rien.

Je joue de la basse, depuis un bout de temps. Moins en ce moment, mais quand même. J'ai des basses, plusieurs.

Et en ce moment, alors même que je n'ai plus de groupe, j'ai envie d'en racheter une. Plus exactement, j'ai envie d'en racheter deux, mais il va bien falloir que je choisisse. Alors bon : une Precision ou une Jazz ?

Oui, on va me dire : il y a douze mille autres modèles. Sauf que je m'en fous, moi. J'aime le rock, le bon vieux. Et bizarrement, les trois quarts de ce que j'écoute, ça se joue avec une Fender. Passive.

Notons qu'en basse, je suis extrêmement limité, en tous cas, c'est comme ça que je le perçois la plupart du temps. D'un autre côté, on m'a fait pas mal de compliments. Donc de deux choses l'une : soit j'ai attaqué la basse comme pas mal d'autres chose, à savoir de façon très personnelle ce qui permet de faire des choses par focément facile à comprendre pour qui n'est pas moi, ce qui me permet de faire illusion. Soit j'ai un effectivement un niveau non nul.

Et il s'agit d'une vraie interrogation : s'il arrive parfois qu'en réécoutant des enregistrements j'apprécie certaines phrases du bassiste quand j'oublie que c'est moi (j'ai appris à jouer de la basse comme j'aime que la basse soit jouée, c'est déjà ça), quand je joue, je me retrouve en permanence en face de mes limites^[1].

Donc pendant que je joue, j'ai l'impression d'être bloqué, d'être limité et je suis frustré en permanence. Sauf une fois : Le soir de ce qui aurait dû être notre dernier concert (et qui l'a été, sauf un chant du signe des années plus tard), nous étions déchaînés : sachant que c'était la dernière fois que nous jouions ensemble, nous nous sommes lâchés. Tellement que pour à peu près la seule fois de ma vie, j'ai joué en me disant que je m'en sortais vraiment pas si mal.

J'ai toujours mis ça sur l'excitation de la soirée, en oubliant un détail : ce soir-là, j'avais dû jouer sur une basse qui n'était pas la mienne, une Precision. Il y a quelques mois, j'ai joué sur une Jazz, et je me suis rendu compte que bordel, ça n'est pas innocent. Le manche, la maniabilité, c'est du bonheur en barre (étrangement, je n'ai pratiquement jamais touché une Fender depuis que je joue de la basse.)

Aujourd'hui, voilà, je dilemme : Precision ? Jazz ? Celle sur laquelle je m'étais éclaté, c'était une Precision. Pink Floyd, ça a toujours été une Precision. La Precision, c'est le rock.

En même temps, la Jazz, c'est plus polyvalent. La Jazz a une silhouette que je préfère. Celle sur laquelle je me suis rendu compte que j'aimais poser les mains sur une Fender, c'était une Jazz. En en même temps, même si pour ce que je veux faire, une Precision serait sans doute mieux adaptée, j'ai envie d'une Jazz. C'est grave, docteur ? Je fais quoi ?^[2]